Toutes les critiques de The Beta Test

Les critiques de Première

  1. Première
    par François Léger

    Intronisé sauveur du cinéma indépendant américain après le coup d’éclat Thunder Road en 2018, Jim Cummings était tristement passé par la case direct-to-DVD fin 2020, avec la pourtant très sympathique comédie d’horreur The Wolf of Snow Hollow. Anomalie de l’industrie, Cummings revient par la grande porte pour se payer le nid à frelons hollywoodien. Le constat de The Beta Test ? Loin des grandes promesses faites l’air grave et la main sur le coeur au moment de #MeToo et de la chute d’Harvey Weinstein, rien n’a changé - ou si peu. L’esprit du mogul règne encore en maître et s’incarne ici à travers le sourire carnassier ultra white (et ultra fake) de Cummings, qui se glisse dans la peau d’un agent à succès cramé et au bord du burn out. À quelques semaines de son mariage, il reçoit une lettre anonyme l’invitant à un mystérieux rendez-vous sexuel dans une chambre d’hôtel… L’acteur-réalisateur signe un thriller comique en surrégime et légèrement surexposé, comme pour mieux faire la lumière sur un milieu toujours aussi détraqué par ses penchants sexistes et sexuels. Un film à faux suspense (sa grande limite), poilant et zarbi, sous influence lyncho-ellisienne, où les pulsions de domination régissent un système intenable. Los Angeles filmée comme une industrie du cauchemar ? Bien sûr qu’on a déjà vu ça mille fois ailleurs. Mais Cummings, singulier dans son regard et sa mise en scène, questionne aussi - surtout ? - l’individualité et la possibilité d’exister en dehors du regard de l’autre.