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La crudité - presque la brutalité - d'Anne Le Ny rappelle les films d'Anne Fontaine ou d'Arnaud Desplechin. Les invités de mon père est une oeuvre d'autant moins aimable et lisible que l'intimité du couple Lucien-Tatiana reste hors champ et donc ouverte à toutes les spéculations.Un mot sur les acteurs : ils sont exceptionnels, Luchini en tête, qui a hérité du meilleur rôle, celui du fils indigne et égoïste renouant le dialogue avec les siens.
Toutes les critiques de Les Invites De Mon Pere
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Anne Le Ny observe ce monde avec ironie mordante. Les relations entre frères et soeurs figurent au coeur de son récit, de même que la manière dont l'humain se construit, en opposition à ses parents ou en suivant leur modèle.Dans sa peinture psychosociologique et ses dialogues ciselés, la tragicomédie atteint le niveau des meilleurs Bacri-Jaoui.
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Que la comédie de moeurs se double d'une problématique sociale n'est pas l'unique qualité de ce film écrit avec beaucoup de finesse. Karin Viard et Fabrice Luchini rivalisent de fantaisie au moment de jouer l'effarement de deux enfants qui voient leur père tomber de son piédestal. Un sentiment tout simplement universel...
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Tensions et questions existentielles dans une famille au bord de la crise de nerfs, mais ponctuées de rires et de situations cocasses avec ces « étranges étrangers » qui, en ce début de printemps 2010, bousculent un peu brutalement de confortables certitudes. Karine Viard et Fabrice Luchini en frère et sœur faisant front face à ce père qui veut vivre l’hiver de sa vie comme il le souhaite (magnifique Michel Aumont) sont irrésistibles de drôlerie. Avec de savoureux dialogues qui mettent parfois la gauche bobo des beaux quartiers face à ses contradictions et ses responsabilités, ce film est une malicieuse mouche du coche qui déboule dans un jeu de quilles tout en nous faisant rire, mais d’un rire grinçant. Une comédie plus que réussie qui invite à réfléchir sur un important sujet de société.
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La jolie complicité entre Fabrice Lucchini et Karin Viard en frère et soeur nous donne à partager quelques joyeux et nostalgiques moments de cette vie de famille. Enfin, à travers l'intrigue relative à Tatiana, se pose la question de nos choix, qu'ils soient guidés par la raison ou les bonnes intentions.
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Anne Le Ny gagne ici son pari. Le convaincant duo fraternel Fabrice Luchini-Karin Viard y contribue grandement.
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(...) le petit théâtre d’Anne Le Ny, sur le papier et dans ses meilleurs moments, s’inscrit dans une tradition très française, qui remonte à Molière. Mais quelque chose manque (qu’on trouve par exemple chez Christophe Honoré) : la capacité à passer de l’anecdote, de la satire sociale et de la critique psychologique à quelque chose de plus métaphysique, de plus inquiétant, qu’on pourrait résumer sous l’appellation large de “mal”. De ce point de vue-là, Les Invités de mon père succède sans nouveauté et sans saut qualitatif au premier film de Le Ny, Ceux qui restent.
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D’abord férocement drôle, puis drôlement touchante, cette comédie dramatique témoigne d’une fine connaissance de la nature humaine. Armés des meilleures intentions, les personnages se débattent avec leurs contradictions, tous servis par des acteurs parfaits et des dialogues savoureux. Un exemple, à lire avec le sourire de Luchini en tête : « Je t’ai dit qu’il fallait se lâcher, mais c’était pour une portion de blinis, pas un inceste avec des échangistes ! »
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Quel que soit le point de vue que l'on ait sur la réalité, il y a quelque chose de jubilatoire à voir les mécanismes habituels de la fiction forcés d'aller à rebours.
Mais ce plaisir est fugace et, puisque la question du choix moral est posée, il faut bien y répondre. Pour donner un avis sur le propos d'Anne Le Ny, il faudrait raconter tout le reste du film. On se permettra juste de révéler que le scénario et la mise en scène maltraitent le couple délictueux que forment le docteur et Tatiana. Les péripéties qui jalonnent leur union relèvent de petites contingences scénaristiques (que faire de tel personnage ? comment dénouer telle intrigue secondaire ?) et d'une certaine lâcheté quant au problème soulevé.
On avait bien compris que la situation des immigrés clandestins était évoquée à des fins comiques. Ce n'est pas une raison pour s'en débarrasser avec autant de désinvolture. Plutôt que d'en tirer une conclusion vigoureuse (Molière arrivait à le faire au sujet des dévots sous Louis XIV), Les Invités de mon père se dissolvent dans une indécision distante.
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Juste, tenu de bout en bout, le film enchaîne les situations désopilantes, avant d'adopter un registre nettement féroce. Ou étonnamment tendre. On aime tout particulièrement la virée du frère et de la soeur, soudains complices et légers, Babette se comportant en ado et traitant son frère de « petite bite ». Les Invités de mon père, tout comme Ceux qui restent, le premier film d'Anne Le Ny, se distingue par l'excellence de son interprétation. Personne ici ne tire la couverture à lui, pas même Fabrice Luchini, formidable en fils faussement détaché. Michel Aumont, lui, est royal en vieil amoureux transi.
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La force de ce film est justement de n'être jamais dans le jugement. Malgré quelques longueurs, on en sort ravie, presque soulagé. De quoi ? D'avoir ri d'un sujet grave.
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Paré de belles teintes de la comédie comme un sniper d'une tenue de camouflage, ce film, aussi drôle qu'un incisif, fait feu sur les liens familiaux. Cette brillante comédie, coécrite par Anne Le Ny et Luc Beraud, étant, de loin, la plus drôle du moment, arrangez-vous vraiment pour faire partie des "invités de mon père"...
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Anne Le Ny ("Ceux qui restent") met cette fois son regard aigu et sa sensibilité au service d’une comédie mordante et acide qui montre sous tous les points de vue possibles une situation scabreuse, mais répandue, en poussant jusqu’au bout la maxime de Renoir : "Les actes de chacun ont d’excellentes raisons."
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Il faut voir comment le personnage de Luchini, avocat consommateur de bling-bling, s'impose comme le grand vainqueur idéologique du film (pas une concession jusqu'au générique), reprenant un slogan de réal-politik repris en boucle par l'UMP (« La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde »). C'est sans doute là que se niche la réelle subversion des Invités de mon père, auscultation sous-marine d'une bourgeoisie qui préfère se lover dans le scrupule plutôt que de renoncer à ses privilèges. Cette volonté de tomber les masques ne manque pas de panache. Hélas, trop sensible aux tourments de ses chers enfants gâtés (le duo de stars, archi sympa), Anne Le Ny semble comme prise au piège, conquise à chaque plan, à la manière de ces agents doubles qui finissent par rouler pour le camp qu'ils étaient censés espionner.