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Film d’espionnage b(o)urné sur la véritable opération de la CIA qui a mené à la liquidation d’Oussama Ben Laden, Zero Dark Thirty est un thriller qui commence sur le 11 septembre et s’achève sur la mort d’Oussama. Chapitré par les attentats islamistes, alternant scène de bureau et opération "on site", le film entretient d’évidents parallèles avec Argo (film-enquête + polar administratif). Mais la ressemblance avec le film de Ben et le vernis 70’s craquent vite et ZDT dévoile son drôle d’aspect déceptif. Ces 10 années de traque sont au fond une suite d’erreurs, de culs-de-sac déductifs, de puzzles de preuves manquantes qui anéantirait presque l'avidité du spectateur et celle de Maya s’il n’y avait un drôle de hasard (le courrier de Ben Laden repéré sur une vidéo) et l’étrange résolution finale. 40 minutes en temps réel dont les cibles sont deux ou trois hommes entourés de femmes et d'enfants. Après Démineurs, Kathryn Bigelow a donc choisi l'ambiguité pour raconter cette odyssée. Elle signe un film de guerre qui a l’audace de dépeindre les Américains non pas comme des gagneurs professionnels, mais comme un peuple sonné (comme l'héroïne) et prêt à TOUT pour assouvir sa soif de vengeance ; un actioner anti-spectaculaire ou plutôt un film d'art et dur qui raconterait le pacte faustien de l'Amérique avec ses propres agents. Plus qu'Argo finalement, on pense à Zodiac ou à certains Antonioni. ZDT enregistre l’histoire d’une déshumanisation progressive, d’une addiction qui n’aboutit pas à l’anéantissement du monstre mais à celui du chasseur. Les larmes de Jessica sonnent comme un retour au réel. Violent
Toutes les critiques de Zero Dark Thirty
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Avec Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow signe un long métrage d'une puissance exceptionnelle.
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Voilà un film d'une richesse inépuisable et d'une droiture indiscutable qui marquera non seulement l'année, mais aussi son époque.
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Brut, troublant, éprouvant d'efficacité on n'avait pas été remué de la sorte au cinéma depuis longtemps. A voir absolument.
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Ce n'est pas tout les jours qu'Hollywood se plonge dans un sujet si actuel et encore sensible, sans jamais reculer devant la vérité, qu'elle soit ou non flatteuse pour les États-Unis.
Le tout, mis en scène par une femme. Vous l'autre compris, Zero Dark Thirty est un film qui ne fait pas de quartiers, qui ne ménage personne, sorte de mélange savamment dosé entre solide enquête géopolitique, pamphlet et thriller militaire. (...) Du cinéma en pleine actualité, brulant et nécessaire. -
Forte de son talent pour mêler psychologie et action, la réalisatrice de Démineurs met un peu de temps à mettre en place son récit, mais montre avec subtilité les piétinements, fausses pistes, coups de sang, exactions et hésitations de cette enquête jusqu’ici tenue secrète. Au-delà de la polémique sur les méthodes employées par la CIA, elle révèle surtout comment Ben Laden a été exécuté sans aucune forme de procès.
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Superbement documenté, magnifiquement mis en scène et brillamment interprété, Zero Dark Thirty n’est pas qu’une leçon d’histoire. (...) Il offre, dans tous les cas, un moment fort de cinéma.
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Kathryn Bigelow confirme ici son immense virtuosité.
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Quoi qu’on en dise, le cinéma américain impressionnera toujours par sa capacité à digérer la grande histoire – y compris celle, brève, de ce pays – dans ses procédés pour raconter des petites histoires. Cela vaut aussi pour les épisodes les plus traumatisants, qu’il tâche d’exorciser par la fiction, comme on n’a cessé de le constater dernièrement avec le traitement hollywoodien du 11-Septembre dont le monde n’a pas fini de ressentir les conséquences. Et quand de surcroît les faits eux-mêmes rejoignent la fiction la plus calibrée, avec happy-end en sus, autant dire qu’on joue sur du velours.
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Documenté, fouillé, le scénario, proche d’une enquête journalistique, est l’œuvre de l’ex-reporter Mark Boal (déjà auteur de Démineurs). Au-delà de la polémique suscitée sur la supposée justification de la torture, la cinéaste signe, avec la complicité d’une troupe d’élite, un nouveau film choc. Oscars en vue.
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Derrière le « reported film », il y a, avant tout, une grande fiction sur l'Autre de l'Amérique, cette nécessaire chimère qui l'éclaire dans le noir et qui, avant Ben Laden, eut d'autres noms - Geronimo en fut un et d'ailleurs, Bigelow ne prend pas la peine de le rappeler, c'est le nom que la CIA donna un temps à Ben Laden. Si Maya/l'Amérique s'effondre dans l'avion qui décolle du Pakistan, si elle est incapable de répondre à la question qu'on lui pose (« Where you wanna go ? »), c'est qu'elle sait que son voyage l'entraîne vers des ténèbres plus denses encore : une nuit solitaire où, provisoirement, aucun Geronimo n'éclairera plus son chemin.
