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Were the world mine est le premier long-métrage de Tom Gustafson, prolongement de Fairies, premier court du réalisateur. L’histoire d’un jeune homo subissant les railleries de ses camarades dans un lycée américain moyen. Un point de départ à forte dimension autobiographique, Gustafson revendiquant l’étroite filiation entre le personnage principal et lui-même. A première vue, rien de fondamentalement nouveau. Sauf que le réalisateur introduit une touche fantastique dans le récit, puisque Thimothy découvre en répétant le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare la recette d’un philtre d’amour et décide de prendre sa revanche en « homosexualisant » les membres de son entourage. L’idée est amusante, mais ne tient pas la durée : une fois le sort jeté, le film traverse un passage à vide avant de reprendre son souffle dans sa dernière partie. On voit derrière ce postulat la critique d’une société intolérante et hétéro-normée, le film se permettant au passage d’être gentiment subversif lorsqu’il aborde le thème du mariage gay. Le film a son lot de défauts – le scénario aurait manifestement mérité d’être étoffé – mais il faut reconnaître que le réalisateur impose un univers singulier, loin des films d’ados traditionnels, trop souvent lisses et stéréotypés. On reconnaît assez aisément les sources d’influence de Gustafson (puisées chez Baz Lurhmann et dans la culture homo), qui crée à partir d’elles un monde enchanté, version fantasmée – et musicale – de la vie de l’adolescent. Là est l’audace : faire une comédie musicale homo. On pouvait craindre la caricature. Et pourtant, l’ensemble fonctionne plutôt bien. En revanche, ce qui est dommage (et paradoxal), c’est que l’argument musical ne soit pas poussé jusqu’au bout, les intermèdes chantés étant au final assez peu nombreux. Il n’empêche que cette première réalisation, portée par des débutants, a de quoi séduire : audacieuse et gracieuse, elle a l’immaturité et la radicalité de l’adolescence. Imparfait mais plutôt inspiré.
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Pour tenter de donner corps à ce conte de fées récompensé dans de nombreux festivals gays (un philtre d’amour rend les gens amoureux et homosexuels, ce qui donne lieu à des séquences oniriques colorées à la Pierre et Gilles…), Tom Gustafson, réalisateur de ce premier long métrage, a pris le parti de la comédie musicale. C’est certainement sa meilleure (seule ?) idée puisqu’elle permet à son film, par ailleurs assez fade (esthétique trop léchée, rythme mou, scénario manichéen, gentiment bienpensant et prônant la tolérance), d’échapper au tout-venant de ce type de production. Car ses jeunes interprètes font preuve de belles qualités vocales et d’une séduisante énergie dans des morceaux très Broadway qui font alterner avec aisance textes shakespeariens mis en musique et compositions originales parfois amusantes.
Toutes les critiques de Were the world mine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Gentillet, « Were the World mine » — « Si le monde m’appartenait » — n’est pas à la hauteur de ses ambitions et ne dépasse jamais le stade de la curiosité fauchée.
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Le scénario aurait pu engendrer une cascade de situations plutôt drôles mais il faut déchanter. C'est du côté d'"Hanna Montana", la série Disney qui fait fureur chez les petites filles de 8-10 ans, que lorgne Tom Gustafson, lui empruntant une matrice qui oppose la fièvre musicale des filles à la frénésie sportive des garçons. "On nage en pleins stéréotypes", lâche la sœur de Timothy. En effet !
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Ce premier film presque aussi fauché que kitsch défie la critique. Qu'est-ce ? Une ode joyeuse et déjantée à la liberté sexuelle, à la tolérance ? Un touchant spectacle de patronage, bricolé avec trois bouts de dentelle et une bonne dose de naïveté ? Une seule chose est sûre : ce n'est pas du Shakespeare.
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(...) on ne soupçonnera pas Were the World Mine, qui représente l'homosexualité masculine comme liée à l'amour des fleurs, de la danse et au sentiment d'être une "princesse" et l'hétérosexualité comme une incapacité structurelle à comprendre Shakespeare (les mecs) et pouffiasserie biologique (les filles), d'être fondé sur une vision farouchement émancipatrice de l'être humain.