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C’est un cas d’école : comment filmer la transsubstantiation d’un corps, le passage d’une enveloppe charnelle à une autre ? Ca n’est pas la première fois que le cinéma se colle (Buñuel ou John Woo s’y sont frottés), mais De Van propose une nouvelle version à la fois audacieuse et… parfois ratée.
Ratée parce que la cinéaste ne parvient jamais à faire avaler la pilule à 100%. 2/3 Sophie, 1/3 Monica (ou vice versa), le visage de Jeanne laisse le spectateur incrédule, d’autant plus gênante que la cinéaste cherche souvent à foutre la trouille. Et l’emploi de deux stars rend la fusion forcément délicate. Mais pour le geste (réconcilier cinéma d’auteur et film fantastique), pour la sublime idée de départ (filmer le dévoilement de la vérité et non le trouble originel) et quelques plans anthologiques, Ne te retourne pas mérite réellement d’être découvert. De Van confirme sa place atypique au sein du cinéma français.
Toutes les critiques de Ne te retourne pas
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une oeuvre étrange et imprévisible où se succèdent les styles comme les genres. Le film fait peur, fait rire aussi. Effrayant, grotesque, baroque mais épuré. On pense autant à Cronenberg ou à Almodóvar qu'à ces polars italiens fauchés, les « gialli ». Un prototype stimulant de cinéma figuratif et défiguré.
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Ne te retourne pas n'est pas le film de l'année et pourtant vous pourrez d'emblée être intrigué par cette histoire qui commence par un reflet de femme qui se dérobe dans un miroir. Marina de Van a le sens du récit et rend haletante cette quête métaphysique qui traite des chagrins de l'enfance et le sentiment de solitude qui envahit tout le monde un instant, à cet âge de la vie.
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On imagine ce qu'un Roman Polanski aurait pu faire avec tels ingrédients. Ici, on se perd dans la course identitaire de l'héroïne. Tout se passe comme si, trop concentrée à diriger les effets spéciaux qui assurent la mue de Sophie Marceau en Monica Bellucci, Marina de Van avait un peu oublié son film, qui reste un beau numéro d'actrices.
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Le mystère de Ne te retourne pas se défait très vite, plus vite que le film n'avance. Plutôt que de jouer, comme dans les films cités plus haut, sur l'ambivalence entre l'analyse psychologique et la fiction fantastique, Ne te retourne pas choisit bientôt le camp de l'étude de cas, finalement assez réaliste. (...) Il y a de meilleures manières de passer deux heures au cinéma que de relier les points qui mènent de Jeanne à Jeanne.
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La déception est rude tant il manque l'auteur qui avait mis en marche cette machine à fantasmes. Pourtant, c'est bien Marina de Van qui a coécrit et réécrit le scénario, assuré la réalisation. Mais il reste bien peu de l'ambition folle de son premier film, mélange inédit de fantastique psychiatrique et de critique sociale radicale.