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L’ « odyssée » du sous-titre français de The Mountain désigne le road-trip, dans l’Amérique des années 50, d’un jeune homme mutique venant de perdre son père (Tye Sheridan) et d’un mystérieux médecin (Jeff Goldblum) qui fait la tournée des hôpitaux pour promouvoir sa méthode de lobotomie, très controversée… Le réalisateur Rick Alverson raconte ce voyage géographique et surtout mental sur un rythme somnambulique, elliptique, allégorique, et pour tout dire, franchement nébuleux. La patine fifties volontairement très neutre, très beige, a d’abord quelque chose d’intrigant, mais le refus obstiné de donner des clés de lecture au spectateur finit par se retourner contre le film, qui s’enfonce dans des territoires symboliques de plus en plus insondables, atteignant un point de non-retour quand débarque Denis Lavant dans la peau d’un médecin new-age éructant un charabia franglais énigmatique. Le rapport père-fils, la masculinité en crise, les mystères de l’esprit humain, les dangers de l’utopie et de l’esprit de conquête : thématiquement, on n’est pas très loin d’une variation sur The Master. Mais sans l’élan romanesque et le génie poétique azimuté d’un PTA.