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Paradoxe : The Flash, le superhéros le plus rapide de l’univers DC aura pris son temps pour arriver sur nos écrans. Des années de production, d’atermoiements, de retours en arrière. Entre temps tout l’univers DC aura été bouleversé plusieurs fois et l’équilibre des forces plusieurs fois remis en cause. Mais ça y est, il est là et le résultat est même… satisfaisant.
Déterminé à sauver sa mère poignardée et à laver l’honneur de son père injustement accusé du meurtre, Barry Allen va voyager dans le temps. Sans le savoir, il va déchaîner un cataclysme spatio-temporel et se retrouver face à une version plus jeune de lui-même et devant un Batman bien différent de son ami masqué. Ce n’est plus ses parents qu’il va devoir sauver, mais l’univers.
Première évidence, Ezra Miller est un Flash parfait ! On l’avait jusque-là cantonné au rôle du rookie et de l’élément comique (en particulier dans la Justice League de Whedon). On découvre ici que l’acteur est capable d’insuffler une véritable émotion au personnage. Cela tient à sa composition, mais aussi à l’astuce la plus intéressante du scénario. L’histoire oppose en effet très rapidement deux Barry Allen. Le premier, le Barry original, est celui qui va apprendre et grandir moralement en traversant les multivers. Posé, solitaire et introverti, il doit assumer les conséquences de son acte pour tenter de tout réparer. Le second Barry plus jeune, plus fou aussi, découvre, lui, le pouvoir de la Force véloce. Il traverse les murs, court dans la ville à poil, s’invente un costume et semble prendre un pied monstre à fréquenter des superhéros. Le film repose beaucoup sur cette dynamique qui offre une vraie richesse émotionnelle et une (relative) profondeur au personnage.
On a beaucoup glosé sur les caméos de superhéros, l’apparition de Zod et des figures du passé, ou sur le retour de Michael Keaton en Batman. Mais Muschietti – qui après Mama et les deux chapitres de Ça s’éloigne de l’horreur flamboyante – reste rivé sur son héros. Les 20 premières minutes du film, très amusantes (le sauvetage des bébés, le complexe de Barry au sein de la Justice League, le lasso de la vérité de Wonder Woman) fonctionnent comme une suite à Justice League, et servent à définir le Barry original avant de lancer le film quand ce dernier va se mettre à remonte le temps.
Comme l'avertit très vite Batfleck, le problème c’est que, à vouloir corriger les erreurs, changer son histoire, on risque de casser l'équilibre du monde. Et Barry va se retrouver bloqué dans le passé, comprenant progressivement qu’il a modifié le cours de l’histoire à son détriment. Si sa mère est effectivement sauvée, tout a changé : Batman n’est plus incarné par un Affleck au sommet de sa forme, mais a l’apparence d’un Keaton chevelu, grincheux et un peu cintré. Pire : dans ce monde-là, ce n’est pas Michael J. Fox qui joue dans Retour vers le futur, mais Eric Stolz. S’ensuivent des discussions sans fin sur les multivers entre les deux Barry et Michael Keaton (avec une démonstration s’appuyant sur un plat de spaghettis). Cette deuxième partie du film joue la carte de la nostalgie avec humour et s’appuie beaucoup sur le Batman de Burton, permettant à Keaton de renfiler son Batsuit (qu’il porte toujours avec élégance et agilité).
Tout cela s’achèvera bien sur dans un carnage en CGI mais Muschietti parvient quand même à garder les vibrations plus légères, plus personnelles, de son film. D’ailleurs son Zod est à peine un personnage secondaire. Le vrai conflit reste celui des Flashs. Et Barry de se demander après quoi il court depuis toutes ces années... S’il est bien l’une des dernières entrées du DCU tel qu’on le connaît (en tout cas, avant la (re)prise en main par James Gunn) The Flash est une comédie avec ce qu'il faut d'esprit et d'action pour satisfaire tout le monde