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C'est à un petit théâtre de l'absurde que nous invite Frédéric Chignac pour son premier film. Le mot "théâtre" n'est d'ailleurs pas fortuit tant l'argument tient plus de la pièce que du cinéma. La mise en scène, un peu trop statique, en est l'illustration. Ce que raconte Chignac (...) s'avère en revanche beaucoup plus intéressant. Personne n'est épargné dans ce conte cruel aux dialogues justes et percutants.
Toutes les critiques de Le Temps De La Kermesse Est Termine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) parabole dure, sans complaisance, sur le drame sans cesse renouvelé que connaît le continent africain.
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Le film est une farce un peu statique, théâtrale (avec le village comme scène unique), qui frappe surtout par sa noirceur, sa manière très peu policée de retourner le fameux discours de Sarkozy à Dakar en 2007. “Jamais l’homme (africain) ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.” Méthode : l’image quotidienne, sisyphienne, de la voiture en panne d’Alex poussée par des villageois pour qu’elle redémarre. La couverture voyante mais terriblement efficace d’un catalogue complet des problèmes africains (bonne conscience, poids des militaires, corruption, tirailleurs à la pension famélique). On le referme en se sentant aussi impuissant que les pousseurs d’auto. Un bon signe.
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(...) l'intelligence du réalisateur est de planter devant ce Blanc un lieutenant noir bouffé par sa soif de revanche (Eriq Ebouaney, inquiétant et charismatique à souhait). Le face-à-face crée un malaise, soulève des questions, et provoque immanquablement le débat, comme au bon vieux temps de Y a bon les Blancs, de Marco Ferreri (1988). Une référence.
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Ambiguïté servant de motif au film, sans arrêt, pour faire émerger la structure, perverse, liant les blancs aux noirs (et inversement), mais sans choisir de camp. Et c'est sa force : Chignac est lucide, conscient de toute une histoire du colonialisme et du racisme, ce qu'il en reste, ses conséquences, mais aussi des dangers de certaines traditions propres aux populations locales. En tournant en rond dans ce village comme espace symbolique, il colle à l'inertie des consciences et des regards, d'un côté comme de l'autre, tout en trouvant dans ce récit en cercles concentriques une manière de se régénérer ; pour ne jamais s'enliser, optimiser la mise à plat de son sujet en créant aussi une expérience de la durée. Chignac appuie ainsi, ici et là, sur quelques inflexions afin de reformuler, sinon mieux verbaliser, l'étendue de son analyse. Et prend le temps de creuser les relations entre son personnage et les villageois : une jeune fille avec qui il noue une histoire ; l'intriguant banni revenu d'Europe ; le barman dont il écluse les bières ; le chef de la garnison militaire. Tous entretiennent la discursivité du récit, à la limite de l'excès, mais sans trop y sombrer, le film échappant au prétexte du seul outil critique ouvrant au débat. Au contraire, par son final, aussi prévisible qu'effroyable, il n'appelle qu'au silence. On ne refait pas l'Histoire et le temps de la kermesse est bien terminé.
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Frédéric Chignac, ancien journaliste -c'est son premier long métrage-, installe son histoire dans une zone trouble et désespérante, une zone de «panne», où le colonialisme puis son avatar moderne, l'exploitation économique, ont pourri les rapports jusqu'à la racine. Pas de bonne conscience ici, ni de mauvaise: juste une frappe chirurgicale, là où ça fait mal.
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A travers les relations tendues qui se tissent entre le naufragé du désert et les autochtones (tenancier de gargote, belle jeune fille candidate à l'émigration, enfants perdus, soldatesque bouffonne), Frédéric Chignac, qui fut longtemps documentariste et notamment en Afrique, veut dépeindre dans cette première fiction une relation empoisonnée par le passé colonial mais pas moins altérée par le scandale de la situation contemporaine. Le film ne se veut pas pour autant politiquement correct, et décrit sous un jour cru les failles des uns et des autres. Cette typologie, servie par un jeu théâtral et une profondeur psychologique relativement sommaire, peine à donner le sentiment de la vie.
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Le temps de la kermesse est terminé est un film plus dur moralement que ne le laisse supposer ses dehors de bonne humeur. Sur la base d’une histoire quasi-archétypique, le politiquement correct s’efface souvent au profit d’un pessimisme réel, qui semble résonner dans le vide ; si le cynisme du personnage est si dérangeant, c’est qu’il ne rencontre aucune résistance, devient par moments pure méchanceté. Le rôle permet de découvrir un Stéphane Guillon encore mal assuré à l’écran, mais prenant ses marques d’acteur au long cours, surtout face à Aïssa Maïga éloquente dans son mutisme. Autre bonne surprise, les personnages secondaires qui sillonnent la trajectoire d’Alex, soigneusement composés avec un regard bienveillant, qui se retient de juger hâtivement. C’est ce qui pointe ici peut-être le défaut majeur du film : le coeur gros et accablé par une peine immense, celle d’assigner à chacun le poids de ses responsabilités et de dresser la ligne de route pour que le continent puisse enfin achever sa traversée du désert, il est obligé de laisser en chemin des pistes possibles, plus nuancées, et qui auraient mérité un détour.
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Déjouant de justesses les codes manichéens, Le temps de la kermesse... parvient à trouver sa voie, certes parfois lambine, mais globalement convaincante.
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Sortant en même temps que White Material, cette terne kermesse frappe par son voisinage thématique avec le film de Claire Denis mais aussi par son exacte opposition stylistique : choisir le discours contre la sensation et l'explication contre le ressenti, c'est jouer prudemment le souci de vouloir être compris à tout prix, sans réellement faire confiance au pouvoir du cinéma.
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Frédéric Chignac dresse un bilan assez peu reluisant des rapports Nord/Sud. Sujet original et grinçant : car au colonialisme affiché d’Alex répond la dureté africaine, symbolisée par le personnage de Mamadou, envoyé en France où il a échoué à nourrir le village et auquel les enfants jettent désormais des pierres. Bref, tout le monde en prend pour son grade dans ce film cruel où chacun cherche à profiter des autres.
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Pour son premier long métrage, Frédéric Chignac souhaitait «dénoncer le déséquilibre Nord/Sud». Située dans un pays indéterminé, cette parabole tente de montrer la violence des échanges en milieu non tempéré et les contradictions des Blancs et des Noirs débarrassées du politiquement correct.
Le résultat, certes assez cruel, voire dérangeant, désarçonne toutefois par sa forme répétitive et théâtrale. Pas facile de filmer l'ennui sans ennuyer le spectateur... -
Une fois de plus, Stéphane Guillon joue l’affreux, sale et méchant, mais ne réussit pas à dépasser la simple caricature.