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Il y a quelque chose de musical et de chorégraphique dans la façon dont les corps se meuvent : autour d’une table de ping-pong, au squash ou dans un lit, ils ne sont que gestes et élans. (...) Parfois, les voix off des personnages sont redondantes (et pourquoi diable Franck est-il le seul à ne pas s’exprimer ainsi ?), quelques fausses pistes agacent, quelques afféteries de scénario (le pull noir, le carnet) aussi. Mais c’est peu au regard de la force avec laquelle les acteurs, tous exemplaires, se sont emparés de cette histoire. Et de la limpidité avec laquelle Antony Cordier observe des êtres vivant une utopie dans un monde qui en manque cruellement.
Toutes les critiques de Happy Few
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Si l'on accepte de le suivre jusqu'au bout, ce film adulte nous permet de faire le trottoir de nos peurs, de nos erreurs et de nos désirs aussi. Le quatuor d'acteurs se révèle être ce que bien des artistes sont supposés être : des éclaireurs.
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Ce film, léger en apparence - où l'adultère n'est plus de l'ordre de la tentation mais de la libération - démarre avec une certaine finesse. Ca s'emballe très vite et très fort.
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Echouant parfois à donner chair cinématographique à d'intéressantes idées théoriques, comme justement cette séquence de communion à distance des personnages par portables interposés, à l'esthétique publicitaire, ou encore celle, un peu surexplicative bien qu'excellemment jouée par Jean-François Stévenin, de la parabole sur le fils prodigue, Cordier réussit en revanche à jeter un véritable trouble identitaire, rien qu'en filmant les corps. L'usage raffiné qu'il fait du hors-champs dans les scènes d'amour, en particulier - on ne sait jamais qui de Zem, Duvauchelle, Foïs ou Bouchez va apparaître - donne à voir l'acte sexuel dans ce qu'il peut receler de plus beau, et de plus vertigineux aussi : l'abandon de soi. Car ensuite, puisque l'utopie prend fin dès que l'harmonie se brise, il s'agit de recoller les morceaux.
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Pour ce second long métrage sélectionné à Venise, le réalisateur a choisi de tenir le cap d'un cinéma accessible, presque classique dans sa forme, revendiquant les influences de Claude Sautet ou d'André Téchiné, mais hardi et convaincant dans sa façon d'aller droit dans le vif de son sujet, à savoir la transgression sexuelle au sein du couple. Quête légitime mais pas forcément aisée dans une époque plus morale qu'il n'y parait.
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Sexy et décomplexé. Dans Happy Few, deux couples unis s'éclatent en toute liberté en échangeant leurs partenaires au gré de leur fantaisie. Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Roschdy Zem et Elodie Bouchez s'amusent comme des fous dans ce film d'Antony Cordier.
Si on osait, on remercierait le réalisateur de Douches froides (2005) de nous faire vivre cette expérience revigorante par grand écran interposé! «Ce quatuor balaie les tabous de notre société de plus en plus puritaine. C'est ce qui m'a tout de suite accroché dans le projet », précise Marina Foïs. Cette ode à la joie d'aimer donne des ailes à nos désirs. Ouvrons les bras à ces Happy Few qui pourraient faire des émules tant leur bonheur fait plaisir à voir. -
Pas d'infidélité, mais une épreuve de liberté. Pas de mensonge, mais l'exigence d'un droit au plaisir trouvé ailleurs. Réunis, les quatre se prennent à rêver d'une communauté impossible, d'un discret phalanstère des passions. Tout cela, filmé fluide et serré, avec des acteurs consentants, semble miraculeusement couler de source, et durera le temps que vivent les roses. Les questions, les curiosités, les suspicions, reprennent bientôt leurs droits, en même temps que les enfants, mis entre parenthèses, rappellent tout le monde à l'ordre. (...)
C'est que toujours le réel, de connivence avec tous les pouvoirs, se venge. Comment échapper à son programme, se soustraire à ses faux-semblants, résister à ses discriminations, trouver le courage d'inventer collectivement une autre vie ? C'est la grande question politique, n'ayons pas peur des mots, que pose avec sensualité et lucidité ce très beau film, d'autant plus fortement qu'elle se détache d'une époque vitrifiée par la peur de l'autre et le retour aux valeurs d'ordre. -
C’est donc en faisant pleinement confiance au talent et à la générosité de ses acteurs que le cinéaste est parvenu à faire de Happy few un moment intense de cinéma. Ils sont tous formidables, avec une mention particulière pour Marina Foïs, toujours inattendue, drôle et juste à la fois, et Nicolas Duvauchelle, alliant décontraction et pointe de fragilité.
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Ses personnages et un scénario parfaitement tenus lui permettent de ne pas tomber dans un jugement moral hors de propos, tout en en disant beaucoup sur la vie de couple. Seul bémol, inhérent à ce quatuor envoûté par lui-même, tout cela finit par un tout petit peu trop se regarder le nombril.
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Les personnages n'ayant aucune épaisseur et zéro existence en dehors de leurs ébats, le film se cantonne à une succession de scènes de sexe, d'où une certaine impression de racolage. C'est dommage lorsqu'on dispose de comédiens si généreux.
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Que veut montrer Antony Cordier ? L'adultère mode d'emploi des quadras 2010 ? Leur nouvel ordre moral ? Ou leurs désillusions, genre Claude Sautet moderne ? Peu importe puisque tout cloche dans ce deuxième film du réalisateur remarqué de Douches froides. Les corps infidèles n'ont pas l'air d'exulter, même lorsque Marina Foïs découvre l'amour vache.
Tout devient carrément tarte, lors d'une scène où les deux couples font l'amour ensemble dans la farine (!). Pas l'amour à quatre, attention, chacun avec son partenaire extraconjugal et sans regarder à côté : bien « sagement », si l'on peut dire. Un adultère bourgeois, la fécule en plus... On s'en amuse, et, pourtant, il n'y a pas de quoi rire : tout cela est très sérieux, comme le démontre la fin de cette infidélité croisée. Tout se délite, lorsque l'un des couples infidèles découvre que l'autre lui a caché quelque chose. C'est vrai, c'est pas bien d'avoir des secrets pour son mari quand on le trompe ! En gros, Happy Few nous explique qu'il n'y a point de salut hors de l'adultère organisé. Une morale bien morne. Chez Sautet, le désenchantement amoureux avait plus de gueule, et la chair était moins triste.