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La vengeance ne mène à rien. En partant de ce postulat, Jeff Nichols a réalisé un très prometteur premier film qui ne ressemble à aucun autre, même s'il aborde un thème récurrent de la tragédie classique. La sobriété de la mise en scène traduit la banalité soudainement bousculée du quotidien des personnages. Loin de toute performance tape-à-l'oeil, les acteurs parviennent à incarner avec dignité et distance des personnalités fières et blessées. Un film qui sait aller à contre-courant en déconstruisant très subtilement la figure classique du héros vengeur.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ainsi transposée dans la poussière du Sud, entre champs de coton et ciels plombés, la vieille histoire de vendetta s'offre une nouvelle jeunesse, imprégnée des pesanteurs du Sud profond, peuplée de personnages taiseux et attachants. Dans les interstices d'un récit en forme de spirale, Jeff Nichols glisse ainsi de vrais moments de grâce : une scène de pêche en famille, aussi douce que le clapotis de l'eau, un instant suspendu dans la ville déserte, écrasée de chaleur et d'ennui... Lorsque les paysages, magnifiquement photographiés, prennent possession de l'écran, le souffle tragique s'estompe au profit d'une note élégiaque. On respire à nouveau, avec l'espoir que la douceur languide qui envahit les corps finisse aussi par gagner les âmes.
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Ce sentiment d'un désastre annoncé est constamment rendu tangible par les choix de mise en scène, par un usage très convaincant de l'écran large, par des plans longs, habités, par des comédiens remarquables (dont l'excellent Michael Shannon déjà vu dans Bug, de William Friedkin). C'est d'ailleurs à eux que l'on doit une grande part de la réussite du film. Celle qui tient très exactement dans cet écart fragile qui sépare l'humanité des personnages et la surdétermination tangible, transcendante, de ce qui leur arrive.
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Il n' y a pas de méchants ni de gentils dans Shotgun Stories, seulement des êtres blessés par la vie qui n'aspirent qu' à une existence tranquille. Avec peu de moyens, Jeff Nichols parvient à rendre palpable cette tendresse bafouée et refoulée qui ne trouve à s'exprimer qu'à travers la fureur.
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Entre conte et bande-dessinée, un jeune réalisateur a réussi à tourner en Arkansas, très vite et presque sans argent, un vrai western contemporain. Beaux paysages, belles gueules, jolie musique. Au final, on y croit.