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Surprise ! Non seulement Guillaume Canet se montre à la hauteur de son ambition, mais il lui imprime une identité, une émotion et même un humour qu’on ne soupçonnait pas chez le styliste un peu distant de Mon Idole et de Ne le dis à personne. Loin de céder à la tentation de l’éparpillement, le scénario plonge dans les abysses d’un sujet fort, l’amitié, dont il explore les ambiguïtés avec une précision de télépathe, une lucidité cruelle et une intuition de médium générationnel. Épaulé par un ensemble d’acteurs fusionnels en forme de casse-tête pour les prochains César (dont Benoît Magimel, qui fait un come-back qu’on n’attendait presque plus), maître d’une mise en scène à la fluidité aussi rigoureuse que (parfois un peu trop) discrète, le réalisateur dégoupille ainsi des questions primordiales. Faut-il être quitté pour s’apercevoir qu’on est amoureux ? Quels risques doit-on prendre pour ne pas mourir avec des regrets ? La sécurité d’un groupe est-elle vraiment un remède à la solitude ? Les pistes de réponses qu’il soumet explosent le cadre, jusqu’à un final dévastateur propre à essorer toutes les réserves lacrymales.
Toutes les critiques de Les Petits Mouchoirs
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) si l'humeur est empreinte d'une vraie mélancolie, l'humour est toujours en embuscade. Si bien que l'on passe avec bonheur du rire aux larmes. N'oubliez pas vos petits mouchoirs.
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Balancer ses quatre vérités à un pote peut fissurer une amitié ou, au contraire, s'ils traversent la tempête, la cimenter. Ce constat, le cinéaste le dresse avec tendresse. Emmenée par une troupe de gais lurons, tous césarisables, la tragicomédie de Canet bouillonne d'énergie, regorge de vie et de vitalité. Elle regonfle le moral mieux qu'un camion de Prozac®, et pourtant elle n'hésite pas à plonger dans les eaux profondes du mélo et de l'émotion pure. Un conseil : n'oubliez pas vos grands mouchoirs !
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Des instants de mélancolie d'une force rare se glisse entre les rires, et c'est ce jeu subtil qui emporte l'adhésion autant que l'enthousiasme généralisé des acteurs. Annoncé comme un succès depuis plusieurs mois, Les Petits mouchoirs l'aura bien mérité...
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Ces Petits Mouchoirs dissimulent ainsi les secrets des amis avant de sécher leurs larmes de rire et de chagrin. Comme celles des spectateurs qui seront touchés par une œuvre aussi sincère que délicatement ciselée.
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Les joies et les travers de l’amitié unissant une bande de trentenaires, traités sur un mode tragi-comique avec beaucoup de subtilité.
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Cet été-là, au Cap-Ferret, malgré l’amitié qui les unit, des vérités seront enfin dites et des comptes réglés; fini de se planquer derrière des petits mouchoirs…
Et c’est formidable, drôle, émouvant. Guillaume Canet confirme qu’il est un cinéaste qui compte. Son scénario (malgré un final un peu lacrymal) fonctionne, soutenu par des acteurs hauts en couleur, qui arrivent tous à exister. Inspiré par les films d’Yves Robert et des Copains d’abord de Kasdan, Canet a su trouver son style et s’offre quelques répliques d’anthologie comme l’irrésistible "J’aime tes mains", dit par Benoît Magimel à François Cluzet.
Vraie comédie avec ses éclats de rires et ses larmes, portés par un charme fou, mis en scène avec le savoir-faire d’un vieux loup de mer, ces Petits Mouchoirs nous font complètement craquer.
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Initié par Yves Robert et son Éléphant qui trompait énormément, le film chorale trouve, avec Guillaume Canet, un réalisateur digne d'être le chef de bande de comédiens qui, de Cluzet à Magimel en passant par Gilles Lellouche, nous régalent. Mais la surprise vient de Joël Dupuch, un acteur tout droit sorti de l'univers d'un Guédiguian. Il apporte une vraie touche d'authenticité à cette histoire qui vous fera rire et pleurer.
