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Hafsia Herzi campe une Tunisienne qui, après la mort brutale de son mari, reprend goût à la vie en photographiant des hommes inconnus croisés dans la rue. Des clichés érotiques que l’encourage à prendre le père très protecteur de son défunt mari mais qui la mettent en danger dans une société tunisienne peu encline à tant de liberté. Ce film raconte donc les blocages culturels, sociaux et religieux de la Tunisie d’aujourd’hui. Mais il le fait avec une grande subtilité, jamais de manière binaire. D’abord en mettant en avant une femme forte consciente des risques encourus mais allant au bout de ses envies, porte-drapeau de toutes celles qui sur place se battent au quotidien pour faire changer les choses. Ensuite, en distillant en permanence de l’ambigüité dans les personnages qui l’entourent. Ambigüité amoureuse, sexuelle et morale, symbolisée par ce remarquable personnage de beau- père dont on va découvrir que l’amour qu’il porte à sa belle- fille n’est pas forcément uniquement platonique. Passionnant portrait de femme, L’amour des hommes est aussi un film d’une grande sensualité où Ben Attia dénude les corps masculins sans fausse pudeur ni placer à l’inverse le spectateur en position de voyeur. Avec les yeux piquants et perçants de son héroïne donc.