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Objet postmoderne qui braconne autant sur les terres du Locataire de Polanski que sur celles du Wicker Man de Robin Hardy, Kill List inscrit illico son auteur, Ben Wheatley, sur la liste des jeunes cinéastes rock-stars nourris à la contre-culture et aux déchargesde violence brute. De quoi être méfiant, oui, mais pour une fois, on vous le jure, le buzz dit vrai. Elliptique et sibyllin, le fi lm met un certain temps à dévoiler sa nature et ses ambitions, avant d’aspirer le spectateur dans une spirale mentale stupéfiante de pessimisme. L’idée qui gouverne Kill List, c’est que la mécanique du récit (à tiroirs) vaut finalement moins que la toute-puissance de l’atmosphère, élevée ici au rang de credo absolu. D’où un climat de
peur panique qui ne faiblit jamais, malgré les trous d’air narratifs et les points d’interrogation laissés en suspens. Un pur fi lm de mise en scène, donc, qui carbure aux morceaux de bravoure et à la virtuosité éloquente. Dans la torpeur de l’été, vous n’en ressortirez pas indemne.
Toutes les critiques de Kill List
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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De Ben Wheatley, nouveau roitelet du cinéma de genre adoubé en un éclair par l’internationale des geeks, on pouvait craindre un objet de petit malin, complaisant et toc. Il y a vaguement de cela dans « Kill List » (un sous-texte social assez lourdingue en ouverture), mais l’incroyable maîtrise du cinéaste l’emporte très largement sur les quelques scories qui parsèment ce trip glauque et ricanant, perclus d’images sidérantes et de gerbes de violence. Pas de doute, ce type possède un talent fou.
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Le coup du petit malin n’est pas loin, mais en l’état, Kill List se révèle une œuvre entêtante et complexe, bordélique et angoissante.
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Dérangeant et subtil, provocateur et ludique : le film idéal pour cet été.
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[Le réalisateur] alterne des moments de pure drôlerie, à travers les pérégrinations parfois cocasses de ce tandem d'assassins sympathiques et fauchés, avec des pics d'une intensité et d'une violence inouïes. Son seul mot d'ordre : le réalisme.
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par Nathalie Dassa
Ben Wheatley marque son retour et convoque ici le thriller, le polar, l'horreur et le drame familial dans son second long métrage, savant cocktail à la mise en scène audacieuse et maîtrisée. (...) On salue la force et la performance mais on en ressort totalement achevé.
"Kill List" s'avère d'une densité et d'une étrangeté qui l'empêchent de se limiter à un simple concept. (...) Ben Wheatley tricote un objet filmique aussi référencé qu'inédit, et surtout d'une extrême cohérence.
"Kill List" organise une collusion furieuse entre le familier et l'irréel, il saisit l'effrayant vertige d'un homme confronté à des forces occultes, et Ben Wheatley y convoque avec talent un imaginaire déserté du cinéma de genre britannique.
La surprise est permanente dans ce thriller terrifiant – et hyperviolent –, dopé par une mise en scène inventive. Attention, ça secoue…
C'est dans une habile capacité à égarer son spectateur que se situe la singularité de "Kill List". Ce film parvient, insidieusement, à faire douter de la réalité des faits qu'il est censé représenter. (...) C'est dans cette indécision que se situent les grandes qualités de "Kill List".
Si la dernière séquence de "Kill List", maladroite et furieuse, traduit bien le cinéma hargneux, anticonformiste et, pour tout dire, punk, de Wheatley, d'autres sont plus ambiguës.
En dépit d'une conclusion à la symbolique un brin fumeuse, le cinéphile en quête de sensations fortes aurait vraiment tort de ne pas inscrire son nom sur la liste de Wheatley.
A cheval entre plusieurs genres, Kill list bénéficie d’une ambiance étrange et d’une réalisation correcte, mais le rythme languissant et les hésitations narratives l’empêchent de se hisser au niveau des œuvres dont il s’inspire.
Un nouveau contrat, une remise en question, la présence d'une secte et le scénario perd pied. Dès que l'occulte intervient, arrivant comme un cheveu sur la soupe, le film s'enlise dans un simili-Blair Witch. Pourquoi ce revirement? Ben Wheatley ne semble pas savoir comment finir son film, s'embourbant dans un dénouement qui réduit le long métrage à néant.
De fait, Kill List s’apparente terriblement au sur-gonflage d’un de ces affreux courts métrages « à chute », basés sur une formule (ici : tueurs à gages + sorcellerie) et une conclusion-choc qui, trop souvent, n’a pour enjeu que son effet de surprise et s’avère donc dérisoire