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Comme ceux qu’elle filme, Leïla Kilani se retrouve face à une réalité lacunaire avec laquelle elle compose intelligemment, en se concentrant sur la parole de quelques familles. Le pouvoir d’évocation des mots aurait pu être plus fort que cela si le montage avait été moins découpé, les prises de vues plus radicales ; il reste néanmoins percutant, pas si impuissant que cela face à l’absence de traces.
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Ce film introduit, à travers la parole et la conscience meurtries des familles, un contrepoint malséant : l'idée de l'irréparabilité des crimes commis. Par l'écoute de cette parole dans ce qu'elle a de non justifiable, et par l'absence des corps à laquelle elle ne cesse de renvoyer, Leïla Kilani entend se confronter à la grande question cinématographique inaugurée par les désastres du siècle passé : comment incarner ce que la barbarie a effacé de la surface de la terre ?