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Au lieu d’avoir un récit de 3 heures où l’on connait déjà la fin, Bigelow et Boal ont conçu un des films les plus intelligents et intellectuels de l’année.
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Les détails sont captivants, un film traité avec brillance qui ne sous-estime pas les capacités intellectuelles du public.
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Brillamment mise en scène, cette oeuvre refuse tout point de vue moral. D'où la polémique née sur la justification de l'utilisation de la torture. Mais ses contradicteurs se trompent. En transformant le spectateur en témoin des exactions, Bigelow le laisse libre de choisir. Et nous renvoie à l'éternelle question: la fin justifie-t-elle les moyens?"
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Un examen captivant et précis qui nous démontre comment la bureaucratie, la désinformation, l’égo, la passion s’entremêlent dans cette guerre orchestrée par la terreur.
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Modèle de construction logique et de rigueur intellectuelle, “Zero Dark Thirty” est au final un très beau film sur la détermination. Et son revers : la solitude.
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Bigelow évolue avec une aisance stupéfiante à l’intérieur de ce complexe édifice plongé dans un clair-obscur moral permanent.
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Un thriller politique sans compromissions, basé sur des faits réels, qui fait l’effet d’une bombe. Mêlant réalisme du documentaire et émotion de la fiction, elle n’hésite pas à montrer la torture insoutenable – dont elle ne fait jamais l’apologie – infligée aux terroristes d’Al-Qaida. À travers le personnage de Maya, obsédée par sa mission (formidable Jessica Chastain, Golden Globe de la meilleure actrice), on découvre aussi le combat d’une femme contre sa hiérarchie pour convaincre que c’est bien Ben Laden qu’elle a repéré. Un film sous tension, implacable, qui montre sans juger, jusqu’à l’assaut final angoissant, et à couper le souffle.
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Un film d'une redoutable efficacité, dans le même style "ciné vérité" que Démineurs.
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Un film d’une maîtrise rare, qui décevra les amateurs de bing bang poum, mais qui est certainement l’un des meilleurs films de guerre du cinéma moderne.
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On connaît le fin mot de l’histoire et pourtant on est pris de la première à la dernière séquence d’un thriller qui se voit tout à la fois comme un film d’espionnage, un drame humain, un suspense haletant, une page d’histoire, un récit d’aventures. Ça, c’est du cinéma !
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Un film d’espionnage plutôt austère, remarquablement maîtrisé et d’une précision quasi documentaire. On n’y suit pas seulement la fin de la traque, mais dix ans d’enquête.
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Masculin/féminin : derrière le thriller sur la traque, c'est en effet ce titre à la Godard qui résume "Zero Dark Thirty". Bigelow ne cesse d'y opposer les hommes, qui torturent, jouent au petit chef ou aux gros bras, aux femmes, qui ont assez de flair - la fameuse intuition féminine ? - pour trouver et s'accrocher à l'aiguille dans la meule de foin - le nom de l'homme contact de Ben Laden - à laquelle personne ne croit. Aucun doute, Bigelow fait un cinéma de mec, le plus viril même qui soit. Mais un cinéma dont, pour la première fois, l'héroïne est une femme fine, délicate, intelligente. Un remarquable paradoxe qui sonne comme la revanche d'une blonde.
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Un thriller sous haute tension.
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Les compétences de la réalisatrice émergent, sans aucun doute, sur les scènes de bagarres, on ressent cette volonté de vouloir être reconnue dans le film d’action.
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Bigelow et son scénariste Mark Boal jouent sur l’incertitude pour rendre l’histoire dynamique, la morale du film de son côté amène l’équilibre.
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Cette narration n’est absolument pas un film conservateur revendicateur. L’ambiance est vive, réfléchie avec des effets sonores bluffants et le héros n’est pas une caricaturé.
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Œil pour œil, dent pour dent. Ben Laden mort ou vif ? Bigelow, qui récuse toute idéologie dans son cinéma, leur amène sa tête (sans la montrer) au bout de 2h37 d’une plongée aussi haletante que faussement objective sur les dix ans d’enquête de la CIA. Avant l’assaut de la maison d’Abbottabad au Pakistan où se planque Ben Laden, longue séquence nocturne digne de La Chute du faucon noire de Ridley Scott, Bigelow et son cosénariste Mark Boal (Dans la Vallée d’Elah, Démineurs) prennent soin d’ériger l’agent de la CIA Maya (Jessica Chastain) en héroïne au cœur vaillant. Une version imberbe du Ben Affleck d’Argo et une version positive de Carrie Mathison, l’héroïne paranoïaque et border line de la série Homeland.
