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Avec sa complice Agnès de Sacy, elle [Zabou Breitman] signe une nouvelle adaptation pleine d’humanité, d’amour et de mélancolie que cristallise le personnage de Lou, petite surdouée délaissée par ses parents qui trouve une raison d’avancer et de se construire au contact de No. No, la jeune femme qui dit parfois oui, est son opposé : délurée, agressive, bavarde. Leurs premières rencontres, dans un bar où Lou est censée interviewer No, se transforment en rounds de boxe, avec la SDF dans le rôle de la puncheuse aveugle et son interlocutrice dans celui de l’encaisseuse patiente.
L’apprivoisement progressif de No par Lou, et réciproquement, débouche ainsi sur de purs moments de grâce. L’alchimie entre Nina Rodriguez et Julie-Marie Parmentier conditionnait la réussite du film, toujours sur la corde sensible, rarement dans la sensiblerie malgré une voix off assez dérangeante.
Toutes les critiques de No et moi
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Avec ses trois jeune comédiens au diapason, dont chaque personnage souffre d'une absence affective importante, Zabou nous offre un bel élan de jeunesse, de liberté et de beauté. Le regard de Lou, encore enfantin et naïf mais déjà marqué par les réalités de la vie, vous hantera longtemps.
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(...) entre l'errance des démunis, la solitude des ados, les névroses des adultes, un point de vue, lumineux souvent, énervant parfois, prédomine, celui de Lou. C'est elle l'atout maître de cette histoire âpre mais joyeuse, adaptée du roman de Delphine de Vigan.
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Si Zabou Breitman ne retrouve pas la grâce de Se souvenir des belles choses (ne parlons pas des beaucoup moins réussis L'Homme de sa vie et Je l'aimais), c'est parce qu'elle ne choisit pas vraiment entre deux options : une histoire d'adolescence (Lou) ou un sujet social (No). Pourtant, au fil du récit, le film finit par peindre un bel objet, sincère dans ses intentions et porté par deux formidables comédiennes : Nina Rodriguez (Lou) et Julie-Marie Parmentier (No). Rien que pour elles... comme on dit.
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La rencontre entre une gamine solitaire (Nina Rodriguez) et une SDF est filmée avec violence et tendresse par la réalisatrice de Se souvenir des belles choses. Par-delà la chronique sociale, la cinéaste livre une réflexion sur l'amour maternel et la solidarité.
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Adapté du roman de Delphine de Vigan qui fut l’an dernier en lice pour le prix Goncourt, ce film est une pure réussite portée par un remarquable éventail d’acteurs. Nina Rodriguez n’est pas tellement tombée par hasard dans la gueule de Lou. Zabou Breitman s’est aperçue… après coup, qu’elle avait joué sa mère dans « le Premier Jour du reste de ta vie ». La gamine déploie un instinct de jeu qui s’accorde à merveille avec Julie-Marie Parmentier. Cette dernière, fébrile, électrique, vaillant petit soldat de la misère et de la beauté, progressant baïonnette au canon entre l’espoir et l’angoisse, nous bouleverse avec bonheur et file droit vers les Césars. Oui à No!
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Sur le thème très actuel du fossé social, Zabou Breitman signe avant tout un beau drame familial, sensible et émouvant.
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Tendre, drôle et inattendu, le film doit aussi beaucoup à l’énergie irrésistible de Julie-Marie Parmentier.
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La Zabou réalisatrice a des idées de mise en scène. Elle filme une cour de récréation en se polarisant sur les bottes des filles, une scène de bain comme une cérémonie japonaise, une scène de repas de famille comme un concours de névroses, elle figure l'incorrigible soif de liberté de No par un dessin animé. Elle distille de ci de là des notations personnelles qui nous rappellent son obsession du temps.
Elle est moins convaincante lorsqu'elle tente de figurer l'ivresse insouciante des jeunes en fièvres musicales, flirte avec le pathos quand elle déclenche un Jesu Christi de Purcell pour dire la souffrance d'une fille à qui sa mère recluse à Ivry a refusé d'ouvrir la porte. Elle n'efface pas le soupçon de mièvrerie qui plane sur le traitement de cette histoire où les gens de la rue, en fin de compte, sont absents.
Sa grosse erreur est d'avoir choisi de faire interpréter la SDF par une actrice confirmée. Julie-Marie Parmentier a un talent fou, de l'abattage à revendre (elle l'a prouvé dans Charly d'Isild Le Besco), mais on ne croit pas une seconde à son théâtral numéro de singe savant. Clope en bec, phrasé rude, gestes de poivrote : on a l'impression qu'elle fait un sketch.
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D'emblée, on peine à croire à ce conte de fées urbain, cette histoire de résilience un poil trop rassurante entre une SDF et une petite fille modèle. Zabou Breitman filme un Paris mélancolique, au ras des trottoirs gris ou dans la chaleur éphémère des cafés, bel écrin d'images volées au réel. Mais ce « décor » quasi documentaire fait paraître plus artificiel encore le lien naissant entre ses héroïnes, leurs dialogues très écrits, leurs quatre cents coups prévisibles.
Démarche claudicante, lèvres perpétuellement retroussées sur une drôle de grimace, entre gouaille et douleur, Julie-Marie Parmentier surcharge son personnage. A force de tics hystériques, elle le tire vers un one-woman-show, un portrait de zonarde caricaturale qui dévore le récit. C'est d'autant plus dommage que la douleur stuporeuse de la mère de Lou (interprétée par Zabou Breitman elle-même) et son détachement glaçant lorsqu'elle raconte le drame qui a brisé sa vie témoignent d'une acuité qui manque étrangement au reste du film.
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On a bien compris sur quoi reposait No et moi : l'embarras des riches à l'égard des pauvres, leitmotiv moral vieux comme le monde, mais très à la mode en temps de crise. D'où ce très évocateur désir d'identification du titre, qui réunit personnages sédentaires et public potentiel dans le même état d'âme. Pris en charge par une gamine mignonne comme tout, le récit finit de s'inscrire, on ne peut plus clairement, dans le registre de la fable pour riches, où il s'agit moins de combattre la misère que d'apprendre à vivre avec, comme n'importe quel autre problème domestique. À la souffrance sociale, Breitman oppose d'ailleurs la souffrance intime qui pèse sur les parents de la narratrice, bouleversés par la mort de leur bébé. Manière pas vraiment subtile de rappeler que l'argent ne fait pas le bonheur ? Il y a beaucoup de ça. Quand la clocharde apprend la nouvelle, racontée en plan séquence par une Zabou sous le choc, façon confession chez Delarue, on voit bien qu'elle n'en mène pas large. Enfin, on se contente de l'imaginer, le film cadrant pleins feux sur la bourgeoise qui retient ses larmes, laissant des miettes à sa pauvre confidente.
Certes, le plus gros du film n'est pas aussi nombriliste. Il y a là une indéniable empathie envers le sort des miséreux, laquelle confine néanmoins à une forme de fascination zoologique, doublée d'une aubaine pour produire de belles images. Une crise de manque est l'alibi idéal pour un clip sur fond musical d'électro chic, une réunion de clodos au crépuscule, l'occasion de se payer un plan en grue de la gare d'Austerlitz avec le métro aérien. Sans oublier No, SDF bigger than life interprétée avec une outrance de show girl par Julie-Marie Parmentier, spécialiste du prolétaire trash (vue chez Isild Le Besco ou Guédiguian) que Breitman circonscrit à un registre presque canin : compagne de jeu rigolote pour les enfants, que les parents finissent, attendris mais pragmatiques, par abandonner au pied d'un lampadaire.