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Paris Hilton peut aller raccrocher sa mini, la Party Girl de cette année, celle qui va tout déchirer, c’est Angélique Litzenburger. Elle a 60 ans, une voix de gamine, des cheveux en pagaille, du maquillage pour quatre et elle entend toujours plaire et faire la fête till the end of the night. Depuis quarante ans, elle gagne sa vie en buvant du champagne avec des hommes dans un cabaret à la frontière allemande mais aujourd’hui, les clients ne se bousculent plus au portillon. Michel, son plus fidèle habitué, amoureux depuis belle lurette, lui propose de l’épouser. Et si elle essayait de se ranger ? Et si elle essayait d’être une mère « normale » pour ses quatre grands enfants, voire une grand mère ? Samuel Théis, l’un des trois co-réalisateurs et coscénaristes, raconte ici l’histoire de ce phénomène qu’est sa mère, jouée par « la vraie » Angélique, sans jamais la juger, sans mépris ni condescendance ni fausse tendresse amusée. Elle est généreuse et égoïste, libre et irresponsable, romantique et légère, elle a 60 ans et 15 ans tout à la fois. Il aurait pu en faire un documentaire (d’ailleurs, les enfants sont joués par les vrais enfants et le reste du cast est non professionnel – tous formidables) mais la puissance de feu romanesque d’Angélique est telle qu’il en a fait une fiction entre comédie romantique pas tout à fait rose et drame social jamais gris : le sublime portrait d’une vieille petite fille qui a décidé de ne pas être raisonnable.
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À 60 ans, Angélique est toujours entraîneuse dans un cabaret à la frontière allemande, par nécessité et par goût même si, avec l’âge, les clients se font plus rares. Quand le plus fidèle d’entre eux la demande en mariage, le ticket de sortie semble idéal. C’est du moins ce que son entourage semble penser. Il y a quelque chose de profondément impudique dans ce portrait de la mère de Samuel Theis, l’un des trois réalisateurs de "Party Girl". D’autant que les rôles principaux sont tenus par les véritables membres de la famille, y compris la petite sœur qui a grandi dans une famille d’accueil. Mais par miracle, de ce matériau autofictionnel au potentiel racoleur, le trio formé à la Fémis parvient à tirer une sève des plus délicates. Pas de condescendance misérabiliste sur les classes populaires en terres lorraines à regretter ici, ni d’apitoiement sur le quotidien a priori sordide d’une d’entraîneuse. On trouve au contraire la palette d’un vibrant mélodrame : des couleurs, d’abord, dès la belle scène d’ouverture dans le monde du strip-tease, dont les teintes tamisées et les corps nimbés d’étincelants lasers verts refusent obstinément d’être glauques ; des rires aussi, qui tutoient parfois le trivial avec légèreté ; et des larmes, notamment lors d’une bouleversante scène de retrouvailles entre Angélique et sa fille, qu’elle n’a pas élevée. Bref, ça déborde de vie, de chaleur et de bienveillance, sans refuser les nuances et les questionnements. Pourquoi Angélique devrait-elle quitter sa joyeuse bande de copines si c’est pour se « ranger » avec un homme attentionné, certes, mais dont elle n’est pas sûre d’être éprise ? Jusqu’au bout, l’héroïne reste libre et imprévisible, à l’instar de ce très poignant premier film.
Toutes les critiques de Party Girl
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Cru, rentre-dedans, fusionnel, abrasif et doux, c’est incontestablement du cinéma.
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Pas de fin heureuse pour les réalisateurs, mais seulement une célébration de la femme à travers la figure d'Angélique, en même temps qu'une ode à la vie, loin de celle du commun des mortels loin de celle que l'on imagine pour sa mère, mais une vie bien encrée dans le réel et dans la joie. On quitte Angélique fidèle à ce qu'elle est, en posant sur elle le même regard que celui de son fils, tendre, aimant, en même temps que rempli de milliers de regrets et de cette tristesse qui ne quittera jamais les beaux yeux bleus d'Angélique.
