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Dans Irréprochable, Sébastien Marnier maniait déjà la tension et l’angoisse. Avec son deuxième film, L’Heure de la sortie, il prouve qu’il peut aussi basculer dans le fantastique. Dès la scène d’ouverture, il prend le spectateur de court : un prof surveille sa classe tranquillement, puis se jette par la fenêtre. Pourquoi ? Quel est ce collège ? Qui sont vraiment ces élèves ? Le cinéaste nous entraîne alors dans les pas de leur nouveau professeur (Laurent Lafitte), sur les traces de ces ados aux comportements extrêmes. On les voit se défier, s’entraîner à résister à la douleur. Dans le regard de Lafitte, on sent immédiatement ces jeunes comme une menace. Les fausses pistes viennent bousculer nos préjugés et notre inconscient. Le film joue des non-dits, isolant son protagoniste dans un combat solitaire pour la vérité. L’Heure de la sortie est servi par les performances de ses acteurs (ados comme adultes) qui comptent énormément dans l’ambiance délétère, mais c’est la mise en scène précise et audacieuse de Sébastien Marnier qui retient notre attention. Choix des décors, utilisation des lumières, irruption d’éléments surnaturels, travail sur le son, tout confère au film une texture originale où l’angoisse monte confusément. De manière assez subtile, le réalisateur va alors intégrer une dimension onirique, surréaliste, qui nous fait imaginer le pire. Ainsi, le polar révèle peu à peu son vrai sujet et nous offre une puissante réflexion sur le monde actuel.