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On assiste à une succession de prouesses plus ou moins réussies (parfois très sexy avec Penélope Cruz) et de plaintes émouvantes (celles de Marion Cotillard, savamment effacée), sans que le lien entre elles soit assez fort pour nous faire adhérer au tsunami des sentiments qui désintègre le cinéaste. C’est surtout l’inégalité des séquences qui est gênante : pour un souvenir envoûtant sur une plage où l’enfant Contini s’émerveille de la sensualité d’une prostituée (Fergie), sa rencontre avec sa muse (Nicole Kidman) manque cruellement de relief. Les numéros musicaux sont du même acabit : l’ouverture est carrément ratée, quand la confession de la mère (Sophia Loren), trop statique, reste attendrissante. Enfin, « l’italianité » revendiquée artificiellement est un autre point faible de ce show rodé à l’américaine, efficace techniquement mais sans les états d’âme qui l’auraient rendu bouleversant.
Toutes les critiques de Nine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le film ne possède peut-être pas l'unité stylistique de Chicago, il n'en est pas moins un moment d'évasion au royaume des muses.
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Dans une veine de comédie musicale assez sommaire, ce Nine manque cruellement d'émotion et dimension psychologique. Ce qui est son vrai sujet, l'artiste maudit, semble passé aux oubliettes. Dommage !
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Librement inspiré de 8 ½ , avec un crochet par la comédie musicale de Maury Yeston qui fit un carton à Broadway dans les années 80, Nine est un film bien léché, à l’esthétique visuelle soignée - on note l’attention toute particulière portée à la scénographie des numéros, dans un esprit très cabaret - mais qui manque de souffle et de corps. La narration peine à avancer entre deux tours de chant, de sorte qu’elle est parfois réduite à un défilé de personnages, du curé à la groupie (l’un n’excluant parfois pas l’autre) qui n’ont pas le temps de s’installer.
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Les chansons sont moches - vieillottes ou nunuches -, ce qui, évidemment, pour une comédie musicale, est rédhibitoire. Les numéros musicaux, en revanche, sont assez rigolos. A son image, entre paillettes et émotion, le film va son bonhomme de chemin, sage hommage à une dolce vita depuis longtemps disparue.
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Le défilé de stars n'y peut rien : Marshall confond volupté et vulgarité, les condamnant à des numéros peu subtils.
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Les chansons sont affreuses, le glamour est absent, ça cabotine à n'en plus finir, ça "prend la pose, pense à autre chose".
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Si l'on est séduit par l'hommage au cinéaste, auquel Daniel Day-Lewis prête tout son charisme, l'ensemble est globalement inégale et tutoie parfois le ridicule. Notons la belle prestation de Marion Cotillard, qui éclipse ses consoeurs.
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Loin des Donen et Bubsy Berkley, Marshall se révèle donc incapable de ressusciter la plus petite flamme de ceux qui ont donné ses lettres d'or au genre. Il n'a même pas le sens du rythme, du découpage ou du montage d'un Adam Shankman (remake d'Hairspray). Pire, ses numéros ne misent que sur la performance de son casting. Pas un problème en soi, sauf quand celui-ci n'a pas le niveau et se retrouve dispatché en une série de scènes vignettes où chacun(e) fait son médiocre tour de piste ; laissant alors la désagréable impression d'un film éclaté, tributaire de ses stars, reposant sur leur aura ad hoc, sans rien en tirer d'autre que des références poussives et suffisantes. Ainsi Cotillard joue les sous Audrey Hepburn, Penélope Cruz une plus que vulgaire Sophia Loren (de la partie aussi, pour boucler la boucle) ou encore Nicole Kidman une pseudo Anita Ekberg (seule Kate Hudson sort du lot, car peut-être plus candide). Nine se veut lyrique, intelligent, cultivé, glamour, faire hommage, il est prétentieux et jamais à la hauteur de ce qu'il prétend être.
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(...) le plus impardonnable reste que, pour rendre hommage à Fellini, l'indigne Rob Marshall fait appel à Sophia Loren, confond la sensualité pulpeuse d'Anita Ekberg avec la filiforme et nullement érotique Nicole Kidman et nous inflige des chorégraphies inspirées des prime time de la Rai berlusconienne. Remboursez !
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Chansons nulles, numéros ringards, mise en scène vulgaire… Si ce n’est Marion Cotillard, éclair de finesse dans ce déluge de mauvais goût et de stars botoxées, rien ne surnage. Pas même Daniel Day-Lewis qui chante comme Boris Karloff !
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Sans surprise, Rob Marshall, dont on connaît la très lourde caméra depuis Chicago et Mémoires d’une geisha, ne parvient qu’à un travestissement poussif. (...) Mais le plus gênant est le discours sur l’art que le film reproduit de façon purement mécanique. La crise d’inspiration, les tortures inhérentes à l’acte de créer, l’angoisse de n’avoir plus rien à dire, tous ces motifs à partir desquels Fellini déployait des mondes, c’est peu dire que le tâcheron Rob Marshall les duplique, mais n’y a pas accès.
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Quelque part, dans la genèse de ce film, on trouvera 8 ½ de Fellini. Adapté d'une comédie musicale produite sur Broadway, ce film cache cette ascendance. On ne la devinera qu'à son titre, surenchère qui se voudrait ironique mais n'est qu'une des manifestations du mauvais goût ici à l'oeuvre. Et le réalisateur Rob Marshall, qui avait déjà réduit en miettes (c'est-à-dire en plans de moins de dix secondes) une comédie musicale décente, Chicago, et qui ici trouve un matériau à la mesure de son absence de jugement esthétique.