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L’Adamant est un Centre de Jour édifié sur la Seine au cœur de Paris, accueillant des adultes souffrant de troubles psychiatriques, leur offrant un cadre de soins mais aussi des ateliers culturels afin de les aider à retrouver un peu d’élan. C’est cette péniche unique en son genre que Nicolas Philibert a choisi de raconter dans ce documentaire. Mais l’explication de texte sur le lieu n’arrive qu’au carton final, geste qui donne les clés de sa démarche. Cette institution, il veut la faire découvrir d’abord par ses images - magistrale ouverture du film où on s’y introduit peu à peu - avant de faire connaissance avec ceux qui la font vivre, patients et soignants. Lui qui avait déjà traité de la psychiatrie en 1997 avec La Moindre des choses – plongée dans une clinique où pensionnaires et personnel médical travaillaient à la création d’une pièce -, il y revient en faisant le même pas de côté. Plutôt que de raconter la crise qui frappe ce secteur, il célèbre une expérience qui marche. La possibilité d’une autre voie. Sans ne rien enjoliver, en montrant aussi les limites du système, les moments de tension, de désarroi. Mais en prenant surtout le parti de ne pas se concentrer sur un seul atelier et d’embrasser L’Adamant dans sa globalité. Un geste d’une ambition folle où il était facile de se perdre et qui rend encore plus impressionnant le résultat. 109 minutes intenses menées avec une grande maîtrise, sans précipitation, en prenant le temps de laisser longuement la parole à chacun. Toute l’humanité de son regard, de son talent de confesseur jamais intrusif nous saute à la figure. Impressionnant.