Toutes les critiques de L'étrange histoire de Benjamin Button

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Au beau milieu du dernier film de David Fincher, Brad Pitt s’approche sur sa moto, passe devant l’objectif et s’éloigne. C’est le moment précis où son personnage, Benjamin Button, a l’âge de ses artères. Auparavant, il était plus vieux. Après, il rajeunit. De cette hypothèse empruntée à une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald, David Fincher a tiré son film le plus hollywoodien et le plus expérimental. Fincher, qui est tout sauf sentimental, réussit à émouvoir aux moments où l’on ne s’y attend pas, procédant par touches quasi subliminales si nombreuses qu’une seule vision ne suffit pas à les apprécier toutes. C’est aussi avec une virtuosité discrète qu’il réalise sur ses interprètes des effets de rajeunissement et de vieillissement indétectables et reconstitue les objets et les décors de près d’un siècle d’histoire. Le tout ne dépasse pas 2 h 35. Une performance pour résumer toute une vie.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    Fincher fait de L'étrange histoire de Benjamin Button un grand film de presque 3 heures, majestueux et baroque, assez vaste pour que coexistent les audaces numériques les plus folles et les plus désuets des rêves du cinéma muet, assez intime pour accueillir une histoire d'amour.

  2. Télérama
    par Louis Guichard

    Benjamin Button, ce n'est pas le mythe de l'éternelle jeunesse. La sophistication surréaliste de l'argument débouche sur l'expérience toute familière de l'éphémère et de la perte. Et voilà comment un blockbuster high-tech réussit à faire jaillir, tel un grand mélodrame, la mélancolie déchirante des adieux. La nouvelle de Francis Scott Fitzgerald ne semble avoir attendu des décennies dans les cartons des majors que pour mieux inspirer aujourd'hui cette majestueuse épopée.

  3. Le JDD
    par Danielle Attali

    Benjamin Button est le genre de film que seul Hollywood peut et sait faire. Un challenge scénaristique qui a inspiré à David Fincher un film brillamment réalisé. Et qui dépasse la simple distraction. Le réalisateur de Seven, Zodiac ou encore Fight Club signe un drame romantico-mélancolique, mené par des acteurs toujours justes qui ne versent jamais dans le pathos.

  4. Elle
    par Françoise Delbecq

    Les effets spéciaux incroyables n'enlèvent rien à la performance de l'acteur. Brad Pitt est sidérant de justesse du début à la fin. Plus qu'une épopée dans le temps, un voyage passionnant au coeur des sentiments.

  5. Télé 7 jours
    par Viviane PESCHEUX

    (...) Fincher semble moins soucieux de traiter une histoire sur la différence et la solitude, que submergé par son désir obsédant d'images. De fait, sa photo est superbe. Mais il dilue trop son intrigue.

