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On dit souvent d’un film qu’il se fait en réaction contre le précédent. En effet, on ne peut pas imaginer plus opposés que cette adaptation froide et méthodique de Simenon et le rabelaisien Tournée, qui avait enflammé la Croisette en 2010. Tourné en plans fixes très composés (l’introduction est sur ce point exemplaire), découpé narrativement comme un puzzle, rythmé par une voix off monocorde, La Chambre bleue – lointain parent de Garde à vue – est un exercice de style d’où l’émotion et la chair sont curieusement absentes. Un plan fugitif de sexe féminin ouvert, plus théorique (tentation/perdition) que sensuel (pénétration/voyeurisme), résume la démarche clinique et plastique d’Amalric, en plein trip bressonien. Les personnages sont à l’image de ce drame bourgeois qu’un entrefilet dans la presse locale pourrait résumer : des archétypes (la femme fatale, l’homme mystifié, l’épouse passive) auxquels les acteurs prêtent simplement leur enveloppe. L’acteur-réalisateur a un air hébété pendant tout le film, Stéphanie Cléau, l’amante, est souvent filmée partiellement, Léa Drucker n’a pas beaucoup de dialogues… Avec ce film dévitalisé, un peu crypté, qui a quelque chose de fascinant, presque de lynchien, Amalric prend le risque de désorienter à la fois le public de Tournée et les amateurs de Simenon, écrivain dont les récits sont on ne peut plus incarnés.
Toutes les critiques de La chambre bleue
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Mathieu Amalric sublime l’univers imaginés de Simenon par un récit maîtrisé de bout en bout.
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Une intrigue policière en tranches, dans des allers-retours savants entre passé et présent (...) Mathieu Amalric use sans surprise de son jeu halluciné. (...) Un exercice de style maîtrisé.
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Autopsie réussie. Mathieu Amalric dissèque les passions dangereuses. Pour la deuxième fois après Tournée, il se met en scène, ainsi que Léa Drucker – qui joue son épouse trompée – et Stéphanie Cléau (la compagne d’Amalric à la ville depuis dix ans). La réalisation d’une subtilité et d’une finesse inégalée, la photo – admirable – et les dialogues très fidèles au texte de Simenon rassurent les aficionados du dramaturge de Liège.
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Grâce à une parfaite maîtrise de la narration, à des cadrages savants et un sens de l’épure aiguisé, Mathieu Amalric signe un polar trouble qui rend un hommage sincère à l’œuvre de Georges Simenon. Enthousiasmant.
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Mathieu Amalric confirme son talent de metteur en scène, déploie avec beaucoup de finesse une écriture singulière, riche de discrètes références et très enthousiasmante.
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Un drame non dit, mais qui se dessine en filigrane au cours de cet interrogatoire mené à l’écriture par Georges Simenon, et derrière la caméra par Mathieu Amalric. Après Tournée, l’acteur que l’on connaît – et réalisateur qu’on aime de plus en plus découvrir – passe du burlesque au polar avec le même talent. Il dresse ici le portrait d’un couple vieillissant dévoré par la passion et d’un homme éperdu totalement perdu, dans une enquête à rebours envoûtante
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Ils ne sont pas nombreux, les cinéastes qui ont su non seulement réussir une adaptation littéraire, mais, mieux encore, retrouver la quintessence de l'œuvre adaptée, son parfum, sa musique, sa poésie. Subrepticement, au moyen de ce qu'on qualifierait volontiers de petit film, s'il n'était de grand talent, Mathieu Amalric vient d'entrer dans la catégorie de ces créateurs qui savent allier littérature et cinéma.
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Chaque plan compte dans cette mise à nu physique et émotionnelle, qui joue constamment sur l’opposition entre le chaud et le froid. Un film charnel, intriguant, saisissant.
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Un film intriguant signé et interprété avec maestria par Mathieu Amalric et présenté dans la sélection Un certain regard, à Cannes : pièces de puzzle, liens secrets, mots anodins ou menaçants. Tout est affaire de point de vue. Si l’homme est au centre, perdu, éperdu, ce sont les femmes qui émergent : doubles, triples, différentes dans leur façon d’aimer… Stéphanie Cléau et Léa Drucker sont bouleversantes.
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Les flash-back sont maîtrisés, les dialogues magnifiques (les premiers du festival à être aussi travaillés). On peut remercier Simenon et la justesse des acteurs qui font de cet exercice de style un film élégant, agréable et réussi.
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Récit d’une passion adultère entachée de mort, La Chambre bleue est un film d’intérieur au sens fort du terme : un véritable puzzle mental, hypnotique et nébuleux. Par touches impressionnistes, Mathieu Amalric signe là une brillante adaptation de Georges Simenon.
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Aux antipodes de Tournée, son précédent film, Mathieu Amalric propose une expérience aussi minimale que sensorielle témoignant de son inspiration et de son talent formels.
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À l’instar de Simenon, Amalric cultive l’ambiguïté. Il y a quelque chose de «L’Inconnu du Nord-Express» de l’habile Hitchcock, la menace qui plane,l e doute en suspens. Dans la peau des amants maudits, Mathieu Amalric et Stéphanie Cléau, vue dans «Bancs publics (Versailles rive droite)», le film de Bruno Podalydès, sont complémentaires. Léa Drucker et Laurent Poitrenaux complètent idéalement la distribution. Simenon serait satisfait.
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Amalric est ici un cinéaste impressionniste qui filme l'intimité sans se cacher. Sa mise en scène est visible, assumée, revendiquée. Simenon écrit les flammes intérieures de son personnage, Amalric brûle l'écran. La salle est en surchauffe. C'est l'enfer au paradis.
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Une fois qu’on l’a fréquentée de près, la Chambre bleue peut de nouveau être considérée à distance et perçue pour ce qu’elle est : une chambre secrète rendue publique, un film dont le geste vital ressemble à un auto-coup de pied aux fesses, dont l’objectif est le mouvement (ne jamais s’éterniser là où on nous attend) et dont la somme est une prise de risque comme on en voit trop rarement.
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Creusant avec douleur la question de la culpabilité et du désir, le film laisse le spectateur exsangue, comme sonné par la simplicité et la parcimonie judicieuse d’un film qui rappelle le meilleur de la série B américaine des 40’s
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Amalric signe une série B intrigante.
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Petit film de poche, ramassé en 1h15 montre en main et tourné avec le cadre compact du format 1.33, La Chambre bleue a donc tout d’un vestibule resserré par lequel Amalric a décidé de passer avant d’entrer dans l’un des monuments de la littérature française.
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Telle une peinture de Vallotton, où le corps des femmes s’échoue après l’amour, la tête à la renverse, l’inquiétude règne toujours dans la beauté picturale du cadre de cette chambre bleue. Jusqu’à la folie…
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Mathieu Amalric adapte Simenon et offre un film béant, sans réponse, qui se coltine les affres de l’amour et la douleur des hommes.