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Dans une précédente vie, Nessim Chikhaoui, le co- scénariste des trois derniers Tuche, a travaillé pendant dix ans comme éducateur spécialisé dans des Maisons d’Enfants, établissements sociaux spécialisés dans l'accueil temporaire de mineurs en difficulté. Et en passant le cap de la réalisation, il a donc choisi de raconter ce quotidien- là à travers un personnage (Shaïn Boumedine, aussi lumineux que dans Mektoub my love) qui – comme lui - s’y retrouve propulsé presque malgré lui. Car c’est après avoir raté le concours d’entrée à Sciences Po pour une stupide histoire de carte d’identité oubliée qu’Elias vient occuper ce job en attendant de pouvoir se présenter à nouveau. A la sortie de La Vie scolaire, Grand Corps Malade expliquait à Première son envie de célébrer les profs en montrant autant les rires que les larmes dans les obstacles quotidiens qu’ils pouvaient rencontrer. Nessim Chikhaoui suit ici la même logique. De chaque situation lourde de blessures de ces gamins présents dans le centre, il aurait pu faire un film profondément sombre. Mais ce qui l’intéresse, lui, c’est la possible lumière au bout du chemin. Et bien que cela manque un peu de cinéma, par sa connaissance du sujet, il ne verse jamais dans un optimisme béat et hors sol mais réussit un parfait équilibre entre les moments de tension et ceux de décompression, posant le même œil précis et enveloppant sur les éducateurs et les enfants dont ils ont la charge. Avec en plus, la révélation d’une comédienne explosive qui crève l’écran : Lucie Charles- Alfred, dont la fougue évoque celle d’Adèle Exarchopoulos.