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À travers cette histoire vraie, Theis et ses complices réalisatrices installent aussi une atmosphère forte qui en dit long sur la région Lorraine et de sa culture ouvrière franco-germanique. Toutefois, c’est bien l’intimité de la tendre Angélique, effrayée à l’idée d’accepter un amour trop sage à son goût, qui reste l’enjeu principal du film. Et lui confère son charme certain.
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Quel formidable personnage! Les rides d'Angélique valent tous les liftings de la terre. Une mangeuse de vie comme on en rencontre rarement.
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Du cinéma-vérité comme on l'aime, brut de décoffrage, qui passe à l'émotion, aux personnages, jamais larmoyant ni même misérabiliste, comme on pourrait le craindre.
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Si "Party Girl" s’enveloppe d’une réalisation plutôt banale, c’est pour mieux servir de toile de fond à ce portrait d’une femme-enfant, une Peter Pan des nuits sans fin et sans fond dont l’égocentrisme juvénile ne fait qu’étancher la généreuse soif de vie.
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Si au début, le parti pris de filmer crûment, en gros plan, le visage fatigué d’Angélique sous son lourd maquillage crée un léger malaise, on est vite émus par cette femme brut de décoffrage, bouleversante de vérité quand elle renoue avec sa fi lle élevée dans une famille d’accueil ou tente de s’adapter à la vie popote que lui offre Michel, un type gentil et bigrement attachant. Irresponsable, immature, égoïste, cruelle, elle continue à 60 ans à vivre comme une ado. Malgré ses excès, on pardonne tout à cette sacrée bonne femme, cabossée par des années à faire la fête dans un cabaret glauque de strip, reflet d’une région en déshérence.
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De cette histoire vraie, avec ses acteurs non professionnels et impliqués dans ce documentaire qui n’en est pas vraiment un, qui tourne parfois à la comédie romantique et qui frise souvent le drame familial, on ressort chamboulé.
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Premier long-métrage servi par un casting d'inconnus, ce film ouvre la sélection Un Certain Regard avec une poésie brute et touchante. Un vrai coup de coeur !
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Réalisé par trois amis, en s’inspirant de la mère excentrique et de la famille atypique de l’un d’entre eux, Samuel Theis, en l’occurrence, "Party girl" c’est l’anti-glamour coutumier au 7e art, une réflexion formidable sur la maternité, les ravages du temps sur le corps et le mental, le diktat de l’apparence qui rend accro au regard des autres, alors que les contingences de la vie vous fragilisent toujours plus devant l’éternel.
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Le film, ouverture d'Un certain regard, arrive précédé d'un buzz d'enfer. Il va bouleverser les foules, c'est sûr, tant il est tendre et touchant. La caméra du trio saisit, en longs plans séquence, la vie tragi-comique de ces personnages, qui errent tous entre bons sentiments et mélancolie. Elle ne quitte presque jamais cette Angélique grandiose et pathétique, qui, par sa démesure, ressemble à une héroïne fellinienne. Bien sur, on est en plein naturalisme : si on aime ça, on sera aux anges…
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Entre réalité et fiction, "Party Girl" zoome sur la drôle d’histoire (vraie) d’Angélique, soixante ans, les cheveux en choucroute façon BB, quatre enfants de pères différents; une sacrée bonne femme, une jouisseuse pas comme les autres. Impossible de ne pas se prendre de sympathie pour elle – c’est là toute la force du film. "Party Girl" est une belle surprise; un premier film marqué d’une patte et d’une ambiance singulière, à la fois kitsch et rustique.
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Un entrelacement fascinant et puissant de faits réels et de fiction.
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Récompensé par la Caméra d'or à Cannes, ce film épatant raconte comment une entraîneuse de bar finit par épouser un client... Une histoire de famille. "Party Girl" parle, rit et pleure vrai. C'est de la vie en concentré. Et c'est le nouveau cinéma français.
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Ultranaturaliste et pourtant plein de poésie, tragique mais pas misérabiliste, parfois même drôle et savoureux, à l'image de son héroïne qui n'avait jamais tourné auparavant, ce film sur le désenchantement, s'impose subtilement mais sûrement comme un coup de coeur.
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Du cinéma naturaliste et enivrant.
