Lawrence d'Arabie
Columbia Pictures

Ce soir, Arte proposera Lawrence d’Arabie, le chef d’œuvre culte de David Lean, suivi d'un documentaire sur Omar Sharif.

Rarement vie parut être si romanesque et politique que celle de Thomas Edward Lawrence, un officier de liaison britannique qui aida les arabes pendant la première guerre mondiale dans leur révolte contre l’Empire ottoman. Dans le monde de la fin des années 1950, en pleine décolonisation, un cinéaste, David Lean, rêve d’adapter son autobiographie, Les Sept Piliers de la sagesse. Son idéal pour incarner Lawrence d’Arabie se nomme :  Marlon Brando. Le comédien au phrasé si particulier et au look de sex-symbol n’est pas un choix évident pour interpréter le britannique destrier de sa Majesté. Pourtant, David Lean n’en démord pas : Marlon Brando sera le meilleur. Depuis qu’il l’a vu dans Le Bal des maudits d’Edward Dmytryk en 1958, il a le sentiment qu’il aura l’air d’un Dieu dans sa djellaba flottant dans l’air.  Dès lors, il use de toute son énergie pour convaincre la star. Le 17 Octobre 1960, le producteur Sam Spiegel tient une conférence de presse pour annoncer l’événement. Pour Spiegel, Marlon Brando est parfait car il partage avec T.E. Lawrence, un mysticisme et le côté torturé de l’homme qui doute de sa destinée. Devant l’incrédulité des journalistes rassemblés devant lui, le producteur insiste : Marlon Brando a le même âge (31 ans) que T.E. Lawrence en 1917.

La Jordanie ou Tahiti

En vérité, Brando hésite. Passer un an loin d’Hollywood à ce stade de sa carrière peut être lourd de conséquences. Le tournage est en effet prévu entre l’Espagne, la Jordanie, le Maroc et la Syrie. Et puis, il a du mal à cerner la personnalité complexe de T.E. Lawrence, aventurier et écrivain. Mais la véritable raison tient à la personnalité de David Lean. Dans son autobiographie, des années plus tard, il écrira : "Lean était un très bon réalisateur mais il prenait tant de temps à faire un film que j’ai eu peur de sécher dans le désert comme une flaque d’eau. » Il finit par renoncer et choisit, à l’inverse, de tourner Les révoltés du Bounty sous la direction de Carol Reed, puis de Lewis Milestone, qui lui offrait l’opportunité de découvrir l’atoll de Tahiti qui l’avait toujours attiré. Cette décision bouleversera sa vie. C’est finalement à un quasi-inconnu, comédien de théâtre, que Lean et son producteur Sam Spiegel décident de faire confiance : Peter O’ Toole. Le film porte d’ailleurs dans le générique la mention « introducing Peter O’ Toole ». Cela n’empêcha pas Lawrence d’Arabie de recueillir sept oscars.

Un dernier rôle dans Nostromo

David Lean n’a jamais renoncé à travailler avec Marlon Brando. Il lui a proposé La fille de Ryan en 1970 que la star a refusé aussi. A 81 ans, en 1989, le cinéaste convainc enfin l’acteur, qui vit désormais en reclus, de tenir un rôle dans son nouveau projet, Nostromo, une adaptation de Joseph Conrad. Le tournage était même envisagé à Almeria, sur les lieux mêmes de quelques scènes mythiques de Lawrence d’Arabie. « C’est pour moi le meilleur acteur de cinéma de tous les temps , confiait le cinéaste au New York Times en 1989. Il devrait jouer un méchant qui s’appelle Montero, qu’il pourra faire les yeux fermés et rendre à la fois intéressant et drôle. » Le cinéaste est mort deux ans plus tard sans avoir pu mettre son film en chantier. Et sans jamais avoir tourner avec Marlon Brando.

Lawrence d’Arabie est diffusé sur Arte ce dimanche à 21h.


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