Assommant de beauté et d'ennui, le cinquième film de Xavier Beauvois est un drôle d'objet mystico-crevant.A la fin quand ceux qui se sont mis à applaudir très fort ont réveillé en sursaut la plupart de nos voisins de rangée, on a eu un peu de mal à choisir notre camp. Dormir, on avait dû le faire quelque part vers le milieu, pas bien longtemps, juste quand l'ascèse formelle du film a cessé de nous éblouir pour virer un peu trop fort à la séance d'hypnose collective. Applaudir, faut pas déconner non plus. Ce cinéma qui ne jure que par l'enregistrement du réel et l'ultra-naturalisme forcené, on l'a trop longtemps honni pour se faire avoir au premier moment de grâce venu. La leçon à retenir c'est qu'en fin de compte Beauvois filme beaucoup mieux les arbres que les gens, ce qui en dit aussi long sur sa réussite plastique que sur son échec émotionnel. L'ambition annoncée, parvenir à toucher du doigt l'état d'introspection dans laquelle sont plongés huit moines trappistes au sein d'un monastère algérien, n'est jamais tenue, mais Des Hommes et Des Dieux tient debout grâce à ses fulgurances plastiques, notamment lors de plans d'extérieurs beaux comme ceux d'un grand western élégiaque (mettez celui que vous préférez dans cette parenthèse), offrant in extremis au film l'élévation méditative à laquelle il aspire. Triste cependant, que la radicalité, parfois absurde, du geste (certaines scènes de prières interminables en plan fixe et séquence, sinon c'est pas marrant) ainsi que l'abus de pléonasmes stylistiques (filmer l'attente de manière attentiste, ce genre) finissent par avoir la peau du spectateur. L'indicible était là à portée de main. C'est l'ennui qui rafle la mise.F.G.
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- Etat critique : Des hommes et des dieux, n'oublie pas que tu as dormi.
Etat critique : Des hommes et des dieux, n'oublie pas que tu as dormi.
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