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Le résultat est à la hauteur, jamais voyeur, sensationnaliste ou misérabiliste? Étrange et fascinant au contraire. Touchant aussi, et passionnant dans sa manière de remettre en cause par la seule force du témoignage et du cinéma, nos à priori sr les codes sociaux, les genre, l'identité ou la sexualité.
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Les critiques de Première
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Chantal Poupaud ne cherche pas d’explication, n’impose aucun commentaire à ses images, laisse libre le travesti de s’exprimer comme il l’entend, le spectateur de penser ce qu’il pense, même si certains de ces hommes tentent des interprétations, évoquent une passion qui remonterait et qui les ramènerait à l’enfance, à leur mère. Ils y trouvent une sérénité, un contraste, un calme dans ce qui tranche avec leur métier “si masculin”. Dans le film, ils sont seuls face à un miroir et s’attellent à leur passe-temps en obéissant à un rituel qui semble inamovible, donc intemporel. Comme si leur plaisir se trouvait autant dans l’oubli du monde qui gronde à l’extérieur, dans la perte de repères temporels, que dans le fait de devenir autre. Un petit théâtre qui les isolerait du réel, comme les comédiens d’une pièce qui se joue sans texte, sans partenaire, sans spectateur.
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Avec tendresse, avec humour aussi, la réalisatrice nous fait découvrir un monde très cloisonné, secret. Au fond, ils sont touchants, les crossdressers.
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(...) voilà un drôle de film mystérieux et songeur, une vraie « secret story », pas comme celle de TF1. Avec une question latente : ces hommes, des notables, qui se retrouvent chaque mois ou chaque semaine dans la peau d'une femme, prouvent-ils l'inanité de conventions vestimentaires, capillaires, cosmétiques en vigueur depuis la nuit des temps ? Ou bien, en prisant l'ultraféminité, sont-ils les gardiens de la vieille et stricte séparation hommes-femmes ?
Chantal Poupaud ne les suit jamais, et c'est un peu frustrant, dans la rue, dans les magasins ou au restaurant - où ils vont pourtant. Le film en paraît d'autant plus insulaire, presque abstrait. -
Alors que le champ du transgenre, l'infinité de nuances et des combinaisons qui le caractérisent, devraient naturellement écarter cet écueil, c'est une des limites du film.
L'autre tient au dispositif qui, malgré son caractère sensuel, laisse le spectateur un peu sur sa faim, frustré de ne pas suivre ces personnages aux personnalités si fortes dans le monde, hors de leur cocon de transformation. -
De façon plus problématique, cette absence totale de « signature » du documentaire contribue à laisser dans l’ombre - et parfois un poil pour le confort du témoin - les sujets qui sembleraient concerner au premier plan le thème du travestissement : le regard des autres, la gestion psychologique et physique, la sexualité... A un tel niveau de distance, on en vient à se demander ce qui motive le choix de ce sujet, plutôt qu’un autre, et on en retire une leçon filmique : la présence d’une caméra et le témoignage de personnalités véritables, tissées de chair, d’os et de parcours personnels, ne suffisent pas pour créer un cinéma du réel.