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Quel lien relie une mère au foyer qui cherche à faire taire le chien du voisin en lui donnant des somnifères, un vieil homme aux airs de parrain mafieux et un riche play-boy angoissé par le braquage de voiture qu’a subi sa copine ? Un lieu, Recife, agglomération située au nord-est du Brésil, et une atmosphère particulière, faussement calme. En travaillant subtilement la matière graphique et sonore de son propre quartier, Kleber Mendonça Filho brosse le portrait mi-documentaire, mi-abstrait d’un pays qui, malgré sa modernité apparente, reste hanté par son passé esclavagiste. Influencé par John Carpenter, le cinéaste géométrise l’espace tout en condamnant les perspectives, créant ainsi un univers fantastique qui repose sur la puissance du hors-champ. Comme emmurés dans leurs ancestrales relations maîtres-valets, les personnages de ce premier film électrique et maîtrisé forment un agrégat de bulles solitaires prêtes à exploser
Toutes les critiques de Les bruits de Recife
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Loin de laisser la vérité humaine à distance, cette mise en fiction du réel semble n'avoir pour but que de nous en rapprocher, comme si nous y étions poursuivis à notre tour par les spectres sonores. Célébré au Brésil comme à l'étranger, Les Bruits de Recife vaut pour la force du tableau sociétal qu'il propose autant que comme objet cinématographique rare, alliance étonnante d'inventivité et de rigueur.
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Deux mondes (ancien et moderne), deux registres (hyperréalisme et irréalisme, social et onirisme), deux modes (fiction et documentaire), sans jamais élire de territoire. C'est ce qui fait le charme du film, réel et persistant.
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Le bruit, métaphore sourde d’une violence urbaine ? Il ne fallait pas seulement y penser, il fallait l’exprimer. Ce film le fait à merveille.
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Dans ces purs saisissements de cauchemar narquois (dans la lignée des splendides courts métrages de l’auteur, Vinil verde et Electrodomestica) éclate la singularité de ce premier film étonnant, parfois encore broussailleux, mais dont le travail sur l’espace et l’indicible porte une vraie détermination cinématographique.
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Derrière l’observation méticuleuse du documentaire serpente un sombre double fictionnel, qui modalise cette chronique des classes moyennes en un thriller sans mort ni disparu, aux confins du fantastique social.
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Les Bruits de Recife parvient magistralement à rendre la persistance anxiogène et à faire entendre les murmures souterrains des esclaves opprimés.
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Entre thriller et peinture sociale, un premier film intrigant qui joue avec maîtrise de l’ellipse pour découvrir sous le quotidien des énigmes inquiétantes. Avec, pour accentuer le mystère de la ville et de ses habitants, une bande sonore aux bruitages extrêmement travaillés.
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Ce film n’est pas un simple collage, une juxtaposition de moments ; c’est une véritable tapisserie, où tout est relié par des fils narratifs complexes. Pour une fois, on peut conseiller la bande-annonce du film, formidablement rythmée par le montage et la musique, qui condense génialement cette chronique lyrique du quotidien.
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Portrait de la ville brésilienne hantée par un sentiment d’insécurité aux antipodes des clichés de favelas et des cartes postales exotiques. Un premier film remarquable.
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Entre critique sociale et western urbain aux accents fantastiques, “Les Bruits de Recife” est une œuvre étonnante, formellement somptueuse et d'une grande subtilité.
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Entre réalisme mordant, humour et onirisme, comédie et thriller, "les Bruits de Recife" nous entraîne à la suite des personnages dans le labyrinthe sans fin –et sans place perdue- de tours sans âme ni aires de jeux, porté par une incroyable bande son qui se dévide hors champ. Aboiements, grincements, percussions, crissements : autant d’indices semés par le cinéaste pour écorner l’ image tranquille d’une paisible vie moderne.
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Le réalisateur parvient à créer une tension très subtile, à travers des faits plus ou moins anodins, toutes sortes de désagréments suscitant des échanges de voisinage. Se dessine une mosaïque, aux motifs particulièrement signifiants, sur le Brésil d'aujourd'hui.
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Pari réussit du réalisateur Kleber Mendonça Filho dans ce film très abouti qui tresse des images sensuelles et fait passer au second plan l'intrigue proprement dite.
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Ainsi ces touches légères sur la vie d’une rue s’ordonnent-elles en un tableau d’une extrême noirceur. Le tout sans hausser le ton jusqu’au pamphlet. En cinéma de l’ordinaire.
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Avec ce portrait tranchant et teinté de drôlerie de la classe moyenne, il a ambitionné de faire "un soap opéra filmé façon John Carpenter. Mission accomplie.