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L’art de taire chez Farhadi... Depuis À propos d’Elly et Une séparation, ses deux précédents longs métrages, on sait que le plus international des cinéastes iraniens n’a pas son pareil pour bâtir des drames intimes à la fois kafkaïens et à suspense semés de bombes à fragmentation multiple. Avec Le Passé, son premier film tourné en France, il va encore
plus loin, les secrets implosant les uns dans les autres façon poupées russes jusqu’au plan-séquence final, véritable arme de destruction massive qui va vous mettre à genoux. Dans le cinéma de Farhadi, tout est pensé et soupesé, même le pansement mis sur le doigt de Fouad par Ahmad au tout début du film, puis retiré à la fin par Samir, manière délicate de signifier le passage de relais entre les deux hommes. La redoutable mécanique scénaristique, y compris le choix très intelligent des ellipses, se double d’une mise en scène implacable. Plus le passé remonte, plus les personnages reviennent physiquement sur leurs pas. Farhadi invente une chorégraphie du regret qui questionne à tout moment le spectateur : Quand est-il « trop tard » ? À partir de quand ne peut-on plus faire machine arrière ? Tous les acteurs (Ali Mosaffa et la douceur rassérénante de sa voix agissent comme un anxiolytique), enfants inclus, conjuguent à la perfection ce Passé pas simple qui va petit à petit se décomposer, avant de se recomposer, peut-être, sous nos yeux.
Toutes les critiques de Le passé
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le premier film français du réalisateur iranien oscarisé et césarisé d'Une séparation. Une mise en scène brillante au service d'un récit bouleversant. Un sommet de polar amoureux.
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Un suspense psychologique haletant au coeur duquel les émotions, intenses, se télescopent, rebondissent. Malheur à celui qui ne saurait les rattraper au vol ! Du grand art qui a logiquement sa place dans la sélection officielle à Cannes.
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Une collision entre le passé et le présent dessinée ici avec tout le talent du réalisateur iranien. Naviguant entre ce qui a été et ce qui n’est plus, les amours naissantes et celles déchues, les tensions entre les parents et les enfants, Asghar Farhadi sait faire monter la tension de façon incroyable, et provoquer en nous des émotions profondes.
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Farhadi signe ici un film magnifique sur le pardon.
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Une introspection des problématiques liées aux familles recomposées d’une puissance et d’une finesse émotionnelle rare.
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La « méthode » Farhadi n’a pas changé avec son « importation » en France. Le scénario est d’une construction infaillible, ménageant les révélations et les coups de théâtre dans un environnement quotidien. Cette méthode produit, avec Le Passé, un résultat plus que convaincant : magistral.
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Un film moins social, moins politique, mais qui renouvelle le triangle amoureux sur le mode de la dispute. Le résultat est fascinant. Farhadi nous plonge dans un bain tourbillonnant dont on sort sonné, mais enrichi du sentiment de la vie.
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le film impressionne, remue, brille jusqu'à son plan final, d'une beauté, d'une délicatesse et d'une intensité inouïes.
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Asghar Farhadi s’est aventuré sur les terres françaises avec son nouveau film Le Passé, mais n’en n’a pas oublié pour autant les qualités qui font son cinéma. Il livre encore ici un travail fragile sur la force des sentiments et sur les conséquences qu’ils peuvent avoir. Bouleversant.
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Une fois encore, chapeau bas à Asghar Farhadi (Une séparation), qui signe là son premier film tourné en France. Sa mise en scène distille avec précision les secrets de ce drame intime. Et ses acteurs, dont Bérénice Bejo comme on ne la encore jamais vue, sont renversants.
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Lentement, la tension psychologique monte, certains des premiers rôles s’effacent au profit de personnages jusqu’alors secondaires, et là encore la direction d’acteur fait des merveilles. Inutile d’en dévoiler plus ici sur un scénario ouvert, laissant au spectateur le soin de conclure lui-même – après un long plan-séquence – cette histoire (sa part d’intime ?). Insistons plutôt sur le talent et la sensibilité d’un grand réalisateur, capable de mettre les spectateurs, français ou non, face à leurs fausses représentations (un pavillon à Sevran, oui c’est possible), notamment en confrontant un touriste étranger iranien (Ahmad), une immigrée travaillant au noir (Naïma) et son patron enfant d’immigrés (Samir). Et Farhadi de montrer comment chacun, lesté de ses expériences et de son passé, s’arrange avec la réalité.
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À l’efficacité de la mise en scène s’ajoute un scénario à la mécanique redoutable. Loin de l’Iran, qui lui offrait un contexte politique particulièrement fort, le cinéaste réussit une saisissante chronique. Seul bémol, Tahar Rahim, en père de famille, a ici le défaut de sa jeunesse face à l’imposant Ali Mosaffa et à Bérénice Bejo, à fleur de peau. Mais Farhadi est un orfèvre.
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Sorti de son contexte social, le premier film français d'Asghar Farhadi est nettement moins puissant qu'"Une Séparation". Mais le cinéaste iranien reste toujours habile dans l'analyse psychologique et la complexité des sentiments. Face à un Tahar Rahim peu convaincant et au jeu subtil d'Ali Mosaffa, Bérénice Bejo, partagée entre ces deux hommes, entre le passé et le présent, trouve là un de ses plus beaux rôles.
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Commencé piano piano, Le Passé monte progressivement en charge et en densité, tenaillant de plus en plus le spectateur, jusqu’à une issue très ouverte et indécidable
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Le propos du film est d'en démontrer le poids écrasant, de mettre en scène l'immense difficulté qu'il y a à l'expulser du présent pour aller de l'avant. Cette vérité est aussi un truisme et la fluidité de la mise en scène ne parvient pas à porter le film au-delà de la répétition de cet article de foi. Reste, sur l'autre plateau de la balance, le regard d'un grand artiste sur un pays dont il découvre la vie quotidienne, qu'il filme avec une curiosité impitoyable.
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Dans ce cadre, la mise en scène accompagne avec un certain brio les situations, Asghar Farhadi demeure un cinéaste du hors-champ particulièrement habile, mais une forme de littéralité opère, particulièrement en jouant sur les trois façons d’être d’une porte : ouverte, entrebâillée ou fermée. Si la vérité est toujours autant diluée, le cinéma d’Asghar Farhadi semble vivre une situation analogue dans son dernier film.
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Peu de choses dépassent ici les strictes conventions narratives de son scénario. Ce qui relevait d’une fractalisation des points de vue s’aplatit ainsi en de petites règles de découpage sans grand effet. C’est comme si le cinéaste avait été contaminé par le poison français du secret, ce petit trou narratif et mental que Deleuze dénonçait comme « une triste masturbation narcissique et pieuse ». Le voilà donc à la tête du genre de drame psychologique qui inonde la production française en se donnant des airs de mystère. Mais on le sait : ces mystères ne sont rien d’autre qu’un peu de vent insufflé dans un ballon d’air. Du vide au carré qui vous fait gonfler la tête d’importance idiote.