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"Party Girl" associe le vrai (les personnages et leurs interprètes, les situations, les lieux) et le faux (la ligne dramatique), qui tout du long se chevauchent, s'échangent, se confondent, se trahissent parfois. (...) "Party Girl" est un premier film en forme de quadruple révélation : trois cinéastes et une actrice.
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La tension monte : Angélique n’est pas à l’aise avec cette histoire de mariage même si autour d’elle, on aime la manière dont elle « essaie » de changer. Ce conflit intérieur, suffocant sous le regard qu’on porte sur elle, c’est toute la beauté de ce film hyper naturaliste… qui a un défaut : le point de vue de ses réalisateurs. Beau et simple d’abord, il se hisse au-dessus des personnages et de l’histoire et on décèle au final une forme d’abus de pouvoir sur le film et un manque d’altruisme.
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Le recours à la fiction, injectée à doses massives dans cet ensemble documentaire constitué - tous les personnages jouent leur propre existence, à l’exception d’un acteur, le soupirant d’Angélique -, finit vite par produire un objet à la Strip-tease, l’émission belge qui joue sur la sidération cruelle d’assister à une mise à nu involontaire. A la différence près, gênante, que tout prend ici une tournure artificielle déclenchée par le dispositif même.
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Un film imprégné du monde réel sans aucune fausse note mais qui présente, en fin de compte, peu de consistance.
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Une fois qu'Angélique s'essaie à la normalisation, "Party Girl" se mue en un film de famille tour à tour brutal et doux, sentimental et froid. Samuel Theis a obtenu non seulement le consentement, mais la collaboration active de sa fratrie, pour mettre en scène un personnage de mère qui voudrait enfin devenir digne.(...) Le scénario et la mise en scène font d'elle l'enjeu d'une lutte vieille comme la vie en société, entre le compromis et la liberté, la responsabilité et le désir. Cette gravité affleure par moments sous la chronique d'une de ces vies qu'on ne voit jamais à l'écran.
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Beau portrait d’une sexagénaire en pleine crise existentielle, le film trébuche sur son rapport au réel. Il serait injuste et surtout absurde de faire de "Party Girl" un bouc émissaire, mais on peut profiter de sa visibilité, et même de sa relative réussite en tant que produit typique d’une nouvelle efficacité du jeune cinéma français, pour lui accrocher quelques remarques. La première serait d’insister sur le fait que le documentaire ne peut pas être réduit sans dommages à un effet de style, une focale sporadique dans un tableau fictionnel. La seconde serait d’interroger le film sur ce qu’il montre mais n’interroge pas : la marginalité, laissant le sentiment d’altérité s’engloutir dans celui d’opacité. Le mystère psychique d’Angélique Litzenburger reste en effet intact, avec son incroyable absence de distance vis-à-vis d’elle-même, éternellement de plain-pied avec l’action et la vie, mais presque imperméable à notre empathie, ou à notre curiosité cherchant, longtemps après le film, à la comprendre.
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Le talent d’Amachoukeli, Burger et Theis est tout entier dans ce geste qui consiste à savoir s’effacer, à prendre conscience d’emblée qu’Angélique Litzenburger était déjà un film en soi, qu’il fallait juste guider, nourrir et articuler, sans lui imposer de carcan trop rigide, comme un tuteur qui aide une plante à pousser droit. Avec ses mouvements d’humeur et ses virages alcoolisés, Angélique marquise des franges avance, mais pas toujours très droit, imprimant au film sa tenue mal élevée, mal peignée, brute de brut. On sort un peu étourdi, révigoré, ému par cette rencontre avec la "party girl" matriarche qui règne sur son clan autant qu’elle est gouvernée par lui.
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Poétique et social, naturaliste et sensuel. (...) A la fois poétique et social, fictif et réel, naturaliste et sensuel, "Party Girl", film d'amour sous toutes ses formes (filial, maternel, etc.), avance sous l'ombre portée de Cassavetes, Kechiche et Pialat, saisit par la seule force de sa mise en scène la matière brute d'un milieu - celui de la nuit -, prend le temps d'évoquer la fragilité masculine et invente de nouveaux visages de cinéma : ceux d'acteurs non professionnels puisés dans la propre famille de Samuel Theis puisqu'il raconte ici son histoire.