Abaca

Le réalisateur signe une lettre enflammée dans le dernier numéro d’Empire.

Steven Spielberg sort de son silence. Le cinéaste clame son amour pour l’expérience du cinéma en salle pour le magazine Empire dans une lettre pleine d’espoir et de passion. Pour Spielberg, les salles de cinéma sont un lieu de partage unique et essentiel qui permet de réunir des inconnus et de transcender les différences. Et c’est pourquoi selon lui les cinéphiles y reviendront en masse quand la situation sanitaire le permettra à nouveau. 

Une lettre à lire en écoutant un thème de John Williams : 


 

"Dans cette crise sanitaire actuelle, où les salles de cinémas sont fermées ou leur fréquentation drastiquement limitée en raison de la pandémie, j’ai toujours l’espoir, voire la certitude que le public reviendra voir des films quand ce sera sûr. Je me suis toujours dévoué à la communauté des gens qui vont au cinéma - aller au cinéma, au sens de sortir de chez soi pour se rendre dans une salle, et communauté au sens de ressentir un lien avec ceux qui ont également quitté leur domicile et sont assis à côté de nous. Dans une salle de cinéma, on regarde un film avec des proches, mais aussi en compagnie d’étrangers. C’est la magie que nous expérimentons quand nous allons voir un film, une pièce de théâtre, un concert ou un spectacle. On ne sait pas qui sont tous ces gens assis autour de nous, mais quand on a ri, pleuré, acclamé ou contemplé, et que les lumières se rallument et qu’on quitte nos sièges, les gens avec qui on retourne vers le vrai monde ne sont plus tout à fait des étrangers. Pendant quelques heures, on a partagé une expérience puissante. Ce court moment passé dans une salle n’efface pas les nombreuses choses qui nous séparent : race, classe, croyance, genre ou opinion politique. Mais notre pays et notre monde semblent moins divisés, moins fracturés après qu’une assemblée d’étrangers a ri, pleuré, sauté de son siège ensemble, tous au même moment. L’art nous demande d’être conscient du particulier et de l’universel, en même temps. Et c’est pourquoi, de toutes les choses qui ont le potentiel de nous unir, aucune n’est plus puissante que l’expérience commune des arts.