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Pierre Salvadori possède le don inouï de faire rire avec des choses moyennement drôles. Ici, il oppose le pouvoir du fric à celui des sens, frotte les rapports mercantiles aux jeux de la séduction, et signe une comédie placée sous le signe de la confusion. (…) Mais, fidèle à lui-même, le cinéaste privilégie l’élégance et l’esprit. Pas de tyrolienne passionnelle, un sens aigu de l’ellipse, un léger piétinement scénaristique, mais aucun mot de trop. À ce palmarès, il convient d’ajouter une distribution plus qu’adéquate: Audrey Tautou, prompte à se piquer la ruche ou à donner une leçon de séduction (comédie?) à Jean, est absolument parfaite. Et Gad Elmaleh, burlesque, émouvant, tenu, trouve enfin le rôle qu’il était en droit d’attendre.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
« Hors de prix » est une comédie sentimentale convenue, une bluette tout juste divertissante sauvée par le charme d’Audrey Tautou qui parvient à rendre touchant son personnage de prostituée de luxe à la spiritualité et au champ de conscience ne dépassant par la surface d’une carte platinium.
- Fluctuat
Clairement inspiré par la «Lubitsch Touch », Pierre Salvadori élabore un film d'une rare intelligence qui consacre son art de l'écriture cinématographique. Plus réflexive que spontanée, cette comédie romantique enlevée, très sombre dans le fond, s'interroge sur la valeur de nos désirs et le prix de la liberté. Du travail d'orfèvre.- vos impressions ? discutez du film Hors de prix sur le forum cinémaIrène (Audrey Tautou) pense que Jean (Gad Elmaleh), serveur timide d'un hôtel luxueux, est un richissime homme d'affaires, donc une proie potentielle. Aventurière à la recherche de la belle vie et d'un mariage sécurisant, elle déchante vite et l'oublie aussi sec. Mais Jean est amoureux...Lubitsch touch A une exception près (Les marchands de sable, commande d'Arte), Pierre Salvadori ne fait que des comédies. Celle-ci, remarquablement servie par le scénario (co-écrit avec Benoît Grafin), la réalisation, et le montage de son auteur, est sans doute la plus aboutie. Tout s'y agence remarquablement, sans que rien ne dépasse , ni ne manque. En cela, il se rapproche des canons du maître fréquemment cité en référence : [people rec="0"]Ernst Lubitsch[/people].En effet, comme son illustre prédécesseur, il parvient, grâce à l'écriture ciselée de scènes calibrées au millimètre, à faire avancer le récit par glissements successifs, avec le souci constant de surprendre et de faire rire. Par de subtils clins d'oeils, il instaure une complicité avec le spectateur, mis en position d'interpréter des signes qui échappent aux protagonistes. Ainsi, les variations autour d'une phrase-clé ( «j'aimerais, je voudrais...») ou bien la circulation d'une pièce de monnaie sont autant d'éléments à décrypter. Ils balisent le récit, contribuent à lier les personnages, définissent leur état d'esprit et résument assez bien l'idée générale du film concernant les rapports de pouvoir et d'argent qui attachent les individus. Rendu omniscient, le spectateur n'en reste pas moins le jouet d'un auteur, seul maître à bord, qui manie l'ellipse avec virtuosité et s'amuse des attentes suscitées.Fausse innocence Fruit d'une belle mécanique de précision, le rire y est, en conséquence, plus réfléchi que spontané. Et grâce au couple «impossible», Elmaleh / Tautou, qui fonctionne à merveille et contamine le film de son charme faussement innocent, cela n'altère pas notre plaisir.Sincère et maladroit, Jean communique avec son corps. Sa gestuelle évoque les meilleurs représentants du muet ([people rec="0"]Buster Keaton[/people]). Raides et mécaniques, ses mouvements, comme mus par une énergie pavlovienne, soulignent sa dépendance au regard et à la volonté du «dominant». Son habitude d'obéir («à force de dire oui, je n'ose plus dire non», explique-t-il) stigmatise sa place sociale. Toujours au service des autres, sa relative autonomie, durement gagnée, se traduit par l'acquisition d'une fluidité en adéquation avec son nouveau rôle.Cette assurance des nantis, Audrey Tautou, feint de la posséder totalement. Maîtresse d'elle-même et des autres, sa prestation insuffle une belle énergie au récit et met en évidence ses qualités de comédienne : passant avec une facilité déconcertante d'une gamme à l'autre des sentiments, son cynisme fait mouche et élargit sa palette d'une manière assez inattendue.Prostitution des âmes Fluide, rythmée, souriante, cette ballade dans les hôtels de grand luxe dissimule pourtant sa part d'ombre. En effet, sous le vernis de la comédie, le noyau dur sur lequel s'articule le scénario est bien moins poli, voire franchement abrupt. La classe dominante, agréable tant qu'elle n'est pas contredite, y retombe toujours sur ses pieds. Et si elle consent à passer pour le dindon de la farce, c'est qu'elle estime que le jeu en vaut la chandelle et qu'elle a la certitude de conserver le vrai pouvoir : celui du chéquier. A l'opposé, quand le réceptionniste prend l'empreinte de la carte bleue de Jean, c'est le bruit d'une guillotine qui fend l'air...L'argent implique donc une extrême violence dans les rapports humains et s'oppose frontalement à la légèreté apparente de l'histoire. Entre le matérialisme absurde d'une jeune fille aux rêves préfabriqués, l'inadaptation des gentils, ou la nécessité de jouer le jeu au risque de perdre son âme, la vision du monde exprimée par Pierre Salvadori est très sombre. Et même lorsque surgit l'éclaircie, c'est d'un sentiment négatif, la jalousie, qu'elle provient...«Je dis, argent, trop cher, trop grand La vie n'a pas de prix» [people rec="0"]Téléphone[/people] Hors de prix Réalisé par Pierre Salvadori Avec Audrey Tautou, Gad Elmaleh, Marie-Christine Adam Sortie en France : 13 décembre 2006[Illustrations : © TFM Distribution]Sur Flu : - vos impressions ? discutez du film Hors de prix sur le forum cinéma