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Le réalisateur regrette le bon vieux temps des vidéo-clubs. 

Ce n’est pas un scoop, Quentin Tarantino est complètement réfractaire à la technologie. En 2015, le réalisateur des Huit Salopards affirmait même qu’il utilisait toujours la VHS pour enregistrer des films diffusés à la télévision. On n’est donc pas étonnés de découvrir qu’il ne pense rien de bien de Netflix, et de la VOD en général.

Voici donc les propos de QT, déterrés par la chaine YouTube Yellow King Film Boy (on ne sait pas à quelle date ils ont été tenu) :  

"Ca m’attriste vraiment. Ca m’attriste profondément. Je suis un peu surpris de la rapidité à laquelle c’est arrivé, et je suis un peu surpris de la façon dont le public a adopté ça, personne ne regarde en arrière et ne semble s’en soucier. Ce n’est pas qu’une question de nostalgie. Je ne suis pas sur Netflix, donc je ne peux même pas vous dire comment ça fonctionne. Quand tu as toutes les chaines de cinéma dans ton package télé, ce qui est mon cas, tu parcours le guide, tu fais défiler la liste et tu regardes un truc ou tu l’enregistres et peut-être que tu ne le regarderas jamais. Ou alors tu le regardes, et au bout de 10 ou 20 minutes tu te mets à faire autre chose, et puis tu te dis : ‘nan en fait ça ne me dit rien’. Voilà où en est arrivés."

Et Tarantino d’en revenir à sa vielle marotte sur les vidéos-clubs, lui qui a travaillé pendant trois ans au Video Archives de Los Angeles avant de devenir réalisateur.

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"A côté de ça, les vidéo-clubs avaient d’autres avantages. Tu regardais, tu choisissais une boite, tu lisais le résumé. Tu faisais un choix, et peut-être que tu parlais au gars derrière le comptoir, et peut-être qu’il te dirigeait vers quelque chose. Et il ne te mettait pas simplement un truc dans les mains, il te vendait le film. Et donc tu te sentais investi, d’une façon qui n’existe pas avec la technologie électronique. Bon, bien sûr, on louait trois films et on ne regardait jamais le troisième, mais tu te sentais plus engagé vis à vis de ce que tu avais choisis. Et peut-être que tu allais au magasin pour louer Top Gun, tu le voulais et tu l’avais, mais ensuite tu prenais un film dont tu n’avais jamais entendu parler, simplement parce que tu voulais autre chose que Top Gun. Et peut-être que ça t’a tapé dans l’œil, tu ne connaissais pas et tu as tenté ta chance. Mais tu l’as loué, donc tu voulais essayer de le voir à un certain degré. Et c’est ce qu’on a vraiment perdu, étrangement, on a perdu l’engagement."


Le point de vue de Tarantino nous semble un peu dépassé (en quoi, par exemple, les technologies nuisent-elles à la recommandation et à la découverte ?), mais on n’en tiendra pas rigueur au cinéaste. Cette obsession nostalgique est après tout partie intégrante de son œuvre, et de sa personnalité, et on en serait au contraire déboussolés si QT se mettait tout d’un coup à vanter les louanges des Netflix et consorts.

Pour l’anecdote, lorsque nous lui avions demandé en 2015 quel était son film préféré de l’année, Tarantino nous avait raconté qu’il avait récupéré une copie 35 mm de Mad Max : Fury Road qu’il avait visionné chez lui trois fois en un week-end.


Lors d’une interview accordée à Vanity Fair, le réalisateur de Pulp Fiction avait toutefois concédé avoir binge watché une série d’Aaron Sorkin, sur une… tablette ! Mais après, il s’était senti sale…

"Non, je ne peux pas regarder un film sur un iPad, ou même sur un petit écran dans un avion, sauf si je m’ennuie à mourir. Le seul truc que j’ai réussi à regarder dans ces conditions, ce sont des épisodes de Studio 60 on the Sunset strip (série d’Aaron Sorkin avec Matthew Perry) parce que je n’avais pas d’autres moyens de les voir. Je me suis mis un peu tard à Aaron Sorkin, mais j’admire à peu près tout ce qu’il fait. En particulier The Newsroom, la meilleure série actuelle. Je me suis enfilé tous les épisodes de Studio 60… sur iPad en 3 jours. Et j’ai aimé. J’ai aimé, mais pour moi c’est comme dévorer un menu 3 étoiles debout dans la rue avec les doigts. J’ai bâfré cette série comme un cochon, sans vraiment en profiter, je l’ai juste ingéré, pas dégusté. C’était un truc de junkie."

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