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Vous bossez donc pour Plan B, la boîte de production co-fondée par Brad Pitt. Vous ne produisez que ses films ?Ahah, non, on a co-produit Charlie et la Chocolaterie, Les Infiltrés, Les Vies privées de Pippa Lee... On produit les futurs Kick-Ass 2, et Twelve Years A Slave, le nouveau film de Steve McQueen, et le polar True Story avec James Franco. Et The Normal Heart, un téléfilm HBO sur les débuts de l'épidémie du SIDA à New York. Le point commun est de faire des films réalistes et vrais. Plan B est un studio très éclectique.C'est pour ça que vous avez choisi Marc Forster  pour World War Z ?Choisir Forster c'était aussi engager quelqu'un qui allait faire ressortir l'aspect global, mondial du film, ainsi que son réalisme.Comment vous travaillez avec Brad Pitt producteur et Brad Pitt acteur ?Ce sont deux personnes carrément différentes. Il arrive vraiment bien à différencier les deux jobs.  Il est inépuisable. Et ça fait dix ans que je bosse avec lui : depuis Troie en 2004, on a fait L'Assassinant de Jesse James par le lâche Robert Ford, Tree of Life, Cogan...Pourquoi avoir choisi le bouquin de Max Brooks ?D'abord parce qu'on l'a adoré. Ensuite c'était quelque chose qu'on n'avait jamais fait chez Plan B. C'est toujours intéressant de s'attaquer à un genre qu'on a jamais touché.On aurait pu craindre un film de genre en found footage, et à l'arrivée c'est un blockbuster...On a toujours pensé à faire un film raconté de façon classique. Faire un grand divertissement, quitte à bouleverser complètement la structure du livre. L'objectif n'était pas d'être fidèle à tout prix dans le détail, mais arriver à faire ressentir au spectateur les mêmes sensations que le lecteur une fois le roman fini. En tant que lectrice ce qui m'a marqué dans le livre c'est son réalisme. Mais aussi l'effroi qu'il provoquait. Et son côté mondial, global. Réalisme, peur et enjeu mondial : voilà les trois axes du film.L'originalité, pour un film de ce genre, c'est justement le côté global/worldwide.Oui, d'habitude les films de genre "épidémique" sont des huis-clos, ils sont très restreints en terme d'espace.Vous vous êtes inspirés de films de genre ? Vous êtes fan ?Euh... Disons que j'ai fait mon travail de recherches. (rires). Ce n'est pas un genre auquel je suis réceptive. Mais j'adore Vaudou (I Walked With A Zombie) de Jacques Tourneur, de 1943. Je me suis dit que tant qu'à faire mieux valait remonter aux racines du genre.C'est plutôt original comme référence, aujourd'hui on cite plutôt The Walking Dead... Qu'est-ce qui fait que le genre surive autant à travers les années ?C'est toujours une métaphore efficace. Le public peut coller n'importe quelle étiquette, donner n'importe quel sens à la catastrophe. C'est peut-être plus confortable.Le film est assez réaliste.Oui, car on parle d'une épidémie. Ca parle de notre peur d'être déraciné. Que la catastrophe peut frapper d'un coup, à vitesse grand V.Avec un tel sujet, comment garder le niveau PG13 (NDLR : "déconseillé aux moins de 13 ans", le classement standard pour un blockbuster tous publics aux USA) ?C'était le vrai défi du projet. On était persuadés que ce que l'on ne voit pas à l'écran fait plus peur que ce que l'on voit. C'est ce que Steven Spielberg avait fait avec Les Dents de la mer dès 1977 : combien de fois on voit le requin ? Il y a aussi la notion d'intensité. Il faut savoir mettre la pression sur une scène puis la relâcher.World War Z est plutôt optimiste : normalement en sortant d'un film de ce genre on se dit que l'humanité est foutue...Il montre les deux côtés des choses. Certains font des choses bien, d'autres des choses horribles.Interview Sylvestre Picard 10 papas qui sauvent le monde en vidéosPlus gros démarrage de Brad Pitt aux Etats-Unis, World War Z aura une suite