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Il arrive que la réalité vienne violemment télescoper la fiction. Le 18 avril, en plein montage de Notre dame, Valérie Donzelli voit... Notre-Dame, le cœur de son cinquième long, prendre feu. Une tragédie qui modifie forcément notre relation à ce film, comme l’imminence d’un moment qui n’existera plus. Ce sentiment de nostalgie immédiate rajoute une couche de singularité à un film qui n’en manque pas. Car après le rejet injuste de Marguerite & Julien, Valérie Donzelli renoue avec l’ADN de son cinéma : un matériau autobiographique (ses amours, ses enfants, ses emmerdes...) revu et corrigé par une irrésistible folie non-sensique. Elle y incarne une architecte qui, sur un malentendu, remporte un concours pour réaménager le parvis de Notre-Dame. Le point de départ d’un chaos permanent et insoluble, où jongler entre cette nouvelle responsabilité, le père de ses gamins qu’elle n’arrive pas à quitter et le retour dans sa vie d’un amour de jeunesse va vite devenir mission impossible. Surtout dans un Paris aussi chaotique que burlesque, où les gens se giflent pour un oui ou pour un non, les moines sont devenus diabétiques à force de manger les offrandes sucrées des croyants, sur fond de chaînes d’info diffusant en boucle des nouvelles plus apocalyptiques les unes que les autres. Chez Donzelli, anxiogène et hilarant sont tout sauf antinomiques. Son inventivité semble sans borne. Et si, dans ce tourbillon, des scènes tombent à plat, qu’importe ! Cette maladresse nourrit son petit monde de fantaisie reine, débordant d’amour fou pour un cinéma qui enveloppe autant qu’il réveille.