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Les dix ans de la traque de Ben Laden par la CIA, du point de vue d’une jeune recrue devenue déterminante dans l’élimination du leader d’Al-Qaïda. Kathryn Bigelow livre un film-enquête fleuve, volontairement déconnecté de tout enjeu géopolitique.
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La plus grande réussite de ce film est qu’il n’influe pas sur le sujet. Le public est libre de réfléchir et se faire sa propre opinion.
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Démineurs, c’était un échauffement pour Bigelow. Avec Zero dark thirty, la réalisatrice fait montre d’une maîtrise narrative et visuelle époustouflantes à l’image d’une dernière demi-heure à l’intensité phénoménale.
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Aussi documenté et intéressant qu’il soit, Zero Dark Thirty n’en appelle pas moins un visionnage distancié. D’abord parce que la vérité – encore plus dans le milieu du renseignement – est toujours parcellaire. Ensuite parce que le film, somme toute, peut aussi être vu comme un délicat exercice de contrition (oui, l’Amérique a torturé) et de réhabilitation (sur le mode : on a quand même réussi à gagner, avec des méthodes « traditionnelles » d’écoute et d’enquête de terrain). En dépit (ou à cause) de sa promptitude à s’emparer de l’actualité la plus récente, la capacité de distanciation morale de Hollywood n’est jamais totale. Le cinéma américain n’est, au mieux, qu’un imparfait surmoi de l’Amérique.
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Revêtu des oripeaux progressistes du féminisme, Zero Dark Thirty n'en est pas moins celui de l'omniscience et de l'omnipotence de la puissance américaine, présentée selon une vieille tradition locale comme le bras armé de la justice immanente. Ce parti pris - y compris sur le plan temporel (le film se déroule entre le 11 septembre 2001 et le 2 mai 2011) - permet de passer sous silence la connivence antérieure du gouvernement américain avec Ben Laden, de ne conférer à aucun non-Américain montré dans le film le statut de personnage à part entière, de ne surtout pas chercher à comprendre les déterminants du terrorisme, last but not least de faire entendre sans autre forme de procès le nom d'une opération - "Geronimo !" - qui est une insulte à la mémoire des Indiens d'Amérique, victimes d'un ethnocide orchestré par le gouvernement des Etats-Unis.
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Le film devient tour à tour, enquête réfléchie, thriller dynamique, récit personnel ou encore pamphlet militaire, tout ça porté par une musique lourde et intense composée par Alexandre Desplat. Le tout conduit par un véritable don pour la mise en scène. On sent cette maîtrise dans la construction d'un plan, dans le rythme d'une scène qui se modifie au gré des éléments narratifs, dans la dernière demi-heure à l'intensité étonnante ou dans un final qui relâche toute la tension accumulée et nous laisse comme l'héroïne pleine de questions.
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"Zero Dark Thirty", objet cathartique, majeur et essentiel pour les Etats-Unis, ne prétend pas reproduire la réalité. Bien au contraire : il mise sur l'immersion du spectateur, notamment dans une dernière demi-heure angoissante, et le laisse libre de choisir l'option qu'il souhaite sur ce qu'il voit, ou croit voir. Surtout, et c'est en cela qu'au-delà de ce que l'on en pense, il fait date, le film ose questionner la notion d'héroïsme et montrer ce que des hommes, par patriotisme, par conviction, par sacrifice, par embrigadement ou par honneur, sont capables de faire au nom des Etats-Unis. Pas nécessairement pour le meilleur.
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Sans didactisme, ethnocentrisme, et jugement éthique, la réalisatrice délivre une leçon d’histoire filmée brillamment, comme une fiction de cinéma, avec tout le langage cinématographique qu’elle n’a jamais aussi bien maîtrisé : le raid final, dont on connaît pourtant la conclusion, fait monter l’adrénaline à un niveau élevé insoupçonnable.
En définitive, Bigelow, ancienne réalisatrice de séries B musclées (Point Break) a encore mûri. Son Zero Dark Thirty (en fait minuit et demi, heure de l’assaut des forces spéciales sur Ben Laden) est une nouvelle oeuvre de référence dans le cinéma politique américain et pourrait bien faire des ravages aux Oscars. -
Deux heures et demie de film, c'est un peu longuet. Malgré le travail de reconstitution méticuleux, ce film risque de larguer des spectateur en route.
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Le film est trop neutre. La controverse sur la torture révèle son problème global: c’est un docu-fiction sans mise en scène personnelle. À force de vouloir être véridique et objective, la cinéaste paraphrase simplement les faits. Il lui manque le recul nécessaire. Elle se contente de héros transparents, comme cette jeune agent qui ne semble pas avoir de vie en dehors de son job. Ce film ne mégote pas sur la violence, mais n’a ni chair ni âme; condensant dix ans d’enquête laborieuse en deux heures trente, et filmé dans un style pseudo-reportage, il est surtout confus.