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Demandez à n’importe quel accrédité de citer le CV de Doug Liman, tous dégaineront Mr & Mrs Smith mais oublieront qu’il est aussi le réalisateur de La mémoire dans la peau. Curieusement son nouveau film voudrait être à la jonction des deux précédent. Fair Game mise effectivement sur deux tableaux : d’un côté, comment une espionne de la CIA qui tient à son quotidien pépère de mère de famille se fait outer par l’administration Bush, de l’autre, un pseudo-thriller à suspense autour des fameuses armes de destruction massives en Irak. Ce n’est rien de dire que Fair Game est figé le cul entre deux chaises. Liman zigzague à vue, entre drame conjugual et théorie du complot autour de cette femme mi-Mata-Hari, mi-Desperate housewife et de son sénateur de mari. Un grand écart qui contamine tout le film, quand personne n’a l’air de vouloir faire le même, particulièrement Sean Penn et Naomi Watts, chacun jouant dans son coin sur des partitions différentes. Difficile dans ces conditions de s’identifier, ou simplement s’attacher à ce couple d’américains trahi à cause de leur amour de la vérité. Pire, Fair Game a contre lui- tout comme le récent Green zone de Paul Greengrass - d’arriver après la bataille. Il n’est un secret pour personne depuis longtemps que cette histoire d’armes de destruction massive était un énorme flan monté par la Maison Blanche. On pourra toujours objecter que certaines vérités sont toujours bonnes à rappeler, jusqu’au moment ou l’on s’aperçoit que Liman se raccroche aux branches, avec un film dont on ne sait jamais s’il veut dire que l’Amérique regorge de gens formidables ou d’immondes salauds. Que les règles du jeu de la démocratie de son pays soient désormais truquées, on n’en doutait pas, que Fair Game marque le score avec un film en guise de match nul, au sens propre du terme, sidère. A.M