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Rien de tout cela n’était prémédité. Avec son complice Benoît Graffin, Pierre Salvadori avait au départ envisagé son nouveau film avec comme héros une bande d’adultes aussi maladroits qu’incompétents. Avant de réaliser que tout ceci bégayait avec ce qu’ils avaient pu faire et de reprendre tout à zéro en décidant que cette bande aurait… 12 ans de moyenne d’âge et s’embarquerait dans un projet bien secoué : faire sauter l’usine qui pollue leur village depuis des années. Jamais jusqu’ici ce pilier de la comédie d’auteur made in France ne s’était aventuré sur le terrain d’un cinéma destiné au jeune public. Mais on perçoit vite qu’il s’y sent comme un poisson dans l’eau. D’abord par sa manière de s’emparer de l’enfance, de ne pas la surplomber par un regard et des mots d’adultes qu’il placerait dans leurs bouches mais en embrassant et en prolongeant ce qui les constitue, à commencer par leur rapport instinctif à la défense de l’écologie. Ensuite en distillant dans ce récit l’une des thématiques centrales qui traverse son cinéma, de Cible émouvante à En liberté !, des Apprentis à …Comme elle respire : celle du mensonge. Parfait prolongement de son travail donc, La Petite bande n’a rien d’un film à l’eau de rose, la violence et la cruauté dont peuvent faire preuve les enfants composent ainsi un élément essentiel du récit, parfaitement contrebalancé par ce sens de l’absurde des situations qui rend les moments d’émotion jamais mièvres. Une parenthèse enchantée dans le parcours de Salvadori qui semble se régaler comme un gosse à diriger sa petite bande de jeunes comédiens débutants.