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POUR ****
Huit ans se sont écoulés depuis le triomphe des Bêtes du sud sauvage. Huit ans passés par Benh Zeitlin à peaufiner cette relecture de Peter Pan. Wendy s’empare de la fable imaginée par J.M. Barrie pour lui donner un souffle féministe et inventer un Neverland inédit, extraordinairement « vrai », vivant, rocailleux et organique, refusant farouchement les CGI sans âme et la féérie de pacotille. Wendy, une petite fille de la Nouvelle-Orléans, se retrouve dans un endroit magique où vit une tribu d’enfants perdus… Vous connaissez l’histoire, mais vous ne l’avez jamais vue comme ça. Il y a des scories dans Wendy, qui empêchent parfois son lyrisme de se déployer pleinement. Mais Zeitlin y confirme néanmoins son statut d’inventeur de mondes magnifiques. On a hâte de continuer à le regarder grandir.
Frédéric Foubert
CONTRE *
Après Les bêtes du Sud sauvage, voici venu Wendy et ses promesses de maturité. Or si la caméra mobile et agitée continue son travail d’enrobage physique, la magie opère moins. Le récit semble étouffé dans l’œuf et le voyage de l’héroïne vers une île où ses rêves d’émancipation sont très vite menacés, paraît de fait chiche en promesses d’ouverture. Ces doutes originels ne seront jamais démentis. Le film fabriqué et surjoué, se replie très vite sur lui-même vautré dans les certitudes d’un auteur écrasé d’influences. Zeitlin propose un patchwork de références où Peter Pan croiserait Sa majesté des mouches et certaines extravagances de Terry Gilliam. Au milieu de ce capharnaüm trop lisible, on finit par se demander où est la place du cinéaste. Pour la suite, Benh Zeitlin devrait aspirer à plus de simplicité et essayer, à l’instar de sa Wendy, de se libérer davantage.
Thomas Baurez