  6. Fluctuat

    Grande fresque romanesque et romantique, L'étrange histoire de Benjamin Button est un condensé de l'oeuvre de David Fincher. Une oeuvre sublime à l'allure d'une nature morte où tout tient dans la forme d'une boucle.En 1993, un an après Alien 3 et deux ans avant Seven, David Fincher réalise pour Madonna le clip de Bad Girl. Les premières images de la vidéo montrent une scène de crime dans une maison de ville typiquement américaine. A l'intérieur, la pop star est étendue sur un lit, morte. Dehors, Christopher Walken, sur une grue de cinéma, observe la scène et sort une montre à gousset qu'il remonte en arrière. Un gros plan montre alors les aiguilles partir en sens inverse, puis le clip retourne dans le passé afin de montrer les évènements qui ont mené Madonna jusqu'à la mort. La vidéo se conclut là où elle a commencé, sur la scène de crime. Le fantôme de Madonna accompagnant désormais Walken sur la grue qui s'élève vers le ciel. Construit comme une boucle, le clip part de la fin pour aller vers la fin. Pas avec cet artifice narratif usé consistant à montrer un bout du final pour créer un suspense facile et malhonnête. Non, ce faux retour dans le temps, où la fin est le point de départ et la conclusion, c'est déjà tout le cinéma de David Fincher. Et ce clip, le bréviaire ou une prémonition de L'étrange histoire de Benjamin Button, son dernier film, peut-être le plus beau, certainement le plus personnel. Un film dont on se souvient comme d'un songe aux images embrumées, noyées dans les eaux troubles du temps ou parasitées par les filtres de la mémoire.Récit extraordinaire d'un homme étrange[mediabox  id_media="48804" align="right" width="250" height="321"][/mediabox]Revoir aujourd'hui Bad Girl permet de mieux situer l'oeuvre d'un auteur qui jusqu'à Zodiac avait laissé de marbre une partie d'entre nous. Celui qu'on jugeait clinquant et prétentieux, a converti même les plus anti-fincheriens avec la force tranquille et époustouflante de ce thriller mystérieusement limpide. Mais Benjamin Button risque à nouveau de diviser. Adapté d'une nouvelle de francis scott Fitzgerald, le film s'ouvre sur une femme mourante dans un hôpital de la Nouvelle Orléans. Alors que dehors l'ouragan Katrina menace de s'abattre, elle invite sa fille à lire le journal d'un homme qu'elle a connu durant sa jeunesse, Benjamin Button, né avec la particularité de suivre le cycle inversé de la vie, de la vieillesse à l'enfance.Après une brève amorce sur une histoire parallèle reprenant le motif de l'horloge vu dans Bad Girl, le film navigue entre le récit extraordinaire de cet homme étrange et l'hôpital où nous comprendrons vite que cette femme, et cette fille, ne sont pas étrangères à Button. On passe du présent au passé, au rythme d'une narration suivant les grandes étapes de ce héros né bébé mais avec le visage d'un homme de 80 ans. Le ton est d'emblée celui d'une fresque romanesque puissante et naïve, étrangement contenue, presque en sommeil. Le style est ample, post-maniériste, sans tour de force, voué à fabriquer une esthétique cohérente et harmonieuse.Beauté naïve Benjamin Button est bâti comme un résumé de son personnage, que Brad Pitt interprète avec un subtil jeu en retrait et par un procédé intégrant son visage à quasi tous les âges possibles. Son récit est à la fois compact et dilué, se focalisant sur des moments significatifs ou plus anecdotiques - si on pense à Forrest Gump, signé du même scénariste, on est plus proche de L'Homme sans âge. Tous ces instants composent un kaléidoscope, les extraits d'une existence insolite et banale, les bribes d'un journal qu'on écoute et regarde comme une histoire lue au coin du feu. Les pièces du récit, chronologiques, s'enchaînant avec un effet continu de cristallisation, tels les passages clés d'une vie brillant d'une intensité définitive et irréelle.Entre rêve et livre illustré, on suit fasciné ce personnage traversant le siècle passé. Mais de l'Histoire, nous ne saurons ni ne verrons presque rien. Button est au-delà, son destin à part le plongeant dans un émerveillement perpétuel mais décalé qui le situe hors du temps. L'effet produit par la densité de la mise en scène et un scénario aux facettes ciselées, ne cesse alors d'en souligner avec une grâce aérienne et dangereuse la splendeur tragique. Au risque de l'excès ou du tape à l'oeil, le film répond par un renversement permanent : il n'est pas superficiel ou boursouflé mais transparent et presque épuré, éclairé d'une beauté naïve à l'image de son personnage au regard toujours neuf.L'éternel retour au zéro Récit cristallin à la splendeur d'une nature morte, Benjamin Button se déploie avec une fluidité à l'élégance soutenue. Fincher optant pour une esthétique faite de chromos saturés fixés par une laque aux reflets mordorés. L'image évite ainsi l'esthétique de brocanteur, pour créer une gamme de teintes où l'huile semble remplacer la lumière. Car il y a quelque chose de pictural dans Benjamin Button, jusque dans la fermeture du récit qui comme Bad Girl prend la forme d'une boucle. L'éternel retour au zéro, où durant l'intervalle une vie est passée, demeurant l'obsession de Fincher, sa vision de l'infini des possibles : c'est le zéro infini, évoqué ici littéralement dans un dialogue. Et nul autre personnage que Button ne l'a mieux montré. Au fil d'une grande fresque romantique illuminée par un amour impossible (pour Cate Blanchett, la femme sur le lit d'hôpital), il devient spectateur de la vie et du monde. Qu'il traverse inlassablement, sans s'installer, étranger du quotidien et au bonheur familial, son regret et sa chance. Pour Fincher, le cycle inéluctable des choses illustre ici l'absurdité de l'existence. Face à ce vide, le destin de Button forme un cercle où les rencontres sont les points essentiels et divergents d'une vie en constante découverte. Quand son corps, éternellement en différé, révèle la tragédie des apparences pour mieux fixer dans un éther intemporel la beauté des sentiments. Sublime.L'étrange histoire de Benjamin ButtonDe David FincherAvec : Brad Pitt, Cate Blanchett, Tilda SwintonSortie en salles le 4 février 2009 Illus. © Warner Bros. France- Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils cinéma fantastique, réalisateur, oscars sur le blog cinéma- David Fincher sur Flu : lire les critiques de Fight Club (1999) et Zodiac (2007)