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Comme un puzzle, la vue d’ensemble d’Eureka ne peut fonctionner sans toutes ses pièces. Trois pour être exact, totalement disparates mais qui n’ont de sens que lorsqu'elles sont imbriquées les unes aux autres. D'abord, un western hollywoodien en noir et blanc bourré d'archétypes, où Viggo Mortensen parcourt une vallée désertique dans la peau d’un cow-boy d’une époque révolue. Le dernier acte, lui, nous emmène dans l’Amazonie des années 1970 à la rencontre des Indiens qui vivent dans l'immensité de cette forêt à l’atmosphère étouffante. Et au centre, se trouve le chapitre essentiel à la compréhension des deux autres. Son histoire suit, de nos jours, la patrouille de nuit d'une policière sur les routes enneigées d'une réserve indienne reculée des États-Unis. Entre précarité et détresse psychologique des natifs nord-américains, cette femme apathique nous emmène à la rencontre d’un peuple désemparé qui a été coupé de ses traditions et laissé à l’abandon. Par des scènes d’une longueur presque déroutante et une narration étirée, le spectateur est embarqué, comme hypnotisé, dans un rêve qui n’est pas le sien. Complexe et audacieux dans sa structure, amer et tragique dans son sujet, ce sixième long métrage d’Alonso (La Libertad, Jauja) s’adresse à ceux qui auront la patience de lire entre les lignes, de relier les occurrences, pour finalement participer à l’assemblage final et crier « eurêka ! ». Le résultat ? Une œuvre collective, d'une beauté saisissante.