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Marga a l’intelligence de ne pas justifier un tel revirement par le fameux bon sens paysan. Mais, adapté de l’autobiographie de l’une des protagonistes, le scénario accumule les situations types qui, bien que véridiques, se résument à des images d’Épinal. Quant à la mise en scène, elle échoue à donner la mesure de ce temps qui paraît atrocement suspendu au fin fond d’une ferme. Chaque jour, chaque minute, il faut que chacun demeure sur le qui-vive et se terre dans le secret ou dans un grenier en espérant des jours meilleurs, alors même que la propagande nazie martèle que le Reich est parti pour durer mille ans.
Toutes les critiques de Marga
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le sujet est suffisamment dramatique pour justifier la sobriété de la mise en scène, qui tire toute sa force de la vérité humaine des personnages.
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Mais l'intérêt même du sujet, son traitement évitant toute concession au lacrymal et la sobriété de son interprétation (dont Veronica Ferres en mère juive) sortent ce film de l'imagerie "téléfilm" qui le guette souvent.
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S’inspirant des souvenirs de Marga, le réalisateur Ludi Boeken ("Qui a tué Georgi Markov ?") livre un récit simple, poignant, lucide, qui s’achève avec l’image de la véritable Marga, vieille dame souriante, la main dans la main avec sa bienfaitrice.
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On mettra au crédit du film un effort remarquable de reconstitution de la vie paysanne de l’époque, même si les acteurs s’expriment dans un allemand trop propre, nettoyé d’expressions dialectales, pour être tout à fait crédibles. Les acteurs sont tous très professionnels et irréprochables mais Veronika Ferres, grande vedette en Allemagne, est une Marga bien froide et souveraine face aux malheurs qui l’accablent. Lorsqu’à la fin du film on voit apparaître la vraie Marga Spiegel au milieu de l’équipe, son intervention, censée cautionner l’authenticité de l’entreprise en fait plutôt sentir les limites et les faiblesses. Certes, le réalisateur joue la carte de l’émotion avec une certaine sobriété, évitant de la souligner trop lourdement par la musique ou le montage, mais le sujet, passionnant, eut sans doute réclamé davantage de prise de risque.
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Ce n'est pas la mise en scène, plutôt académique, qui retient l'intérêt, mais un sujet rarement évoqué à l'écran : la résistance allemande, au sein même du Reich. Si plusieurs films (dont Sophie Scholl, les derniers jours, de Marc Rothemund) ont déjà évoqué le destin tragique du groupe La Rose blanche, l'héroïsme des fermiers de Westphalie est demeuré dans l'ombre. Le cinéaste rappelle que certains Allemands ont su dire non, alors même que leurs fils succombaient sur le front de l'Est. Il dépeint la peur, le doute, la force morale de ces « Justes », parfois en conflit avec leurs propres enfants : une génération de mouchards aveuglés par l'endoctrinement nazi.
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Marga Spiegel est une survivante. Elle, la paysanne juive et allemande, a échappé aux camps de la mort, ainsi que son mari et sa fille, grâce à une famille de fermiers, dont le père était pourtant inscrit au parti nazi et le fils soldat de la Wehrmacht. C’est cette incroyable histoire que relate Marga, de Ludi Boeken, un film d’autant plus fort qu’il évite tous les pièges du pathos.
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Basé sur la véritable histoire de Marga Spiegel, une jeune juive sauvée de l'extermination nazie par des fermiers allemands, ce film a pour intérêt majeur de rétablir une vérité historique souvent occultée : tous les Allemands n'étaient pas nazis et tous n'approuvaient pas la conduite du régime hitlérien à l'égard des juifs. Mais l'intention ne suffit pas. Le propos est desservi par une mise en scène très empesée et des personnages tellement d'un bloc qu'on n'y croit guère.
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(...) le réalisateur néerlandais Ludi Boekens a fait un film qui tombe dans tous les pièges que lui tend cette situation exceptionnelle. Loin de lui l'intention de nier le gouffre sans fond que forme pour l'espèce humaine (et particulièrement pour ses représentants européens) l'extermination des juifs.
Mais la relation d'un épisode particulièrement exceptionnel (puisque le nombre d'Allemands qui s'opposèrent dans les actes à la persécution des juifs est infime) l'amène à traiter cette histoire comme n'importe quel acte de défiance face à l'autorité, mélangeant suspense et moments de détente, se contentant de brosser à grands traits la vie quotidienne dans une campagne allemande sous le IIIe Reich.
Or l'histoire de la famille Spiegel aurait eu besoin de profondeur de champ, d'être intelligemment inscrite dans cette gigantesque tragédie, au lieu d'être traitée sur le mode de l'anecdote.