Fluctuat
En adaptant le roman de l'afghan Khaled Hosseini (paru en 2003), Marc Forster, réalisateur du futur James Bond, choisit de confronter sa caméra aux tragédies géopolitiques. Il en résulte un curieux mélange de lucidité et de sensiblerie.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaCes Cerfs-volants ont tout du projet déconcertant : le réalisateur américain de Neverland et de L'Incroyable destin de Harold Crick qui recrée le Kaboul des années 1970, avec des comédiens égyptiens, afghans et iraniens, des dialogues en dari (la langue afghane) et un tournage en Chine populaire
Le tout financé par Hollywood, on pouvait craindre les gros sabots.
Cette suspicion s'efface pourtant assez vite, face à l'humilité du regard porté sur la vie du Kaboul « de l'avant » (avant l'invasion des Soviétiques de 1979, avant le règne des Talibans et avant la guerre post-11 Septembre). Si on a tendance à associer cette période à un âge d'or pacifique, Marc Forster s'en empare comme d'un cadre neutre, plutôt apaisant, mais non dénué de douleurs secrètes. Aidé par de brillants comédiens, le récit prend le temps de capter un parfum original, celui d'une enfance que l'on sait menacée par de futures tragédies politiques.Pourtant, le film n'évite pas entièrement les grosses ficelles. En mettant l'accent sur la culpabilité d'un acte d'enfance, la fiction tire parfois vers le mélodrame et court le risque d'un certain formatage. Mais cette sensation se double d'un réel effroi face à la sécheresse des séquences du « retour dans l'Afghanistan des Talibans ». La mise en scène, évitant les effets pompiers, dépeint froidement la violence du fanatisme et des injustices faites aux femmes (terrible scène de lapidation publique).
Marc Forster tire évidemment sur la corde sensible lorsque l'Amérique se présente soudain comme une idyllique terre d'accueil. Une musique sirupeuse fait irruption, aseptisant la conclusion. Mais cette exagération musicale constitue également une prise de distance ironique, comme si cette esthétique hollywoodienne avait conscience d'être too much. En montrant un trop grand ensoleillement des séquences californiennes, Les Cerfs-Volants de Kaboul attirent aussi l'attention sur la trop grande confidentialité qu'a longtemps fait régner le cinéma américain sur les drames du monde extérieur.Les Cerfs-volants de Kaboul
De Marc Forster
Avec Khalid Abdalla, Homayon Ershadi, Saïd Taghmaoui
Sortie en salles les 13 Février 2008Illus. © Paramount Pictures
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Elle
par Françoise Delbecq
Empreintes de lyrisme, ces scènes magnifiques sont sublimées lors du concours de cerfs-volants. Mais, lorsque tout s'envenime, Marc Forster s'englue dans une manière de filmer plus conventionnelle. Dommage.
Pariscope
par Arno Gaillard
Le réalisateur montre la barbarie du régime des talibans qui succéda à l’invasion soviétique. Il filme aussi magnifiquement, les pacifiques batailles de cerfs-volants dans le ciel de la cité. Mais le véritable drame de ces douloureux souvenirs, c’est une blessure terriblement humaine entre deux êtres, et qui ne cicatrisera pour l’un d’eux que par la repentance et l’adoption d’un enfant. On est bouleversé par l’un des derniers plans du film dans lequel Amir, interprété par Khalid Abdalla vu dans « Vol 93 », et qui apporte beaucoup à ces « Cerfs-volants de Kaboul », crie à un petit garçon tout son amour : « Pour toi un millier de fois ! » Une œuvre très émouvante.
Le Monde
par Isabelle Regnier
A partir d'une intrigue grossièrement ficelée, le film distille une vision manichéenne, et totalement pro-américaine de l'histoire, renvoyant dos à dos les communistes et les talibans, vantant les vertus du courage, de la virilité, et de la réussite sociale.