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Wolfman : avant Sicario, la première rencontre entre Benicio del Toro et Emily Blunt

Leurs retrouvailles explosives à l'affiche de Sicario, en salles depuis ce mercredi, portent le film de Denis Villeneuve à des hauteurs inespérés pour en faire l'une des expériences cinématographiques les plus intenses de 2015. Mais avant cela, Benicio del Toro et Emily Blunt avaient déjà partagé l'affiche de Wolfman de Joe Johnston, sorti en salles en 2010 et diffusé ce soir sur RTL9.Wolfman est le remake du Loup-garou, film de 1941 signé George Waggner, sorti en plein âge d'or des Universal Monsters, les films de monstres dans lesquels s'était spécialisée la major. La créature était incarnée par Lon Chaney Jr., fils de la légende du cinéma muet Lon Chaney (Bela Lugosi y jouait également un gitan), rôle que reprend ici Benicio del Toro, venu apporter son magnétisme animal au personnage.Si sur le papier tout était réuni pour que Wolfman connaisse le même succès que l'original, il n'en fut rien. Le film fuit un cuisant échec, l'un des plus spectaculaires de son époque, pas toujours épargné par la critique qui plus est malgré ses qualités. Alors que Sicario fait les gros titres actuellement, retour sur le flop spectaculaire que fut la première collaboration entre les deux stars du film de Denis Villeneuve.Il a fallu en tout quatre années pour que Wolfman se mette en place. Annoncé en 2006, le projet est initié en partie par Del Toro lui-même, fan de la première heure du Loup-garou original de 1941. Les premières ébauches de scénario paraissent dans la foulée sous la plume d'Andrew Kevin Walker (scénariste entre autres de Se7en), tandis qu'en février 2007, le cinéaste Mark Romanek s'engage sur le projet.Le projet va alors stagner pendant plus d'un an sans réellement avancer, si bien qu'en janvier 2008, Mark Romanek quitte le remake de Wolfman pour cause de différends créatifs. Après avoir sondé entre autres Brett Ratner, Frank Darabont ou James Mangold, Universal choisit finalement d'engager Joe Johnston, qui n'avait plus tourné depuis Hidalgo en 2004. Le script est alors en partie réécrit par David Self, scénariste des Sentiers de la perdition.Restait maintenant à donner forme au loup-garou qui sommeille en Lawrence Talbot et pour l'occasion, le film frappa un grand coup en s'attachant les services d'une légende du genre, Rick Baker, chef maquilleur entre autres de la saga Star Wars. Fan absolu du film original, Baker était déjà qui plus est parfaitement formé à ce type de créatures puisque c'est à lui que l'on doit les costumes du Loup-garou de Londres de John Landis (qui lui valut le tout premier Oscar du meilleur maquillage en 1981), mais aussi celui de Michael Jackson dans le clip de Thriller. Très fidèle au design du loup-garou interprété par Lon Chaney Jr., le costume du Wolfman prenait au moment du tournage trois heures de pose par jour pour Benicio del Toro. Quant au cri de la bête, il fut composé d'imitations animales, mais aussi de chanteurs de hard rock comme Gene Simmons (leader de KISS) et David Lee Roth (chanteur de Van Halen).Malgré cela, Wolfman fut victime de plusieurs problèmes de production. L'arrivée très tardive de Johnston sur le projet (à peine un mois avant le début du tournage), poussa le réalisateur à privilégier les effets numériques pour figurer la transformation de Talbot en loup-garou, au détriment des idées avancées à l'époque par Baker. Et surtout, Wolfman fut victime de nombreuses coupes : environ une demi-heure de contenu resta sur la table de montage pour réduire la version définitive à 103 minutes par souci d'efficacité.Un choix particulièrement critiqué au moment de la sortie du film et qui eut une incidence de taille puisqu'il conduisit à couper au montage Max von Sydow, que l'on peut cependant retrouver dans la version director's cut, où il incarne le vieil homme qui donne la canne au pommeau en forme de tête de loup-garou à Talbot. La bande-son du film fut également très affectée par les nombreuses coupes opérées au montage : la musique lente et lyrique de Danny Elfman ne collait en effet plus au rythme accéléré du film, poussant le studio à commander au compositeur Paul Haslinger un score plus électronique et moderne, qui fut finalement abandonné. La musique d'Elfman fut alors en partie réemployée, mais accommodée par des musiciens additionnels, dont Conrad Pope.Tous ces atermoiements se répercutèrent sur le budget du film, qui s'envola de 85 à environ 150 millions de dollars. À sa sortie en salles, le film divisa profondément la critique entre ceux sensibles aux propositions artistiques et atmosphériques du film, et ceux qui voyaient les stigmates d'une production chaotique. Attirant à peine 350.000 spectateurs en France, le film ne rapporta que 139 millions de dollars, faisant de Wolfman un gouffre financier. Pire, il y a quelques mois, le patron d'Universal, Ron Meyer, égratignait sévèrement le film : "L'un des pires films que l'on ait fait est Wolfman. C'est le genre de truc où quand on le découvre fini, on se dit : 'Mais qu'est-ce qu'on a foutu ?'. Ce film est nul. Le casting est affreux. Le réalisateur était mauvais. Benicio (Del Toro) puait. En fait, tout le projet puait". En guise de seule consolation, le film permit à Rick Baker de décrocher son septième Oscars du meilleur maquillage.L'histoire de Wolfman : Lawrence Talbot avait quitté le domaine familial il y a de nombreuses années, après la mort de sa mère. Il a longtemps erré à travers le monde avant de revenir en Angleterre à la demande pressante de Gwen, la fiancée de son frère, qui vient d'être tué par une mystérieuse créature. De retour à Blackmoor, Lawrence retrouve son père, qui le reçoit froidement, et apprend qu'un inspecteur de Scotland Yard, Aberline, est venu enquêter sur les agressions de cette insaisissable bête sauvage qui terrorise la région. Une nuit, alors qu'il se trouve dans un camp de gitans, Lawrence est témoin d'une attaque de la créature. Ignorant le danger, il se lance à sa poursuite... Wolfman est diffusé ce soir à 20h40 sur RTL9.