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Et son cinéma [de Manoel de Oliveira] : est-il archaïque
ou moderne, avec ses cadres fixes, ses acteurs sentencieux et ses références culturelles multiples ? La question se pose une nouvelle fois à la vision de cette histoire de chagrin d’amour (un homme quitte la femme qu’il aime lorsqu’il découvre qu’elle est kleptomane). Et on peut même penser que le subtil Oliveira nous la pose lui-même tant les interrogations sur le temps mais aussi sur l’art
et la manière du récit font partie de ses grands thèmes.
Toutes les critiques de Singularités d'une jeune fille blonde
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le ton est donné, le dernier film du centenaire Oliveira, sans doute le plus accessible et l’un de ses plus beaux, s’aventure et s’amuse sur le terrain du désir, du fantasme. Il dégage une intensité érotique rare, qui nous renvoie au cinéma de ces fétichistes géniaux qu’étaient Sternberg, Hitchcock et Buñuel.
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Le toujours vert Oliveira – 101 ans – joue ici avec les regards : le sien, le nôtre, celui de ses protagonistes, avec une précision inouïe. Son travail d’orfèvrerie est ainsi dépouillé de tous éléments parasites par une économie de plans, de parole, de points de montage et surtout de durée (63 minutes chrono).
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Avec presque rien, Oliveira nous transporte – en train ou à travers l'imaginaire. (...) C'est simple comme bonjour, fluide, intemporel comme une miniature précieuse. Le contraire d'une leçon : un geste de cinéma détaché.
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Le film est lui-même un mélange perpétuellement étrange d’ironie sèche, de férocité avouée et de mélancolie pure. Son récit est au passé mais formulé dans un train lancé à toute vitesse vers l’avant : la torsion qui s’invente sous nos yeux entre ces deux forces chronologiques contraires replace Oliveira à son endroit : non plus le cas biologique à l’énergie inexplicable, mais le cinéaste à la mise en scène du temps la plus particulière qui soit.
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Ainsi, Singularités d’une jeune fille blonde a tout du film de transition, bien plus proche d’un simple court-métrage. Sa durée extrêmement courte est sans nul doute son plus gros défaut puisque l’auteur nous conte une histoire séduisante qui s’arrête tout à coup pour laisser place à un générique de fin aussi inattendu que terriblement frustrant. [...]Singularités d’une jeune fille blonde a le grand mérite d’être un objet filmique non identifié, tout en décevant fortement par la modestie même du projet, sans doute bien trop anecdotique pour marquer durablement l’esprit.
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D'une durée raisonnable d'une heure, cette adaptation d'une nouvelle d'Eça de Queiroz est un conte sur les affres du cœur et les difficultés à vivre sa condition sociale. L'histoire est à prendre comme une récréation, dont l'aspect désuet séduira les amateurs de bibelots. Mais seulement eux.
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Les minutes s'égrènent lentement comme dans un sablier bouché. Certains trouveront le film bouleversant, véritable ode à la sensualité d'une époque révolue. Oui, certes. D'autres plus taquins noteront que l'acteur principal se nomme Trepa et que la route du réalisateur Portugais approche de son dernier rond point. Les autres se seront endormis bercés par le son d'une lyre qui, aux dernières nouvelles, aurait remplacé l'escudo. Mais que fait l'euro ?
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D’aucuns prétendent que la caméra a bougé. De gauche à droite. Ou l’inverse, on ne sait plus, c’est l’émotion, comprenez. Cette subite frénésie filmique parmi tous ces plans fixes, ça perturbe. Les témoins se contredisent, brodent. Avancent qu’il y aurait un film derrière l’éventail. Il n’y avait que du vent.