Toutes les critiques de Young Yakuza

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    Autant le dire tout de suite, Young Yakuza est un exercice d'abord décevant. Quand les yakuzas sont venus demander à Jean-Pierre Limosin de les filmer in situ, les gangsters et le cinéaste se sont immédiatement mis d'accord: tout acte dangereux ou commis hors de la légalité ne serait pas enregistré. (...) Mais c'est là paradoxalement que réside tout l'intérêt du film. Le grand écart entre la mythologie et le quotidien est vertigineux.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Après Tokyo Eyes, Jean-Pierre Limosin repart pour la capitale japonaise avec Young Yakuza. Un documentaire inédit sur la pègre nippone qui entre passé et présent ouvre les portes d'un monde secret bien méconnu des occidentaux.
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    - Lire notre petite histoire du cinéma japonaisEtrange film que Young Yakuza, dans lequel on pénètre silencieusement, comme par une porte dérobée, à l'insu des regards. C'est qu'on n'entre pas dans le monde de la pègre japonaise, elle qui a traversé l'histoire du pays depuis des siècles, sans y être invité. Personne n'a pu la filmer de près, personne n'a pu l'approcher malgré son omniprésence, malgré les films qui firent les beaux jours des salles nippones durant les années soixante et soixante-dix, lorsque Kinji Fukasaku signait les plus belles toiles du genre, que plus tard, à sa manière, takeshi kitano revisitera. Personne alors que pourtant les yakuza ne sont pas des marginaux comme les autres. Contrairement à la mafia sicilienne ou aux triades chinoises, les yakuza n'ont jamais complètement été une société secrète, ils ont toujours agi au grand jour, fait partie intégrante du tissu social japonais.Pour la première fois, un film ouvre donc les portes de ce qu'on croyait à jamais réservé à la fiction, un film documentaire - c'est en tout cas tel qu'il se présente - mais peut-être pas comme son réalisateur, Jean-Pierre Limosin, l'a entièrement conçu. Car Young Yakuza va bien montrer ce qu'on croyait caché, il va certes nous promener à travers un monde méconnu, mais la forme qu'il va prendre est inattendue. Au départ, on pourrait dire qu'il s'agit d'une commande. Alors que Limosin rentre du Japon, une amie lui présente un homme, de passage à Paris, qu'il comprend être un yakuza, et qui ne s'en cachera pas. Celui-ci lui propose alors de venir filmer de l'intérieur son univers. Limosin hésite, puis accepte, le tournage s'étalera sur un an et demi. D'emblée un pacte est établi, le cinéaste ne filmera pas les activités illégales du clan. Comment alors s'investir, sur quelle(s) piste(s) partir, et comment se situer ? C'est là que l'auteur se décide à montrer l'entrée d'une jeune recrue, Naoki, vingt ans, un peu paumé, dont la mère accepte de confier son fils à la pègre, car il faut bien faire quelque chose. Le film se divisera donc en deux, une partie sur lui, sa formation, l'autre sur le boss, qui prend le film comme carte de visite, jusqu'à une bifurcation à mi parcours.Un documentaire filmé comme une fictionLa force de Young Yakuza tient à plusieurs choses. Du documentaire, Limosin retire toutes tentations investigatrices. Pas d'enquête, nulle pédagogie, aucune explication, encore moins de voice-over, juste quelques scènes d'entretiens, avec le boss, mais filmées sur le ton de la confidence, la caméra prenant la place de ce personnage absent à l'image mais présent à chaque plan. Car ici, on suit, on accompagne, on s'immisce, mais pas en douce, pour voler de l'image, au contraire, tout semble filmé comme une fiction, avec ses héros, ses seconds rôles, et même sa structure dramatique (on apprendra d'ailleurs que Limosin imposait un clap à chaque début de prise). Ce choix donne au film une tenue rare, impeccable, autant celle du cadre, qu'il soit fixe ou en mouvement, que la lumière, sophistiquée, travaillée (et signée Julien Hirsch), ou plus simplement, la mise en scène, d'une précision exemplaire et qui parfois va jusqu'à reprendre des principes propres à la fiction, tel le champ contre-champ. Young Yakuza est donc un film installé, et il le fallait pour filmer les rituels, ces moments de vies réglés, ces gestes que doit apprendre par coeur Naoki pour intégrer le gang. Car une grande partie du film n'est consacré qu'à ça, au quotidien, à sa mécanique, son enregistrement, jusqu'à des détails infimes, prosaïques, qui progressivement vont montrer comment le clan est aussi une famille.Le déclin de l'idéal chevaleresqueYoung Yakuza est donc moins un film de la captation, que de la monstration. On accepte de nous montrer le fonctionnement interne d'une structure sociale, dans des moments en apparence anodins et pourtant significatifs. Au personnage de Naoki, qui en disparaissant à mi-parcours crée un vrai rebondissement dramatique, répond celui du boss, probablement la figure la plus importante du film. D'un côté la jeunesse, le présent, l'actuel (relayé par des plages musicales, parfois judicieusement mises en images, avec un groupe de Hip Hop), de l'autre le passé, celui qui tente de faire tenir son clan et avec lui des valeurs, une rigueur morale. Le boss est celui qu'on écoute, moins celui avec qui on dialogue. Sa parole sera ainsi le relais d'un idéal crépusculaire, celui d'une lente disparition à laquelle semble promise les yakuza. Le film crée alors ce sentiment d'assister à un déclin, à une race en voie d'extinction et dont la nostalgie, que laisse vibrer le boss, n'est jamais éloignée de l'image qui de tout temps a forgé le paradoxe yakuza. Ce vieil idéal chevaleresque du héros protégeant les citoyens contre la basse criminalité et le pouvoir corrompu, alors que chacun sait que tout yakuza trempe dans des affaires louches. Il n'empêche, le boss incarne une figure paternelle, il protège ses hommes, c'est un fidèle, il ne cache pas ses activités, mais travaille son image, le film en est la preuve. Pourtant, malgré son charisme, sa voix envoûtante, son regard hypnotique, Limosin ne penche jamais pour la sublimation, il montre l'homme tel qu'il est et tel qu'il se présente, sans le trahir.Des territoires inéditsA sa manière, Young Yakuza pourrait ressembler à ces moments d'errance que Kitano a si souvent filmés. Et à la fois, il visite d'autres territoires, inédits. Quelque chose où se développe lentement, en creux, la complexité des instants, la cohésion des fragments qui balancent d'une ellipse à l'autre, ces moments où l'on apprend soudainement la disparition ou l'emprisonnement de tel ou tel personnage. Ici, une emprise paradoxale sur le temps, à la fois hyper sensible dans les gestes, leur décomposition, et à la fois fugace, avec cette sensation que quelque chose nous échappe, un vide. Peut-être ce monde en train de disparaître, et surtout son hors-champ, les véritables affaires criminelles, la violence, tout ce qui a fait les beaux jours spectaculaires du yakuza eiga. Pour autant, le cinéma est bien là, on mentionne des acteurs, parle un peu de films, et surtout, régulièrement, Young Yakuza semble à deux doigts d'embrayer sur la fiction. Plusieurs plans, quelques scènes, qui au final nous font dire que la distinction est bien futile et qu'il s'agit surtout, d'un très beau film. Young Yakuza
    Jean-Pierre Limosin
    Sortie en salles le 9 avril 2008Illus. © CTV International
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  2. Elle
    par Philippe Tretiack

    Le monde opaque des yakuzas fascine. Jean-Pierre Limosin leur consacre un long-métrage, lent, douceâtrement ennuyeux, captivant toujours.