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On aime. Par définition, le « film de potes » est du genre sympa. Comme « les Copains d’abord » (1984) de Lawrence Kasdan ou « Mes meilleurs copains » (1988) de Jean-Marie Poiré, deux influences revendiquées par Canet, « les Petits Mouchoirs » réunit des personnages plus ou moins bobos et attachants dans une baraque sublime, pour des retrouvailles façon jeu de la vérité avec des vrais morceaux d’amitié dedans. L’occasion de scènes chaleureuses, complices, voire franchement poilantes : Cluzet en traqueur de fouines obsessionnel, Cotillard folle de colère lors d’une sortie en mer ou bien un permis bateau qui vire à la cata avec Laurent Lafitte, et on en oublie forcément. Ça sent le vécu, le plaisir partagé et communicatif. Bref, rien qu’on ait envie de bouder.
On n’aime pas. Pour faire court, contrairement à un film qui s’étale imprudemment sur plus de deux heures et demie, disons qu’on préfère Canet qui rit à Canet qui pleure. Et qu’il lui manque encore la subtilité et l’élégance d’un Jean-Loup Dabadie, sans parler de la cruauté et de la maîtrise d’un Claude Sautet. Bâti autour d’un drame dont on voit venir le dénouement de loin, « les Petits Mouchoirs » s’acharne trop à nous les faire sortir, les mouchoirs, en inondant l’écran de larmes et de musique. Au cas où on n’aurait pas compris quand il faut s’émouvoir? -
Après « Ne le dis à personne », Guillaume Canet recrute toute la génération des acteurs de 30-50 ans, avoue à peu près clairement ses intentions (se situer du côté d’un Claude Sautet revu et corrigé par le Yves Robert d’« Un éléphant… ») et se borne à esquisser ses personnages féminins (tous sacrifiés à l’exception de Marion Cotillard). « Les Petits Mouchoirs », long film œcuménique réalisé avec un certain soin, devraient opérer une OPA record sur le public grâce à ses ressorts parfois vraiment comiques. Ceux qui, en revanche, attendent un peu plus que des frictions d’adolescents attardés, l’exploitation d’un pathos pas possible et l’exaltation d’une morale étriquée dont Canet n’est sans doute même pas conscient (l’homosexualité, ça va pas, non ?) peuvent les préparer, leurs mouchoirs.
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Intrigue déjà connue, sans doute : un groupe de potes - vieux trentenaires, jeunes quadras - part en vacances au Cap-Ferret tandis que l'un des leurs gît sur un lit d'hôpital (et de douleur). Ont-ils le droit de s'amuser ou, au choix, de se pourrir la vie à coups de petites névroses quand l'autre est entre la vie et la mort ? On ne sait pas. Guillaume Canet si, qui donne in fine la réponse via un improbable ostréiculteur philosophe. Ont-ils le droit d'être aussi antipathiques, lourdement caricaturés, et désespérément incultes ? On sait que non. On a rarement vu, dans un film aussi long, des personnages évoluer si peu : dessinés à gros traits, ils ne bougent pas d'un iota, à l'image de François Cluzet répétant ad nauseam ses mimiques de psychorigide friqué. Ne faire qu'une fois une scène quand on peut la reproduire trois ou quatre fois, ce serait gâcher une idée...
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Tout l'échec de ce film se joue dans cette tension entre le naturel franchouillard de certains passages (...) et ce surmoi d'épate djeun's qui agit par flux et reflux, infirmé par une syntaxe très limitée qui se fantasme en style. Si Les Petits mouchoirs n'attend jamais le degré de nanar de Ne le dis à personne, c'est qu'au fond il s'assume dans la lignée d'un cinéma de papa contredisant ironiquement tout ce qu'on a voulu accoler à la marque Canet : la face "bon petit gars qui n'en veut" d'un cinéaste adoubé parce qu'il apparaît déjà terriblement vieillot.
