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Pour son premier film, l’ex professeur Matan Yair s’est intéressé à un sujet rarement abordé dans le très foisonnant cinéma israélien : les délaissés du système scolaire, ces ados issus des classes défavorisées, englués dans leurs problèmes de comportement qui finissent leur lycée sans avoir appris quoi que ce soit de l’école. Leur seule chance : intégrer une petite entreprise familiale. Asher est de ceux-là. Impulsif, presque illettré et plus porté à ouvrir sa gueule qu’un livre de classe, il canalise son énergie en aidant son père dans son business d’échafaudages. Son avenir est tout tracé. La rencontre avec un professeur de littérature va remettre en question ses certitudes. Pour autant, juste quand on pense que le film va devenir un de ces récits mettant en valeur les vertus de l’enseignant bienveillant, Matan Yair cueille le spectateur et fait basculer son héros dans une quête désespérée, une réflexion sur la perte et la frustration. On sent l’influence de Ken Loach ou des Frères Dardenne. Filmé et écrit dans une veine très réaliste, interprété brillamment par des non professionnels aux trajectoires très similaires à celles de leurs personnages, Les destinées d’Asher est un film qui vous prend aux tripes. Particulièrement dans les scènes qui dévoilent une relation père-fils plus complexe qu’il n’y paraît. Et l’échafaudage si méticuleusement fabriqué apparaît comme le synonyme d’une existence dont l’équilibre peut se rompre à la moindre erreur.