C'est dans un contexte politique particulièrement tendu, entre pro et anti-avortement, qu'arrive cette semaine le film français dans les salles américaines. On ne peut plus "dans l'air du temps", juge la réalisatrice.
Lion d'Or à Venise l'an dernier, L'Événement sort vendredi aux Etats-Unis, plus de six mois après sa sortie française. Et si le film - qui valu à Anamaria Vartolomei le César du Meilleur espoir féminin - se déroule en 1963 dans l'Hexagone, il a d'ores et déjà une résonance toute particulière outre-Atlantique, puisqu'il raconte comment une jeune femme a pris tous les risques pour avorter, à une époque où l'IVG était encore illégal. Or, l'Amérique est à deux doigts de franchir le Rubicon et de supprimer l'arrêt Roe v. Wade, qui autorise constitutionnellement l'avortement dans tous les Etats-Unis. La Cour Suprême, à majorité conservatrice désormais, semble en passe de prendre une décision et le pays s'embrase depuis quelques jours.
Anamaria Vartolomei, de My Little Princess à L’EvénementDans ce contexte politique hyper-tendu, L'Événement va évidemment faire beaucoup parler dans les jours qui viennent aux USA : "Quand j'ai commencé à imaginer ce sujet, tout le monde m'a demandé pourquoi je voulais faire ça à ce moment-là... Mais aujourd'hui, tout le monde me dit que le film est particulièrement dans l'air du temps...", commente Audrey Diwan, réalisatrice, dans Variety.
Dans L'Événement, elle met en scène Anne, une étudiante prometteuse qui ambitionne d'utiliser son éducation pour grimper à l'échelle sociale. Mais elle se retrouve enceinte et désespérée. Ses amis l'abandonnent et son avenir est en jeu dans une course contre la montre... "Je voulais raconter cette histoire comme un thriller", poursuit Diwan qui explique que la situation d'Anne, qui n'a pas les moyens financiers de trouver une solution sûre, sera celle à laquelle plein d'Américaines seront confrontées, si l'arrêt est supprimé.
"L'histoire que je raconte est celle d'une femme pauvre. Si vous avez de l'argent, vous pouvez aller dans un autre pays et trouver un endroit où c'est légal et trouver un moyen d'avoir un avortement médicalisé. Or, la classe ouvrière, d'où est issue Anne, vit ces problèmes différemment." Et Audrey Diwan de souligner que six des neuf membres de la Cour Suprême sont des hommes. "De quel droit vont-ils déterminer si les femmes ont accès à l'avortement ? J'adorerais leur montrer ce film. Avorter, c'est une décision très compliquée. C'est même difficile d'ailleurs, d'être enceinte, quand vous voulez un bébé. Pour ces hommes, tout cela n'est que théorique."
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