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L’histoire vraie de Xavier Fortin (renommé Paco) qui, à la fin des années 90, enleva ses deux fils, confiés à la garde de leur mère, pour les élever en pleine nature, en accord avec ses valeurs anticonsuméristes.
Il y a dans "Vie sauvage" au moins deux scènes superbes. Au début, le père, devant le portail de sa belle-famille, intime à ses fils de sortir de la maison. Fuite en avant... Des années plus tard, l’aîné, devenu adolescent, s’approche de la demeure cossue où vit la fille qu’il convoite mais, comme stoppé par un champ magnétique, ne peut y entrer. La vie bourgeoise est-elle la vie normale ? Ce doute, qui hante la filmographie de Cédric Kahn, trouve ici une expression politique. Convaincu que le bonheur est dans le dénuement (« On n’a plus rien ! », triomphe-t-il), Paco ne quitte pas le chemin balisé de l’existence parce qu'il est fou (comme le criminel de Roberto Succo) ou emporté par la passion (comme le héros des "Regrets"), mais parce qu'il a choisi de faire de la marginalité un acte de résistance. Le film n’est jamais aussi fort que quand il emboîte le pas à ce père devenu hors-la-loi par idéal éducatif, entraînant ses enfants dans une cavale picaresque et contemplative à la façon d’un western, mais vu du côté des Indiens et influencé par Malick et Varda. Un personnage jusqu’au-boutiste dans lequel se fond Mathieu Kassovitz, meilleur que jamais, au point qu’il est impossible de ne pas y voir en creux le signe de sa propre révolte. D’ellipse en ellipse, au fil discontinu de plus de dix ans de clandestinité, "Vie sauvage" interroge les impasses de l’utopie. L’histoire est alors racontée non plus à travers le regard du père, mais du point de vue des enfants devenus grands. On regrette seulement que la fin, évacuant Paco au profit des retrouvailles avec la mère, fasse primer le souci d’équité sur l’élan de radicalité.
Toutes les critiques de Vie sauvage
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Cédric Kahn adapte l’histoire de Xavier Fortin, qui fut condamné, en 2009, à deux ans de prison avec sursis, après une cavale de onze ans. À la reconstitution du fait divers, il préfère tricoter la chronique d’une enfance buissonnière, hors du monde moderne. Il ne juge pas, mais s’attache, à hauteur d’enfant, à comprendre comment les deux frères se sont construits sous l’influence de ce père, aussi aimant qu’intransigeant dans ses convictions de liberté. Mathieu Kassovitz se confond presque avec son personnage entré en résistance. Au point de voir sa propre révolte ?
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Adapté de "Hors système : onze ans sous l'étoile de la liberté" (Ed.JC Lattès), écrit par les trois protagonistes masculins de l'affaire Xavier Fortin, ce film est un mélange d'énergie pure et de belle lumière. La caméra y est sauvage, griffant ce qu'elle peut attraper d'amour, de conviction et d'arrachements.
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On aime la sécheresse avec laquelle le cinéaste filme chaque décision des parents comme un déchirement, tel, dès la première séquence, le départ de la mère abandonnant une vie qu'elle avait d'abord choisie. Chacun a ses raisons ? Oui, chacun a toujours ses mauvaises raisons d'être un salaud, de décider pour les autres, a fortiori au nom de l'autorité parentale. De ce point de vue-là, "Vie sauvage", qui pose, sans y répondre, quelques questions essentielles — sur l'éducation, la norme —, porte bien son titre : la sauvagerie détruit ces gens-là.
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Plus qu'un marginal, c'est un Père Courage que nous présente Cédric Kahn et il fallait toute la sensibilité et le talent d'un Mathieu Kassovitz pour l'interpréter et nous faire comprendre son point de vue.
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Robinsonnade d’un père qui a soustrait ses deux fils à la garde maternelle. Un drame sec et tendu. (...) "Vie sauvage" est magnifique parce qu’il montre que les affects excèdent toujours le social, ses règles et ses institutions – les flics, les juges, les services sociaux sont montrés comme emplis de bonne volonté et de rationalité, mais toujours débordés et impuissants. Impossible d’arbitrer les tempêtes du cœur. C’est aussi un film renoirien parce que, au-delà des conflits impossibles à dénouer, il est attentif à tous les protagonistes, à toutes les nuances de gris, respectueux de bout en bout des raisons de chacun des personnages.
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La mise en scène est soignée, à part quelques longueurs. Mathieu Kassovitz disparaît derrière son personnage de rebelle, partagé entre sa cause et son rôle de père. Convaincant.
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Inspiré de l’histoire vécue par Xavier Fortin et ses deux enfants, Cédric Kahn met des images réalistes sur une situation qui, par ses personnages radicaux, ne l’est pas moins. Si son point de vue reste
pondéré, présentant l’alternative bucolique comme une option sympathique mais sans grand intérêt, le film propose une reconstitution assez touchante et attentive du point de vue des enfants pour lancer le débat. Et par là, nous interroger sur notre liberté de choisir entre différents modes de vie irréconciliables -
Dommage qu’après une scène d’ouverture magistrale le film perde peu à peu de son intensité et de son rythme. En cause, un scénario pas toujours compact, affaibli par des scènes bucoliques façon calendrier des postes et une musique trop illustrative