Première
par Christophe Narbonne
Ils sont vraiment forts ces Anglais. Depuis Daniel Craig, James Bond a clairement perdu de sa superbe et de sa suprême coolitude. Du coup, ils se permettent aujourd’hui de créer un nouveau héros supposé réinventer cette geste inaugurale que 007 a peu à peu abandonnée avec le temps. Logiquement, c’est le diablotin Matthew Vaughn qui s’attelle à cette mission impossible. Porte-flingue, avec Guy Ritchie, d’un nouveau cinéma britannique nourri de clips, de pub, de pop culture et de blockbusters, ce réalisateur a prouvé avec "Layer Cake", "Kick-Ass" ou "X-Men – Le Commencement" qu’il était incontestablement taillé pour relever les challenges. Son idée ? Faire respectueusement du neuf avec du vieux. Le choix de Colin Firth – incarnation on ne peut plus chic du fl egme british – dans le rôle du mentor imperturbable aussi à l’aise avec les usages qu’avec le maniement d’un parapluie meurtrier en est l’illustration la plus évidente. On peut également citer le personnage du méchant que Samuel L. Jackson, affublé d’un zozotement ridicule, pousse vers le grotesque. Le film entier est innervé par des références fun et par une volonté de postmodernisme consistant à obtenir la recette définitive de l’élégance et de la désinvolture, en mélangeant le film d’espionnage de papa, la comédie délirante et le film d’action de haute voltige. On peut affirmer, sans crainte d’être démenti par les puristes, que la mission est ici parfaitement remplie.