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Le lauréat (in extremis) de l’Oscar du meilleur film va être re-boosté par Mars Film en salles. Interview du distributeur français.

Erreur historique des Oscars : que s’est-il vraiment passé ?

Tout d’abord, à quel moment avez-vous repéré le film ?
Sur vision à Toronto, lors de la première mondiale en présence de beaucoup de distributeurs français. Suite à la projection, j’ai commencé à négocier avec le vendeur de la société de distribution-production A24 (créée en 2012, cette structure très dynamique a distribué et/ou produit Spring Breakers, Under the skin, The Rover, Ex Machina, Room, Green room, ndlr).

Quand un film a un potentiel Oscars, l’achète-t-on très cher ?
Evidemment plus cher qu’un film indépendant lambda et même un peu au-dessus du raisonnable. Le vendeur était en position de force dans la mesure où j’adorais le film et qu’il y avait pas mal de concurrents sur le coup. Je ne vous cache pas qu’il y a une petite montée d’adrénaline en attendant sa réponse ! Pendant la négociation et la décision d’acquisition, on sentait qu’il se passait un truc. Avec le recul, quand les événements s’enchaînent de façon aussi idyllique, on se rend compte que c’est une bonne acquisition. Mais le risque existait d’autant plus qu’il est plutôt rare d’acheter un film en septembre pour une sortie en février.

Parce que vous saviez que vous le sortiriez juste avant les Oscars ?
Bien sûr. On avait de sérieux espoirs de nominations aux Oscars en voyant que Variety et Screen s’enflammaient pour le film. Ça indique une tendance. Une fois cette certitude acquise, la date idéale pour ce genre de film, c’est après les nominations et avant la cérémonie, entre fin janvier et fin février –Moonlight est sorti le 1er février. On constate aujourd’hui que notre timing était bon mais on ne pouvait évidemment pas prévoir l’Oscar.

Pourquoi Moonlight a gagné l’Oscar

Comment allez-vous affiner votre mise en place en salles ?
On va passer de 146 copies à 348 demain.

Combien espérez-vous d’entrées au final ?
On est à 300 000 entrées en quatre semaines. Avec l’effet Oscar, ça peut monter à 450 000 entrées, en tout cas c’est mon souhait.

Quel était votre objectif initial ?
Au moment de l’acquisition, on visait 250 000 entrées.

Comment avez-vous vécu l’énorme fail des Oscars ?
En direct, devant la télévision. C’était un peu irréel. J’ai mis quelques secondes à comprendre. Il était évident pour tout le monde, en plus, que La La Land serait Meilleur Film après les Oscars d’Emma Stone et de Damien Chazelle. Je ne vous cache pas que le buzz mondial fait autour de cet incident devrait bénéficier à Moonlight. On devrait toucher un autre public, moins cinéphile et curieux de voir ce que c’est. Il faut savoir qu’actuellement l’offre en matière de films de ce type est un peu saturée, avec Jackie, Loving, Manchester by the Sea… Ils sont tous sortis sur une période d’un mois et demi. C’est dur pour chacun d’eux de faire le plein. Avec l’Oscar, ceux qui hésitent devraient, j’espère, se tourner vers Moonlight.

Critique de Moonlight