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Tournée en plan fixe et grâce à une simple caméra DV, cette Shirin-là relève plus du cinéma expérimental, de la performance que d’une oeuvre cinématographique classique. Ce qui lui vaut d’être diffusée en accompagnement d’un cycle hommage sur le thème : « Abbas Kiarostami par les chemins du numérique ». Exigeant.
Toutes les critiques de Shirin
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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En pointant sa caméra vers la salle, le cinéaste met à nu le voyeur qui se repaît impunément, tapi dans l’ombre, des aventures de ses semblables. Pourquoi serait-il exclu d’un spectacle dont il est partie prenante en tant que réceptacle et plaque sensible ? Le spectateur est le réalisateur ultime d’un film ; c’est par ses yeux qu’il le fait exister. Sublime démonstration du maître iranien.
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On regarde ces femmes (souvent belles à tomber par terre ; le plaisir des yeux...), on tente de comprendre ce qu'elles regardent (il y a du son), on se demande, entre frustration et fascination, quelle place le cinéma occupe chez soi. Expérimental, certes, mais agitateur de neurones.
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Là où, dans son exercice de psychologie cognitive, Koulechov soulignait le rôle du montage dans la narration cinématographique, Kiarostami démontre que le cinéma fonctionne à la fois par la stimulation mentale du spectateur via des images et des sons, et une contagion d'émotions, échos sensoriels entre un personnage de l'écran et un spectateur (ici une spectatrice) ainsi qu'entre un spectateur et un autre spectateur.
La beauté de Shirin sourd aussi de la communion, captée par Abbas Kiarostami, qui, le temps d'une messe en salle obscure, fait partager à des hommes et des femmes attention, sourires, perplexité, froncements de sourcils, crispations de mains, émois, effrois, tremblements, compassion, larmes.
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Il y a dix ans, quand "la mort du cinéma" était encore sur toutes les lèvres, on aurait sans doute perçu ce renversement comme la réponse radicale d'un auteur face à la crise de son médium. Il est difficile d'y voir plus, aujourd'hui, qu'une nostalgie individuelle.
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Concept intéressant, pour le dire poliment. Mais dispositif un peu contraignant : le film entendu en off restant obscur, on a du mal à vibrer, malgré la beauté insolite des femmes filmées. Pour la petite histoire, Juliette Binoche apparaît. Plusieurs fois. En attendant Copie conforme, du même Kiarostami, où elle aura, cette fois, le rôle principal.
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Pauvreté du jeu, casting ultra-glamour peu réaliste, cet "essai" cinématographique échoue à transcender son dispositif.