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En 2016, Yvan Attal était vénère. En attestait Ils sont partout, sa comédie corrosive, parfois embarrassante, sur la résurgence de l’antisémitisme en France. En 2017, ça a l’air d’aller mieux. Pourtant, Le Brio commence mal, par la présentation d’un personnage odieux de prof de droit à Assas, réac et islamophobe, qui humilie en public une étudiante issue d’une cité. Devant les réactions unanimement outrées et la menace d’une exclusion, Pierre Mazard est forcé de prendre la farouche Neïla Salah sous son aile pour la préparer au concours d’éloquence annuel. Le film raconte l’apprivoisement de l’une par l’autre – et inversement – avec tout ce que cela comporte de colères définitives et de pardons joués d’avance.
Sur un fil
Convenu ? Bateau ? Oui, Le Brio flirte en permanence avec la ligne jaune du politiquement correct et de l’œcuménisme béat qui fait craindre un nouveau Primaire. Oui, mais il y a ces dialogues savoureux (brillants par moments) inspirés de la philo et de la rhétorique de prétoire. Ce traitement à bonne distance de personnages prisonniers de leur condition (lui, l’intellectuel cynique des beaux quartiers, elle, la banlieusarde coupable de s’élever socialement). Cette façon habile et amusante de contredire par l’image les sentiments qui agitent les protagonistes. Il y a enfin, et surtout, un duo d’acteurs formidable, le placide Daniel Auteuil et l’électrique Camélia Jordana, cette dernière confirmant de film en film une belle nature de cinéma.