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Avec le Kasdan en tête, Les Petits mouchoirs se présente naturellement lui aussi comme un portrait de trentenaires petits-bourgeois et narcissiques. Que Canet ne critique jamais vraiment, il les aime trop pour ça ; pire, ils lui ressemblent. Difficile par conséquent de trouver personnages moins passionnants. Les stades ou épreuves par lesquels ils passent laissent indifférent - puis qui peut bien s'intéresser au désarroi affectif de Gilles Lellouche ? Le film aimerait porter un regard tendre et acide sur l'amitié, la vie, l'amour ; il prétend même au réalisme et l'ambigüité par son souci d'exactitude dans les comportements ou les situations. Mais hélas pour lui, son analyse n'est qu'enfonçage de portes ouvertes et de pivots scénaristiques mal maquillés par une mise en scène insipide. Il en va ainsi du cinéma de Canet, s'ébouriffant lui-même de ses envies alors qu'il est sans recul, engoncé dans sa minuscule vision du monde sur laquelle personne ne trouve rien à redire. Cela pourrait avoir un charme, cette naïveté, ce quelque chose d'adolescent dans son enthousiasme. Pas là, jamais, surtout quand la soupe, payée très cher (plus de 20 millions d'euros), sert un remixe inavoué des Sous-doués en vacances.
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Comme énième représentant de ce genre (se réclamant à son tour du parrainage de Sautet, à quoi Canet rajoute ceux de Cassavetes et Jean-Marie Poiré - ce qui donne une idée de son éclectisme en matière de cinéma), Les Petits mouchoirs pose les mêmes problèmes. Même morale générale qui consiste à faire du groupe une instance purement répressive, lavant de son grand mouchoir les petits particularismes de chacun pour les ramener dans le giron impératif de sa norme (qui grosse modo est celle de la famille : d'une manière ou d'une autre, les queutards, les fêtards, les célibataires de tout poil finissent tous punis, dressés). Même partouze de grands acteurs populaires ramenés à l'expression la plus caricaturale de ce qu'ils ont déjà fait ailleurs (Cluzet en quinqua au bord de la crise de nerf, Lellouche en gros beauf qui cache un cœur gros comme ça, etc). Seulement l'arrogance avec laquelle le film clame son génie lui confère un statut un peu différent du pur Esposito-film. Surtout, il est dans l'ensemble ce qu'on a vu de plus beauf, de plus rance surtout, depuis longtemps.
Qu'on en juge avec un seul exemple - il y a beaucoup d'autres, celui-ci est juste le plus voyant. Sous le petit mouchoir du personnage de Magimel, il y a un secret honteux : il est pédé. Enfin, pas vraiment pédé, c'est un bon papa, mais voilà, quand il touche la main de Cluzet qui est son ami de 15 ans, ça lui fait tout drôle. Cela donne lieu à une séquence d'aveu accouchant d'un gag qu'il faut se coltiner pendant à peu près tout le film : Cluzet se fâche tout rouge, sur le mode « il est pas né çui qui va m'enculer ». Puis plus loin, Cluzet n'en peut plus, alors il balance, devant le fils de Magimel qui, du coup, demande ce qu'est un pédé. Et Magimel lui fait la leçon suivante (on cite de tête, la réplique est marquante) : « Pédé, c'est un gros mot pour dire homosexuel, et un homosexuel, c'est un homme qui aime les hommes, mais c'est pas grave, il faut respecter ça, parce que ça reste de l'amour quand même ». Il faut entendre cette réplique pour prendre toute la mesure de ce qui est vendu ici au « grand public » à qui le film destine le commerce de sa sincérité. Sortez les mouchoirs, ils seront utiles : sur les écrans français, cette semaine, il y a une grosse tâche.