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Le drame serait assez classique s’il n’exploitait une situation paradoxale qui oblige les amants à rester séparés malgré une très grande proximité... Selon l’étage, la surface, le décor et la fonction, les différents espaces de la maison donnent une signification particulière à chaque scène, qui peut être d’ordre social, politique ou psychologique beaucoup plus que symbolique. Ces décors servent surtout à déclencher d’infinies variations – parfois très réussies – sur le genre de situations où certains personnages voient et entendent ce que d’autres ne feraient jamais s’ils se savaient vus ou entendus. D’autres, à l’inverse, agissent en sachant pertinemment qu’il n’y a pas de témoins. Le tout pour la plus grande satisfaction du spectateur, à la fois juge et voyeur. Faute de moyens, Rabia ne donne pas la pleine mesure de ses possibilités, traitant seulement en surface certains thèmes (les carcans sociaux et familiaux) tout en se concentrant sur les conséquences du crime à un niveau individuel, pour finir sur un terrain moral. Esthétiquement, le film est intemporel, et il ne faut voir dans l’état de la maison qu’une indication du délabrement de ses habitants.
Toutes les critiques de Rabia
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) les petites histoires de famille vont permettre au réalisateur de dénoncer la décadence d'une bourgeoisie déchue. Sans oublier la critique sociale. Le tout avec en plus une dose d'angoisse et un montage rigoureux.
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(...) Réflexion subtile sur la violence et l'introspection intimiste sont au coeur de ce joli film sensible.
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L'un des enjeux du film est évidemment les retrouvailles du couple et la résolution de cette intrigue menée sur des voies parallèles. On n'en dira rien, sinon qu'un infernal alliage de Kafka et de Buñuel vient à l'esprit à l'issue de ce mélo tourné comme un film fantastique.
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Un huis clos construit à partir des points de vue des deux personnages principaux, offrant ainsi un double suspense nourri par des ressorts dramatiques. Sans parler de la fin. D'ailleurs, on n'en parle pas.
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Produit par Guillermo del Toro, ce huis clos formellement maîtrisé suit la transformation d'un homme enragé en bête sauvage. Sous le vernis d'un film de genre se cache un drame social sur la soumission et les rapports de classe. Percutant, intelligent, malgré quelques longueurs.
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"Rabia" débute comme une chronique sociale en s’attachant au sort peu enviable de ces immigrés clandestins exploités par les pays européens (ici une société espagnole figée dans son passé). Très vite, pourtant, le film bascule dans le cinéma de genre à travers une mise en scène qui joue sur l’enfermement et laisse glisser le quotidien vers ce fantastique cher à Henry James, Borges et Cortázar. Parrainé par Guillermo del Toro, Sebastián Cordero affirme une maîtrise qui ne passe par aucun effet superfétatoire, en dessinant les contours d’un univers impitoyable.
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On pense au Buñuel du Journal d'une femme de chambre dans ce portrait de groupe d'une famille bourgeoise madrilène parasitée par deux oubliés de la société. Le trait n'est pas toujours léger, mais l'angoisse progressive qui prend aux tripes démontre que Cordero maîtrise parfaitement l'art de faire partager avec le spectateur la fureur de vivre de ses personnages.
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(...) c’est ce manque de radicalité qui fait de Rabia un film certes inquiétant, mais qui peine à trouver un principe directeur véritablement fort. En parsemant le scénario de problématiques sociales, psychologiques et sentimentales, Cordero s’éparpille, plus qu’il ne s’aventure dans la complexité. Le récit s’organise en une série d’épisodes malheureusement plus ou moins prévisibles, et qui se succèdent en faisant stagner l’émotion au niveau d’une angoisse diffuse, qui ne retombe ni ne décolle jamais vraiment. Quant à la fin, que nous n’entendons bien sûr pas vous révéler, elle cumule une résolution pressée et un symbolisme pesant, qui laissent au film un goût d’inachevé. Le personnage le plus fascinant, c’est finalement moins celui vers lequel tous les regards sont censés se tourner - la jeune et fraîche Rosa, entre fétiche de soubrette et icône mariale -, que « l’enragé », le très animal José Maria, qui incarne avec brio une peur très contemporaine de l’étranger, sur laquelle le film porte d’ailleurs un regard un peu ambivalent. Malgré le caractère brûlant de son sujet, le plus étrange est donc que Rabia demeure dans l’ensemble un exercice plutôt sage, énième variation sur le thème de la demeure menée avec application par l’élève Cordero, mais qui dissimule mal ses artifices rhétoriques les plus voyants.
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Si Sebastian Cordero réussit à installer une ambiance inquiétante et déliquescente dans cette bâtisse "hantée" par un être qui perd progressivement son humanité, l’intrigue tourne vite en rond. On se lasse de ce jeu du chat et de la souris, entre celui qui observe et ceux qui sont observés. Dommage.
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Le principe du film, c’est la vieille maison gothique recélant de sombres secrets. Concept archaïque que le cinéaste ne parvient pas à renouveler en transposant un roman argentin dans l’Espagne actuelle : un immigré traqué se cache dans une demeure madrilène où sa petite amie est bonniche.
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Teinté de satire sociale, un huis clos imprégné d'une atmosphère délétère étouffante, qui fascine jusqu'au vertige.