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Le film qui a révélé Eric Khoo en France avait pour titre Be with Me. Celui-ci pourrait s’appeler Come with Me (« jouis avec moi »). Sous le concept poétique (Singapour racontée par les occupants d’un hôtel), c’est une nouvelle étude de la solitude. Mais cette fois-ci, sous l’angle du désir érotique. Adepte des ruptures de ton, Khoo zappe d’un style et d’une tonalité à l’autre : mélo, soap, pastiche pop, fugaces visions SF... Tout le monde (gays, hétéros, putes, trans, puceaux) est convié à cette fête un peu triste, qui veut sonder la fatigue existentielle suivant l’orgasme. Tous les sketchs ne se valent pas, mais dans ses meilleurs moments (ses scènes de cul), Hôtel Singapura atteint l’extase. Un très bon Khoo.
Frédéric Foubert
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Retracer près d'un siècle d'histoire de Singapour, futur inclus, en moins de deux heures... Le pari d'Eric Khoo est d'autant plus audacieux que son nouveau film se déroule intégralement dans le huis clos d'une chambre d'hôtel.
De la Seconde Guerre mondiale jusqu'en 2030, du temps de la splendeur du palace jusqu'à son délabrement, le réalisateur de Be with me (2005) évoque les soubresauts politiques et, surtout, les évolutions sociétales de son pays à travers la vie sentimentale des clients de la suite no 27 : un homme d'affaires anglais dit adieu à son compagnon chinois à la veille de l'occupation japonaise, un transsexuel thaïlandais attend l'opération qui le fera devenir femme, une jeune touriste coréenne collectionne les conquêtes pendant que son compagnon de voyage n'ose lui avouer ses sentiments... A chaque époque son décor, sa lumière et son style, du noir et blanc aux couleurs kitsch les plus outrancières.
Il y a des segments formidables et d'autres plus brouillons dans cette succession de sketchs. Mais aussi, au-delà du mélange des genres, une belle harmonie, entre transgression et tendresse. Dans Hôtel Singapura, le sexe est toujours fiévreux, rarement heureux — à l'exception d'une séquence de comédie musicale amusante, mais trop artificielle. Si les actrices et leurs partenaires sont d'une sensualité à se damner, c'est la mélancolie des occasions ratées et des passions enfuies qui domine dans ce film délicat. L'empathie d'Eric Khoo pour ses personnages s'incarne, jolie trouvaille, dans un fantôme : l'âme errante, mais apaisée, d'un chanteur pop des sixties mort par overdose dans les couloirs de l'hôtel, devenu l'ange gardien de la suite no 27 et de ses occupants en mal d'amour. — Samuel Douhaire
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S’il ne satisfait pas à toutes ses ambitions, Hôtel Singapura passe de l’une à l’autre avec un tel allant, un tel enthousiasme que ces manquements n’apparaîtront qu’a posteriori, contrepoint distant de la cavalcade historique et érotique qui vient d’emporter le spectateur.
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Un film à sketchs, ni sensuel, ni bouleversant.